Des chirurgiens français traitent par laser des tumeurs au cerveau
Dirigée par Alexandre Carpentier (groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière), une équipe parisienne de neurochirurgiens, radiologues et anesthésistes a révélé, vendredi 29 août, dans la revue Neurosurgery, une première mondiale : la destruction de tumeurs métastatiques cérébrales chez des patients restés conscients. Ils ont eu recours à un laser associé à une imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM). Au total 15 malades ont participé à cet essai clinique mené sous l'égide de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
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Les spécialistes de l'équipe du professeur Carpentier (Pitié-Salpêtrière, Groupe hospitalier Paris Est) ont réussi une première mondiale : détruire des tumeurs métastatiques au cerveau au laser, sans ouvrir la boîte crânienne. Malgré ces avancées, il leur manque 2 M€…
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« Les patients souffraient de métastases cérébrales apparues après différents types de cancers, du sein et du poumon notamment, qui étaient devenues résistantes à toutes les formes de traitement, précise M.Carpentier. Leur espérance de vie n'excédait pas, de ce fait, une période d'environ trois mois. Avec le recul nous disposons aujourd'hui de résultats concluants, dans six cas de traitements complets des métastases, à une survie sans récidive d'une durée minimale de neuf mois. »
Concrètement, l'équipe chirurgicale commence par localiser très précisément, grâce à l'IRM, la tumeur à détruire. Elle pratique ensuite, sous anesthésie locale, un orifice d'un diamètre de 3 mm dans la boîte crânienne, par lequel elle introduit une fibre optique équipée, à son extrémité, d'un laser conduit au sein de la tumeur. Après contrôle du bon positionnement, une simulation thérapeutique est effectuée par ordinateur. Le laser est alors activé, ce qui échauffe le tissu tumoral et le nécrose. Pendant le traitement, le patient, allongé dans l'appareil IRM, demeure conscient et ne ressent rien.
Le traitement thermique qui dure entre une et deux minutes est effectué sous le contrôle de séquences d'imagerie IRM fournies en temps réel. Ces données permettent d'indiquer avec précision la température délivrée au sein des tissus pathologiques et sains. Le système informatisé module l'énergie délivrée par le laser en fonction des données calorimétriques. Une fois que la destruction de la tumeur a été confirmée, la fibre optique est retirée et le malade peut quitter l'hôpital le soir même.
Les 15 patients ayant participé à cette première phase de l'essai clinique ont été pris en charge entre décembre 2006 et février 2008. Il s'agissait d'évaluer l'innocuité et l'efficacité de ce traitement. Après analyse des résultats obtenus sur les six premiers malades, un comité d'experts indépendants a, en mars 2007, autorisé la poursuite de cet essai en élargissant les indications. L'équipe a ainsi pu traiter des personnes souffrant de plusieurs métastases intracérébrales ainsi que de métastases plus volumineuses, pouvant aller jusqu'à 3cm
« Fonds institutionnels insuffisants »
Au total, sur les 15 traitements, neuf ont été partiels et six totaux. Dans ce dernier cas, cinq des six malades n'ont pas présenté de récidive durant une période moyenne de neuf mois. L'Afssaps ayant, dans un premier temps, limité à 15 le nombre des personnes pouvant participer à cet essai clinique, celui-ci est aujourd'hui clos, l'ensemble des données devant être analysées avec un recul suffisant.
« C'est la première fois que l'on utilise une technologie laser en intracrânien et qu'on l'associe à une IRM fournissant des données en temps réel », souligne M.Carpentier. Ceci a été rendu possible grâce à une technique mise au point en collaboration avec le centre anticancéreux MD Anderson de Houston ainsi qu'avec la société BioTex, un "spin off" (start-up) de l'université UTMB du Texas. Le laser utilisé a pour propriété d'être « refroidi » en permanence ce qui permet d'éviter la formation de coagulats à son contact. La destruction par nécrose directe du tissu métastatique n'entraîne pas un œdème intracérébral, pas plus qu'elle n'a provoqué, chez les malades traités, de crises d'épilepsie. L'équipe pense donc être sur la voie d'une nouvelle utilisation de l'IRM, une IRM « interventionnelle ».
A la tête du Laboratoire de recherche en technologies chirurgicales avancées de la Pitié-Salpêtrière, Alexandre Carpentier développe, avec le physicien Julian Itzcovitz, un ambitieux programme de recherche. « Nous cherchons notamment comment utiliser de manière complémentaire des ultrasons focalisés pour, toujours sous contrôle de l'IRM, détruire des tumeurs intracérébrales, explique-t-il. Malheureusement, les fonds institutionnels dont je dispose sont très largement insuffisants, et ce malgré le prix de l'innovation technologique 2008, d'un montant de 50 000 euros, que nous venons de recevoir. » M. Carpentier estime avoir besoin de 2 millions d'euros.
Jean-Yves Nau, pour Le Monde daté du 30 août
Métastases. On estime qu'environ 20 % des personnes qui décèdent d'un cancer présentent une ou plusieurs métastases cérébrales. Celles-ci sont dues à un essaimage de cellules cancéreuses par voie sanguine à partir d'une tumeur primitive. Le diagnostic est fait par IRM. Ce sont les cancers broncho-pulmonaires qui ont le plus tendance à provoquer des métastases (45 %) suivis par les cancers du sein, du rein, des testicules et de la peau (environ 10 % chacun). Les cancers de l'ovaire, de l'utérus ou de la prostate sont beaucoup moins concernés. Dans 15 à 20 % des cas, le cancer primitif n'est pas retrouvé.
On pourrait faire une ponction sans anesthésie dans le paquet fiscal, non ?
Ce paquet qui est un véritable cancer social.
Rédigé par : raannemari | 30/08/2008 à 10h29
Surréalisme ou humour belge ?
Rédigé par : Fabien | 30/08/2008 à 20h43