Les plus vieilles traces de vie à Paris peuvent être visitées aujourd’hui
La grève des éboueurs, annoncée ici le 20 juin, a bien commencé jeudi 26 juin. Et se poursuit. Des négociations ont encore eu lieu hier après-midi, en vain pour l’instant. Cette semaine, des fouilles ont fait apparaître des traces de vie à Paris remontant à dix mille ans, et une journée portes-ouvertes est organisée aujourd'hui sur ce qui sera… un centre de tri sélectif d'ordures ménagères !
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A l'heure où les éboueurs s'inquiètent pour leur avenir, on découvre, sur le chantier d'un futur centre de tri, ce qui est pour l'instant la plus vieille trace de vie à Paris, remontant peut-être à dix mille ans.
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Les éboueurs parisiens protestent contre un projet de privatisation du ramassage des ordures dans plusieurs arrondissements de la capitale (19e, 3e, 9e et 16e). L'objectif affiché par la ville est de « redéployer » les salariés vers le nettoyage des rues.
Cette idée, doit être soumise au prochain Conseil de Paris, le 7 juillet, par François Dagnaud, élu (PS) du 19e, Président du SYCTOM de l'agglomération parisienne et Adjoint au maire chargé de la propreté. Si elle est adoptée, la collecte des ordures sera privatisée dans douze des vingt arrondissements de la capitale (contre huit présentement).
A l'appel de quatre syndicats (CGT, FO, CFTC et UNSA), les éboueurs poursuivent leur mouvement de grève reconductible et déplorent une « volonté politique de ne pas embaucher et de ne pas vouloir donner les moyens pour un service public de qualité ».
Hier, ils ont été reçus pendant quatre heures par M. Dagnaud, qui leur aurait redit la « volonté » de la municipalité « de faire de l'amélioration de la propreté une priorité »…
Avec ce projet, qui pourrait entrer en vigueur dans un an (juillet 2009), l'adjoint au maire veut affecter 250 employés supplémentaires à la propreté. Ils renforceront les arrondissements les plus sensibles et les missions de prévention et verbalisation.
Parmi les alliés des syndicats, les Verts et le Parti communiste, eux aussi opposés au projet.
A l'heure actuelle, la collecte est ainsi répartie :
• intégralement assurée par les services municipaux dans les 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e, 17e et 20e ;
• privatisée dans les 1er, 4e, 7e, 10e, 11e, 13e, 15e, et 18e ;
• mixte dans les 2e, 3e et 19e ;
Il est finalement question de la privatiser dans les 3e, 9e, 16e et 19e, et de la remunicipaliser dans le 2e. Certains arrondissements non concernés en théorie (cela a été par exemple jeudi le cas de la moitié ouest du 20e) n’ont pas été ramassés aux horaires habituels.
Les ordures en apprennent sur le passé…
Le site de la rue Henry-Farman, dans le 15e, où la Ville et le Syctom comptent installer un centre de tri sélectif, a fait l’objet, comme tout gros chantier, de fouilles dites « préventives » de la part de l’Inrap.
« Plusieurs niveaux d’occupation, du Mésolithique moyen (8 000 - 6 500 av. J.-C.) au premier âge du Fer (800-500 av. J.-C.), ont été mis au jour sur ce gisement archéologique situé dans la plaine alluviale de la Seine », indique l’Institut habitué à diverses découvertes.
L’Inrap précise que « Le fleuve, aujourd’hui à 250 m du site localisé en rive gauche, n’a pas toujours occupé ce lit mineur. Au Mésolithique, il empruntait un bras plus ancien situé probablement sous l’héliport. » Et ajoute « Ce site est une découverte majeure car, pour la première fois, un gisement de chasseurs-cueilleurs est mis au jour sur les bords de Seine à Paris. De plus, sa position en bordure de rivière a favorisé la bonne conservation des niveaux archéologiques, scellés par plusieurs générations de limons de débordement de la Seine. »
⇒ Le SYCTOM organise aujourd’hui, dans le 15e arrondissement, une journée portes ouvertes sur ce qui est sans doute la plus ancienne trace de vie à Paris (8 000 - 6 500 av. J-C). Ironie du sort : c’est sur le futur… centre de tri sélectif que ces vestiges ont été découverts, alors que le préavis de grève était déjà posé.
Fabien Abitbol, photo Laurent Petit pour l’Inrap
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