Le lundi de Pentecôte retrouve cette année son caractère chômé. Mais de nombreuses sociétés avaient déjà fixé d'autres modalités de contribution à la journée de solidarité. Chômé ou travaillé ? Depuis 2004, un large débat s’était instauré en France à propos du lundi de Pentecôte et de la journée de solidarité, destinée à financer l’aide aux personnes âgées et handicapées.
La règle édictée au départ était simple : la date de la journée de solidarité était fixée par un accord de branche ou d’entreprise. À défaut, c’est le lundi de Pentecôte qui était retenu.
Le problème est que ce nouveau dispositif s’est rapidement révélé ingérable : de nombreuses entreprises du secteur privé travaillaient le jour de la Pentecôte alors que les services publics étaient eux massivement fermés.
Ce qui posait par exemple des problèmes aux parents, obligés d’aller au bureau alors que les enfants n’avaient pas école.
Depuis avril, le lundi de Pentecôte est de nouveau chômé
Finalement, en avril, le Parlement a instauré de nouvelles règles. Pour faciliter la vie des salariés et des usagers des services publics, la loi indique que cette journée de travail non rémunérée ne sera plus fixée le lundi de Pentecôte, qui retrouve donc son caractère chômé.
Désormais, la date de la journée de solidarité est laissée au choix de l’entreprise, en concertation avec les salariés. Autrement dit, en mai, chacun fait ce qui lui plaît. Dans les faits, peu de choses changent pour les salariés.
« La nouvelle loi autorise à faire ce que l’on faisait déjà », résume Ariane Verderosa, qui travaille aux ressources humaines de la SNCF. Dans l’entreprise publique, l’organisation demeure la même. « Ceux qui travaillent sur les rails seront à leur poste ce jour-là, car c’est un jour de fréquentation important, les autres non. »
Les salariés de La Poste profiteront également de ce très officiel retour au jour férié, tandis que des groupes comme Printemps ou les Galeries Lafayette maintiennent au contraire leur ouverture.
L’enseigne Castorama a choisi, elle, de revenir à un jour chômé. « Commercialement, ça n’était pas une réussite pour nous de mobiliser les personnels le lundi de Pentecôte, car les clients bricolent plutôt le week-end. De plus, cette mesure passait mal auprès du personnel », explique une responsable au sein du groupe.
Pas que des heureux à la CGPME
À la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), la mesure ne fait pas que des heureux.
« Dans le domaine du tourisme, les établissements sont obligés d’ouvrir, alors ce lundi qui redevient férié, ça ne les enchante pas », note-t-on à la CGPME des Bouches-du-Rhône. C’est également ce que rapporte Xavier, 30 ans, cuisinier dans une brasserie d’Anglet, dans le Pays basque : « Les jours fériés, de toute façon, ça n’existe pas dans la restauration. »
Nombre d’entreprises vivent ce changement comme un assouplissement des dispositions prises par Jean-Pierre Raffarin en 2004 « C’est une reconnaissance de la flexibilité nécessaire dans le monde de l’entreprise », explique Guillaume Brateau, membre du directoire de Fortis France.
Pour Pierre-Yves Poulain, délégué général de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), « les entreprises avaient ressenti la mesure prise par Jean-Pierre Raffarin comme une ingérence. Même si dans les faits, peu de choses vont changer, pour elles, c’est un retour à l’autodétermination. »
Même bilan pour François Bizeur, de l’Institut des sciences du travail de Lille-2 : « En fin de compte, le dispositif reste le même : l’entreprise décide quelle journée sera travaillée gratuitement. »
Quand et comment ?
Toute la question est donc de savoir quand et comment est fixée cette fameuse journée de solidarité. « La règle est de retirer une journée de RTT à ceux qui en disposent, et de prendre sur les vacances des autres », détaille Jean-Eudes Dumesnil, secrétaire général de la CGPME.
Chez Castorama, fin avril, le comité central d’entreprise, réunissant délégués du personnel, délégués syndicaux et direction, a décidé que le lundi de Pentecôte ne serait pas travaillé, et que les salariés fourniraient leur journée de travail non rémunérée sur leurs RTT, pour ceux qui en disposent. La date sera fixée au cas par cas.
À la SNCF, comme les années précédentes, le système de fractionnement est maintenu. « Chacun travaille sept heures de plus par an », explique Arianne Verderosa. « À charge aux entités de répartir ce temps de travail supplémentaire sur toute l’année. »
Mais dans les PME, les modalités ne sont pas toujours aussi claires. « Je travaille lundi prochain, mais je ne sais pas quand je récupérerai ; quant à ma journée de solidarité, j’ignore quand je la ferai », avoue un jeune chef de chantier.
Des patrons agacés par « la cacophonie générale »
Le bâtiment est l’un de ces secteurs où le lundi de Pentecôte est synonyme de désordre. « Certains fournisseurs ne travaillent pas, c’est une journée très bizarre car on ne sait jamais sur qui on peut compter », poursuit-il.
Pierre Allary dirige la société Multirestauration Méditerranée, une entreprise de restauration collective d’une centaine de salariés basée à Marseille. Il ne sait pas encore s’il ouvrira.
Il est agacé par « la cacophonie générale autour de la journée de Pentecôte ». « Les écoles sont fermées, du coup, ne serait-ce que pour les enfants qu’il faut faire garder, certains préfèrent ne pas travailler ce jour-là », constate-t-il. Lundi, on pourra juger si les Français seront plus nombreux qu’en 2007 à ne pas travailler.
Françoise Marmouyet, pour La Croix, photo AFP Archives-Mychèle Danai
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Dans ma société cela a été pose d'un jour de congé obligatoire.
Rédigé par : Solange | 11/05/2008 à 10h54