Liesse, émotion et hystérie : le collège Françoise-Dolto (Paris, 20e) a vécu une journée folle, dès ce matin. La veille au soir, « Entre les murs », le film réalisé par Laurent Cantet avec 24 élèves de cet établissement réputé difficile, a reçu la palme d'Or du festival de Cannes. Ces acteurs-amateurs ont été attendus dans la fièvre par les élèves. Récit d'une journée très spéciale.
7 heures 45, devant les portes de l'établissement : la journée s'annonce extraordinaire pour ces collégiens ordinaires. Car la palme d'or, décernée par le jury du ténébreux Sean Penn, 21 ans après celle de Maurice Pialat, c'est aussi celle des deux cents élèves qui se rendent chaque matin dans ce collège classé ZEP [à lire ici la revue de presse quotidienne des ZEP, note du ouaibemaître].
« Les élèves de Françoise Dolto, on en parlait toujours en mal. Aujourd'hui, ce sont les héros d'un long-métrage qui a conquis le plus grand jury du monde », exulte une maman soudain fière de sa Zep.
8 heures 40, la cloche a sonné : mais les surveillants peinent à faire rentrer les collégiens en cours. « Allez tout le monde à l'école ! », s'époumone un pion. Sans conviction. Face à lui, les élèves crient leur joie et leur surprise, en attendant l'arrivée de leurs camarades, partis de Cannes pendant la nuit. 9 heures, le proviseur Jean-Claude Dufaux semble un peu affolé. S'adressant aux journalistes : « Vous allez laisser les petits tranquilles, j'espère. Ils ont leur brevet des collèges à potasser. Il ne faut pas me les déconcentrer. » Quelques secondes plus tard, il laisse éclater sa joie. « La palme d'or ? Quand Laurent Cantet est venu me proposer ce projet, jamais je n'aurais pu espérer un tel dénouement. Je suis tellement heureux d'avoir dit oui ! ».
12 heures : la pression monte. Partis de Cannes en bus pendant la nuit, les héros du film vont arriver au collège pour l'heure du déjeuner. Vont-ils arriver en limousine ? Va-t-on leur demander des autographes ? Pourra-t-on dégoter un tapis rouge pour leur réserver une standing ovation ? Les rumeurs courent et les blagues fusent. Fous de joie, mais aussi un peu jaloux du succès de leurs camarades, les collégiens chantent… ou se demandent pourquoi ils ont décliné les castings.
« On croyait que c'était un petit film vite fait pour la télé », raconte Malika.
14 heures 15 : Le bus des stars arrivent enfin. Cohue dans la rue. Les collégiens, poussent, hurlent, courent. Ils sont hystériques.
14 heures 30 : dans la cour du collège, les professeurs sont dépassés. Personne ne s'entend. les élèves acclament Boubacar, Angelica et les autres qui s'engouffrent dans une petite salle pour une conférence de presse. Tandis que leurs parents les couvrent de baisers.
Delphine Perez et Aurélie Ladet, pour Le Parisien en ligne
⇒ Les collégiens parisiens fous de leur Palme d’or (1min.39)
⇒ On a fait de grandes choses (1min.36)
⇒ La réaction de François Bégaudeau après la Palme (1min.35)
⇒ A Cannes, avec les jeunes acteurs du film (2min.40)
Qu'ils en profitent bien, je viens de lire sur Libé que la mère de Boubakar, qui est sans-papier est convoquée demain à la préfecture.
Le fait de faire partie du film qui a reçu la palme d'or va-t-il aider sa mère à être régularisée.
Espérons.
Rédigé par : raannemari | 27/05/2008 à 13h51
@ Anne-Marie,
le rendez-vous en préfecture de demain :
http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2008/05/la-mre-dun-acte.html
était prévu de longue date (mars, je crois).
je n'ai pas lu Libé mais il y a eu je crois un sujet sur France-Culture, incluant la mort de Sydney Pollack.
ce genre de choses, sais-tu, c'est un peu comme une loterie. il y a eu mieux, en France, il y a eu pire.
le réalisateur du film n'a jamais caché ses sympathies et ses idées.
Rédigé par : Fabien | 27/05/2008 à 15h14
Cantet est membre du RESF de Montreuil-Bagnolet.
Par contre je suis scandalisé par l'idée d'un traitement "au cas par cas" qui continue: on s'y habitue quand on dit "espérer" que la palme d'or permettra à cette femme d'avoir des papiers. C'est le fait du prince qui continue de régner sur nos vies.
Par ailleurs il est dommage de voir le mot "stars" prendre le dessus sur toute autre espèce d'analyse sur l'impact de ce film et de ce succès pour les élèves-acteurs. Pauvre société des médias.
Rédigé par : kawouede | 28/05/2008 à 14h34
Désolé, mais fort occupé. je ne pouvais pas me permettre d'être dès potron-minet traiter l'info en bas de chez moi… il eût fallu que cela arrivât la veille ou le lendemain : peut-être aurais-je travaillé moi-même.
Rédigé par : Fabien | 28/05/2008 à 14h42