Le suspect en détention préventive depuis hier soir
Un "maniaque sexuel multirécidiviste", interpellé vendredi dans le 10e arrondissement, Bruno Cholet, 51 ans, a été mis en examen dimanche peu avant 21 heures à Paris pour le meurtre de l'étudiante suédoise retrouvée morte le 19 avril en forêt de Chantilly (Oise), à l'issue d'une enquête éclair des enquêteurs de la Criminelle, et de deux jours de garde à vue. De nombreux dossiers vont être relancés, dont celui de la petite Estelle Mouzin. Des dysfonctionnements dans le système judiciaire ont été relevés. C'est pourquoi il a fallu une semaine pour localiser le suspect dans l'Est parisien.
Poursuivi pour "enlèvement et séquestration suivi de mort de la victime, vol de cartes bancaires et escroquerie et tentatives, le tout en état de récidive légale", il a été présenté dans la soirée à la juge des libertés et de la détention et placé en détention préventive. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Son avocat, Me Dan Hazan, a dénoncé à l'AFP "les fuites organisées" durant l'enquête, dont "la révélation du CV carcéral" de son client, comme autant "d'atteintes à la présomption d'innocence et à la sérénité des débats".
Cette mise en examen vient clore une enquête menée comme "une course contre la montre" par la brigade criminelle de Paris qui a mobilisé pendant une semaine d'importants effectifs sur cette affaire classée prioritaire. Vraisemblablement pour des raisons diplomatiques avec la Suède, une autre étudiante ayant récemment été victime d'un viol (en février) dans des circonstances similaires, mais aussi -personne ne peut en douter- pour permettre de relancer le débat sur la loi sur la récidive (et ses effets pervers) et la rétention de sureté, partiellement retoquée par le Conseil constitutionnel, et prévue à la base uniquement pour les pédophiles sur mineurs de moins de quinze ans.
Pendant ses deux journées de garde à vue, le suspect, qui a déjà passé une vingtaine d'années en prison pour des faits de violences, viols, atteintes sexuelles parfois accompagnés d'enlèvement, s'est montré "peu coopératif", selon la police. Toutefois, l'enquête a permis la mise au jour d'un "faisceau d'indices" et d'éléments matériels permettant de le mettre en cause, selon le parquet de Paris. On peut cependant se demander pourquoi un chauffeur de taxi a raconté avoir refusé de prendre en charge ce soir là Susanna qui sortait de l'établissement... et l'avoir ensuite vu monter dans un monospace blanc, comme l'a indiqué hier soir l'AFP.
La fouille de son monospace a été fructueuse. Dans le coffre, les enquêteurs ont découvert dans une boîte enfermée dans un sac, un pistolet 22 long rifle, des cartouches et trois paires de menottes.
La victime, Susanna Zetterberg, 19 ans, dont le corps en partie brûlé a été découvert il y a huit jours en forêt de Chantilly, avait les mains menottées dans le dos et avait reçu un coup de couteau au thorax et quatre balles dans la tête. Des projectiles du même calibre que l'arme retrouvée dans le véhicule du suspect. Des prélèvements ADN ont été réalisés dans son véhicule même s'il a reconnu en avoir changé les housses. Les résultats sont attendus la semaine prochaine avec ceux de l'expertise balistique. Un sac portant l'inscription "Susanna 777" a également été retrouvé dans le monospace. Une découverte "troublante" pour le parquet qui dit ignorer pour l'instant s'il appartenait ou non à la victime.
Toutefois, l’enquête a permis de relever déjà au moins deux anomalies dans le suivi de ce criminel : son empreinte génétique, pourtant relevée au moins une fois en 1999, ne figure pas au Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG), et alors qu’il est inscrit au Fichier des délinquants sexuels (créé sous Nicolas Sarkozy), son adresse dans le 10e arrondissement n’était pas en possession de la justice...
En attendant, la police a repris diverses enquêtes, dont celle sur l'enlèvement d'une autre Suédoise de 19 ans, le 23 février, dans des circonstances similaires. Prise en charge par un taxi à la sortie d'une discothèque du 8e arrondissement, conduite dans les Yvelines et violée, elle avait été laissée en vie. Selon ce sujet du JDD, d'autres dossiers vont aussi être rouverts, notamment celui du meurtre de la directrice d'une agence bancaire, Elodie Kulik, dans la Somme en 2002. Et celui de la petite Estelle Mouzin, début 2003, en Seine-et-Marne.
Fabien Abitbol, avec AFP, photo Stéphane de Sakutin/AFP
Bel article !
Rédigé par : Engler Anne Marie | 28/04/2008 à 14h37
Merci, mais en fait je ne faisais qu'anticiper sur ceci:
http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2008/04/enqute-sur-le-f.html
que Michèle Alliot-Marie allait déclarer en fin de matinée... en un peu plus détaillé sur les faits divers et moins sur l'aspect technique.
Rédigé par : Fabien | 28/04/2008 à 17h39