Un sous-préfet limogé après une violente diatribe contre Israël
Par ici la sortie ! Pour avoir rédigé une tribune violemment anti-israélienne sur le site Internet Oumma.com, destinée à la communauté musulmane francophone, Bruno Guigue, le sous-préfet de Saintes (Charente-Maritime), a été limogé mercredi par Michèle Alliot-Marie. L'information a été rendue publique samedi. Une sanction expresse, assez rare, prise dès que la ministre de l'Intérieur a eu connaissance de l'article mis en ligne le 13 mars.
Dans ce texte, long d'une dizaine de pages, Bruno Guigue, normalement soumis à une obligation de neutralité, critique sans nuance les Etats-Unis et Israël, « seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles ».
Le haut fonctionnaire, dont la tribune se veut une réponse au « lobby pro-israélien », compare « le Reich qui s'assied sur la SDN en 1933 (NDLR : la Société des nations, ancêtre de l'ONU) » et « l'Etat hébreu qui bafoue le droit international depuis 1967 ». Il évoque également « les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse on s'interrompt de torturer pendant shabbat ». De quoi provoquer la colère de MAM, « stupéfaite », selon un proche, qu'un sous-préfet puisse sortir ainsi de son rôle.
« Ce qu'il faisait avant n'est pas vraiment notre problème »
Bruno Guigue collabore pourtant régulièrement avec Oumma.com, site qui a soutenu le prédicateur Tariq Ramadan et dont l'ancien forum de discussion a dû être hébergé à l'étranger après quelques dérapages verbaux de certains de ses membres. Ses chroniques précédentes, toujours en ligne hier, évoquaient déjà le rôle et la place d'Israël dans des termes assez proches de la tribune incriminée. Ainsi, en décembre 2006, Guigue semblait trouver des vertus à la conférence de Téhéran organisée par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad sur la réalité de l'Holocauste. « La mémoire de la Shoah est devenue, entre les mains d'Israël et de ses alliés, une arme redoutable d'intimidation massive », écrivait-il, ajoutant que « le monde arabe est victime d'un terrorisme d'Etat auquel les puissances occidentales tressent des lauriers, par expiation secrète d'un crime de masse commis il y a soixante ans. Si la conférence de Téhéran a au moins une vertu, c'est de rappeler au souvenir d'un Occident amnésique cette formidable aberration historique ».
Enarque et normalien, le sous-préfet limogé a rédigé plusieurs livres aux éditions l'Harmattan sur le conflit israélo-arabe. Dès lors, on se demande pourquoi son limogeage intervient si tard. « Il n'est sous-préfet que depuis septembre 2007. Ce qu'il faisait avant n'est pas vraiment notre problème », explique-t-on au ministère de l'Intérieur. Dans un communiqué publié hier, Oumma.com défend son collaborateur : « L'usage d'une saine critique ne peut s'exercer équitablement en France. Si chacun a le loisir dans notre pays, fonctionnaire ou pas, de critiquer, condamner, dénoncer à peu près n'importe quel Etat, n'importe quelle religion, n'importe quelle personnalité, il existe une exception à cette règle et notre ami Bruno Guigue est puni d'avoir cru à l'existence d'une véritable et totale liberté d'expression au pays des droits de l'homme. »
Le fonctionnaire limogé devrait retrouver son corps d'origine et redevenir administrateur civil.
Frédéric Gerschel, pour Le Parisien, photo PR/Sud-Ouest/Cendres
⇒ Les explications, hier, du supérieur hiérarchique direct de l’intéressé
A lire à ce sujet sur Oumma.com :
⇒ La honte
Je soutiens Monsieur le Sous-Préfet pour son courage et son honnêteté intellectuelle par delà le droit de réserve auquel il est soumis. Pourquoi faut-il se taire et ne jamais parler d'Israël ? Son seul tort : être un haut fonctionnaire au surplus brillant et courageux. Mais il y en bien d'autres qui ont fait pire si tant est que le sous-préfet aurait commis une bévue. Comment et pourquoi bafouer un énarque, un normalien, un intellectuel et un chercheur de cette qualité et de cette trempe ? Lire le Marianne n° 550 du 9 novembre 2007 de l'excellent Jean-François Kahn rafraîchirait la mémoire de certains et expliquerait le contexte de la sanction administrative dont vous avez fait l'objet. Quel que soit le parcours ou les actions extra-professionnelles de M. Bernard Guigue, sa dignité, les valeurs humaines et professionnelles qu'il incarne ne doivent pas être dégradées comme elles le sont actuellement. Et Robert Redeker qui lui aussi est professeur (donc fonctinnaire d'Etat) et qui a fait pire avec ses provocations et qui éteint le feu avec l'essence de sa hargne anti arabo-islamique de bas étage (et pour cause, vous m'avez compris) a droit aux honneurs et à la protection de la République… M. Guigue, bravo ! Je ne cesse de penser à vous. On vous a livré aux chiens pour rien, mais nous resisterons à vos côtés, les libertés de conscience et d'expression ont besoin de votre courage et de votre liberté. L'administration française perd à mon sens un grand serviteur de l'Etat…
Bien cordialement à vous Monsieur le Sous-Préfet.
Rédigé par : VERITEDUMONDE | 18/05/2008 à 14h39
Il semble que vous n'ayez pas cliqué sur les différents liens, sinon vous seriez tombé sur celui-ci :
http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2008/03/un-sous-prfet-s.html
qui avait été repris par Rue 89. Car ce ne sont pas en soi les propos de untel ou untel que je conteste, mais le fait que M. Guigue ait été débarqué pour UN SUJET alors que, depuis dix ans, il écrivait régulièrement. Or il a été nommé par le président de la République, sur proposition du ministre de l'Intérieur.
En théorie, le ministre de l'Intérieur est censé être informé de beaucoup de choses. Et l'actuel président de la République a été fort longtemps ministre de l'Intérieur. C'est là le hic, selon moi.
Et la presse, dans son ensemble, n'a pas creusé… CE QUI EST BIEN PLUS GRAVE !
Rédigé par : Fabien | 18/05/2008 à 15h57