Réunion du conseil d'arrondissement du 20e cet après-midi
Le Conseil d’arrondissement du 20e se réunira ce samedi 29 mars, sous la présidence de la doyenne d’âge, Mme Francine Vincent-Dard, à 15 heures, en mairie d’arrondissement (6, place Gambetta). L’élection du maire d’arrondissement et de ses adjoints se fera ce samedi dans tous les arrondissements de la capitale, avec une particularité dans le 20e : pas d’élu de droite ! Certains s’en réjouissent, mais la démocratie n’en sort pas grandie… Et beaucoup de choses sont à repenser.
—————
Une grande partie de l’équipe Calandra, lors du dernier meeting d’entre-deux tours, où Bertrand Delanoë avait fait un tour, à la Bellevilloise.
—————
Son but sera de savoir qui sera, pour les six années à venir, qui occupera le fauteuil du maire d’arrondissement, depuis 1995 détenu par Michel Charzat, un ancien du CERES de Jean-Pierre Chevènement, arrivé à la mairie du 20e en 1983, la même année que Jean-Marie Le Pen ; ces deux derniers s’étaient d’ailleurs violemment affrontés lors de la campagne pour la présidentielle de 1988 aux alentours du marché Belgrand, faisant les choux gras du journal d’Antenne 2…
Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. Jean-Marie Le Pen a disparu de la vie politique locale. Puis, en mars 2001, c’est le Front national qui a été éradiqué, la droite « traditionnelle » étant représentée par les tiberistes, les séguinistes et l’ancien maire UDF Didier Bariani, que d’aucuns craignaient de voir siéger au conseil d’arrondissement, voire au conseil de Paris, du fait des alliances envisagées un temps par Bertrand Delanoë. Puis, en 2008, le mauvais casting de Françoise de Panafieu a fait passer le « RPR Canal historique » Raoul Delamare (délégué de circonscription de l’UMP, en congé de son parti) devant le poulain de la députée Panafieu, celle qui ne sera plus maire du 17e dans quelques heures, ratant de 400 voix la possibilité de se maintenir au second tour. Aucun accord n’ayant été trouvé entre les candidats, les électeurs du 20e n’ont eu le choix qu’entre une gauche mélangée estampillée « Delanoë » et la liste menée par Michel Charzat. Cette dernière a obtenu le très honorable score de 30,5 % des suffrages exprimés, contre 69,5 % à la liste menée par Frédérique Calandra.
Où est la limite de la démocratie ?
Cette réunion servira aussi à savoir quels sont les élus qui occuperont les postes d’adjoints, de délégués, etc. Et, sans doute, ceux qui repartiront les mains vides, même s’il n’y a plus d’opposition dans l’arrondissement. Le poste le plus délicat, dans l’immédiat, est sans nul doute celui (ou celle) qui aura en charge la démocratie locale et participative. Car il y aura du boulot, au moins au début ! Pour revoir, en mieux, ce que David Assouline avait fait pour une équipe « normale ». Et qui s'est délité partiellement à partir de 2001 dans certains quartiers.
Le 20e arrondissement de Paris (183 000 habitants au recensement général de 1999, soit plus que Brest, Grenoble ou Toulon) se trouve donc sans opposition véritable. Un nouveau modèle de démocratie est à réinventer dans l’arrondissement où, comme le rappelle ici le journal des conseils de quartier du 20e, se tenait en novembre 2005 le premier conseil de quartier… Au bar La Flèche d’or (rue de Bagnolet, face à la future médiathèque Marguerite-Duras). Des conseils qui, dans notre arrondissement sont composés de trois tiers de treize personnes chacun, ce qui n'est pas le cas dans le reste de Paris :
• un tiers de tirés au sort sur les listes électorales (légèrement amputé depuis quelques années par trois représentants des résidents étrangers non communautaires),
• un tiers de représentants de la vie associative et de la vie publique,
• un tiers désigné par les groupes politiques, au prorata de leur représentation au conseil d’arrondissement.
—————
Fabienne Giboudeaux (Les Verts, ici au soir du 16 mars) fait désormais partie des adjoints au maire de Paris. Elle a hérité d’une partie de la délégation de Yves Contassot qui, lui, a disparu de l’organigramme et fait partie des cinq élus du 20e qui ont rejoint le maire de Paris.
—————
Et c’est là que le bât blesse. Déjà que l’opposition ne pourra pas se faire entendre dans le conseil d’arrondissement, où par définition ne peuvent s’exprimer que les élus, les conseils de quartier vont avoir un nouveau rôle à jouer. Car les représentants de la vie associative, tels que les statuts le prévoient présentement, doivent être approuvés par le maire. Pour les habitants, qui déjà, malgré l’ancienneté des conseils de quartier, croient parfois qu’un conseiller de quartier est un élu, les interlocuteurs les plus « crédibles », les plus neutres au moins, risquent de devenir les tirés au sort ! A moins de prendre exemple sur la présidence collégiale du conseil des Amandiers, toujours décriée, mais qui n’a pas si mal fonctionné que cela de 2001 à 2004 et qui était basée à la fois sur le pluralisme et sur les compétences des uns et des autres, avec deux commissions informées nécessairement de tout (dites « transversales ») : la commission budget et la commission information-communication.
Au soir du second tour, Frédérique Calandra déclarait que la victoire de la liste qu’elle avait menée était « celle d’une équipe contre celle d’un individu ». Le lendemain, les supporters de Michel Charzat analysaient ici sa victoire et notaient une participation inférieure à 50 % (43,4 % en réalité).
Ironie de l’histoire : c’est à La Flèche d’or, là où tout commença voici plus de douze ans, que Frédérique Calandra a convié ses supporters par courriel à la rejoindre à l’issue du conseil arrondissement de ce samedi après-midi…
Fabien Abitbol
⇒ Résultats du second tour :
Inscrits : 105961, votants : 50311, blancs ou nuls : 4293 ; participation : 43,4 % ; liste Frédérique Calandra : 31 984 (33 sièges, dont 11 conseillers de Paris) ; liste Michel Charzat : 14 034 (6 sièges, dont 2 conseillers de Paris)
⇒ Sur les 36 adjoints de Bertrand Delanoë (contre 33 sous la précédente mandature) très nombreux sont ceux de l’Est parisien, et cinq (sur les 11 !) sont conseillers de Paris issus de la liste Calandra. Ils ne devraient donc a priori pas jouer de rôle très important au sein de l’arrondissement.
⇒ Le 20e en chiffres (et commentaires), Insee, 1999
Intéressant sujet…
Mais inquiétant. Je lis : "Au soir du second tour, Frédérique Calandra déclarait que la victoire de la liste qu’elle avait menée était « celle d’une équipe contre celle d’un individu »." Si ces propos étaient ceux d'un homme (vis-à-vis d'une femme), n'aurait-on pas crié au machisme ?
Rédigé par : Chris | 29/03/2008 à 05h44
Merci Chris.
En recollant ce morceau de phrase, j'avoue que je ne m'étais pas posé la question, vivant dans le 20e depuis 1992 et étant conseiller de quartier (tiré au sort, aux Amandiers) depuis 2000. Mais il est vrai que l'on peut retourner la phrase et, en la remettant à la sauce "Présidentielle 2007", faire dire à un homme « Mais qui va garder les enfants ? »…
Merci pour cette pertinente remarque !
Rédigé par : Fabien | 29/03/2008 à 11h58
Merci pour votre analyse, qui pose de bonnes questions.
Il serait temps de remettre un peu en cause le mode de scrutin à Paris : assurer un minimum de représentation proportionnelle, par exemple.
Le mode de scrutin est tel que le PRG se retrouve dans certains arrondissements passés à gauche au premier tour avec plus d'élus que les Verts, pourtant mieux implantés et membres eux aussi de la majorité municipale (il est vrai suite à leur choix tactique de faire bande à part au premier tour).
Une question double : à quoi tient la spécificité de la désignation des conseils d'arrondissement du 20e, et comment se fait-elle dans les autres arrondissements parisiens ?
Rédigé par : kawouede | 30/03/2008 à 21h35
@kawouede,
je pensais faire la suite ce dimanche et non hier soir, mais n'en ai pas trouvé le temps. certains point seront expliqués ici, d'autres le seront directement à toi.
Merci, pour une fois, d'avoir laissé un commentaire ici…
Rédigé par : Fabien | 30/03/2008 à 22h57