Après la plainte pour « tentative d’extorsion de capital » visant Bernard Laporte, la plaignante, Mme Frédérique Ruggieri, qui avait, en 2005, obtenu de Nicolas Sarkozy l’autorisation d’ouvrir un casino pour Noël à Gujan-Mestras (Gironde, 15 000 habitants), maintient ses accusation contre l’actuel secrétaire d’Etat. Elle a accordé hier un entretien au Parisien/Aujourd’hui en France, publié sur le fil « en direct de la rédaction » peu après 18h et dont peu de médias font cas ce matin… (en fait, …seul Le Parisien diffuse le sujet dans son intégralité). En octobre, L’équipe Magazine avait révélé que l’ancien sélectionneur du XV de France était visé par une enquête fiscale (ainsi que des sociétés dépendant de lui).
Voici donc la retranscription mot pour mot de ce que Le Parisien a publié hier après-midi.
Le 23 mars dernier, Frédérique Ruggieri propriétaire d'un casino à Gujan-Mestras, portait plainte contre Bernard Laporte pour tentative « d'extorsion de capital ». En proie à des difficultés pour obtenir l'autorisation d'exploiter son casino, elle reproche au secrétaire d'Etat aux sports de lui avoir proposé d'intervenir auprès de Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur à l'époque. En échange, dit-elle, elle aurait dû lui céder des parts de son établissement.
L'avocat de Bernard Laporte réfute ces accusations et a déposé plainte pour « dénonciation calomnieuse ». Depuis elle a obtenu l'autorisation d'exploiter son casino, mais elle souhaite l'octroi de machines à sous supplémentaires. Une demande qu'elle soumet mardi à la commission supérieure des jeux. A cette occasion, elle revient sur sa rencontre avec Bernard Laporte. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire.
Pouvez-vous détailler votre rencontre avec Bernard Laporte ?
Frédérique Ruggieri : Cela se passe le 5 août 2005 à « L'Olivier » dans un restaurant du Pyla. Avec la députée-maire de Gujan-Mestras, Marie Hélène des Esgaulx, première adjointe à l'époque, nous décidons de faire un point sur la situation de mon casino. Une situation qui n'est pas brillante : trois refus d'autorisation et des banquiers dont la patience est à bout. Ce soir là, Bernard Laporte dîne également à « L'Olivier ». Il vient nous saluer. C'est la première fois que je le vois. Il me dit avoir eu vent de mes soucis et compatit. Puis il m'explique qu'il réfléchit à l'achat des casinos d'Arcachon et d'Andernos, propriété du groupe Partouche. C'est ensuite qu'il affirme que Nicolas Sarkozy est un de ses amis et qu'il joue au foot avec lui. Il dit qu'il peut donc, sans difficulté obtenir l'autorisation qui me manque. En échange il propose de récupérer 50 % du capital du casino. En clair : il intervient et on fait « fifty-fifty ».
La députée-maire de Gujan était présente. A t-elle entendu votre conversation ?
Non je ne pense pas. Elle discutait avec une autre personne. Il y avait du bruit et nous parlions affaire dans notre coin.
C'est donc « parole contre parole »…
Mais Bernard Laporte a confirmé dans l'Equipe magazine : il a précisé qu'il ne m'avait pas parlé de 50 % mais simplement de 10 %. Moi je persiste : il m'a bien fait une proposition pour récupérer 50 % du capital ! Et même s'il s'agissait de 10 %, c'est déja condamnable.
Selon ses dires, cette proposition n'était qu'une plaisanterie…
A Gujan tout le monde connaissait la situation de mon établissement au dessus duquel planaient une faillite et des licenciements. Il n'y avait rien de drôle dans tout ça.
Il affirme également que vous l'avez sollicité pour un rendez-vous avec Sarkozy et non le contraire. Que répondez-vous ?
Je trouve cette hypothèse absurde. Déjà, si j'avais voulu un entretien privé, avec le ministre de l'intérieur de l'époque, j'aurai fait la demande à la députée-maire Marie-Hélène des Esgaulx, avec qui je dînais. Elle était chargée auprès du président de l'UMP des investitures et semblait donc idéalement placée. J'ai réfusé cela car nous étions en train de monter une opération médiatique pour interpeller le ministre six jours plus tard, le 11 août. A cette date, il avait prévu une sortie avec les journalistes sur le bassin. J'estimais que notre dernière chance était de l'interpeller devant les caméras et non en privé. Et c'est ce que nous avons fait.
Vous avez donc finalement réussi à le voir...
Oui et cela n'a rien à voir avec cet entretien avec Laporte, car nous avons commencé les préparatifs bien avant. Malgré le dispositif renforcé lors de cette sortie, nous avons été mis eu courant du programme de Nicolas Sarokzy, qui s'est rendu au poste de secours d'Arcachon. Ne pouvant éviter la confrontation, il déclara devant la presse avoir toujours suivi l'avis de la commission. Je lui répondis que c'était faux en prenant l'exemple de mon casino. Le ministre me proposa alors une rencontre avec le président de la commission. Et étrangement, en novembre 2005, le même dossier refusé en octobre 2004 est accepté… à l'unanimité !
Propos recueillis par Azzedine Ahmed-Chaouch, pour Le Parisien/Aujourd’hui en France
A lire :
⇒ Laporte des casinos (22 juin 2007), dans Bakchich Info.
⇒ Laporte des casinos, bandit manchot ? (20 octobre 2007), dans Bakchich Info.
⇒ Partouche ouvre le jeu (17 février 2007), dans Paris Côte-d’Azur.
⇒ Le dossier Laporte, sur le site de Denis Touret, professeur de droit à l'université Paris XII.
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