Tous les magasins de France devraient être bloqués aujourd’hui
Alors que la direction de Conforama fait le forcing pour obtenir l’ouverture dominicale, le Groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR), qui va ouvrir quatre nouveaux magasins en Ile-de-France à la fin du mois (quatre jours avant que Claude Chirac n’y soit introduite) doit faire face aujourd’hui à un conflit social de grande ampleur dans les points de vente français de Conforama (le site du leader de l’équipement du foyer est ici).
Depuis déjà plusieurs années, suite au rachat des magasins par PPR, des salariés sont mécontents de leurs conditions de travail. Plus récemment, le 27 octobre, le fonctionnement du magasin de Bondy a été fortement perturbé. Les salariés en grève, soutenus par la CGT et la CFDT, avaient bloqué la plupart des entrées du parking de ce magasin situé sur la RN 3, le premier de France par son chiffre d’affaires. Cette grande surface de 9 000m2 avait fait l’objet d’un conflit social deux semaines plus tôt, contre l’ouverture dominicale que la direction voulait imposer aux salariés (sans primes ni embauches supplémentaires). Le fameux « travailler plus pour gagner plus », l’un des principaux slogans de campagne du candidat Sarkozy, n’avait alors aucun sens.
Le Breton passionné d’art, troisième fortune française, François Pinault est pourtant, comme on dit, un chiraco-sarko-compatible… Et la famille, comme d’autres, s’intéresse de près aux médias. Qui pour la plupart ne parlent pas des revendications des salariés. « Des grèves ont éclaté sur le sujet à Conforama (Isère et Rhône) et dans des filiales de Total (ouest et sud-ouest). Trois syndicats de LCL (ex-Crédit lyonnais) ont appelé à la grève le 22 novembre pour des augmentations de salaires et ceux d'Air France menacent de reprendre le mouvement à défaut de réponses de leur direction. », pouvait-on lire subrepticement dans cette dépêche de l’AFP.
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Hier, alors que Jacques Chirac, simple citoyen, venait d’être mis en examen, les buralistes manifestaient à Paris… mais aussi à Lille (photo).
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Il faut croire que les « prises d’otages » ou les « sabotages » sont plus vendeurs pour camoufler une France malade et sceptique quant à son avenir. Pour le président de la République, « On ne négocie pas avec un pistolet sur la tempe ». Une formule quelque peu excessive. Même si la grève du rail est… duraille pour beaucoup. Mais n’est-ce pas, en Europe, le principe même d’une grève ? Chez nos voisins allemands, après six mois de débrayages à répétition, une nouvelle offre a été faite hier par la direction de la Deutsche Bahn, mais, « loi de proximité » faisant, les médias parisiens parlent davantage des trajets souterrains ou routiers locaux que du Paris-Francfort.
M. Sarkozy est, lui, peut-être plus préoccupé par sa future visite en Chine, où son livre « Témoignage » est disponible avant la visite présidentielle qui commence dimanche. Avec la suite présidentielle du Sofitel, réservée pour M. Sarkozy, mais où manquent… les draps (il faut dire que le lit fait trois mètres sur trois…). Outre tenter de vendre quelques produits, comme son prédécesseur, le président de la République devrait plaider auprès des dirigeants chinois pour une relation « harmonieuse », « équitable » et « juste » (un mot qui rappelle quelque chose…) entre les grandes monnaies mondiales, lors de sa prochaine visite en Chine, a-t-on expliqué ce matin à l'Elysée. Ce pour arriver « à établir une relation harmonieuse et juste entre l'euro, le yuan, le yen et le dollar ». Vaste programme !
Selon Europe 1, un tiers des députés UMP demande des assouplissements à la loi anti-tabac. Beaucoup plus qu’indiqué ici… Et pendant ce temps, des médecins toulousains souhaitent connaître l’impact réel de cette loi ! A moins de deux mois de son entrée en vigueur. Faudra-t-il adopter la cigarette électronique ?
Il ne faut pas oublier les parlementaires, UMP aussi, qui sont hostiles à la réforme Dati… et qui seraient, selon diverses sources, beaucoup plus que les six dont tout le monde parle.
Ainsi, que les 143 Conforama (sans compter les franchisés) soient appelés à la grève et qu’une « manifestation importante » soit prévue devant le siège de l'enseigne à Lognes (Seine-et-Marne), à 14h00, en marge de la tenue d'un comité d'entreprise n’intéresse pas grand monde… Manuel Marini, délégué central CGT de Conforama, expliquait hier à l’AFP que, outre les salaires et les effectifs, « la pression [était] trop grande sur les équipes commerciales ». Un motif supplémentaire pour cet appel à la grève de salariés oubliés.
Sûr que ce soir, on entendra dire que les choses s’améliorent, malgré les manifestations étudiantes (qui seront forcément « manipulées par des groupuscules »), puisque, à Lyon, on vote la reprise par Internet, comme cela se fait de plus en plus. Quel contrôle sur la colère des étudiants, que l’on dit minoritaires, contre la « petite loi » Pécresse ? Et on apprendra sans doute que les fonctionnaires se plaignent. Comme d’hab. Et pendant ce temps, un Français sur deux pense qu’il peut devenir SDF.
André Léger
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