Pas moins de 40 candidats se disputent l'investiture socialiste dans les arrondissements. Les militants trancheront le 18 octobre. Zoom sur trois points chauds.
Cette fois-ci, pas de Jack Lang à abattre. Contrairement à 2001, il n'y a personne pour concurrencer le candidat PS à la mairie de Paris, Bertrand Delanoë, superstar des sondages. Mais dans les arrondissements, c'est une autre histoire : pas moins de dix primaires et une quarantaine de candidats pour mener les listes. Comment expliquer ce boom des vocations ? Il y a d'abord l'effet Ségolène. Non pas que la candidate ait su fidéliser ses soutiens parisiens - ce serait plutôt le contraire. Mais son OPA sur la présidentielle a fait date. Les ambitions, aujourd'hui, s'expriment plus naturellement. Autre élément perturbateur : le renouvellement des militants. Avec une majorité de nouveaux parmi ses membres, la première fédération socialiste de France a changé de visage. En apparence, du moins. Car, il se pourrait bien que la plupart des adhérents à « 20 euros », rebutés par le vrai prix de la cotisation, - en moyenne 60 euros, parfois bien plus -, ne renouvellent pas leur adhésion... et donc ne votent pas lors de ces primaires. Last but not least, la situation si atypique du PS parisien. Face à des listes Panafieu reléguées à 14 points dans les sondages, les socialistes n'arrivent même plus à se faire peur. Et affichent ouvertement leurs dissensions, des bastions du nord-est aux terres de conquête du 5e. « Paris-Obs » est allé assister aux débats, à quelques jours du scrutin du 18 octobre.
10e arrondissement
La mascotte des militants et la « femme sincère »
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Tony Dreyfus, actuel maire du 10e, en compagnie de Bertrand Delanolë
(photo © PS)
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Ce fut musclé. Et complètement attendu. Rémi, secrétaire de section et dauphin du maire Tony Dreyfus, a fait du Féraud. Une élocution soignée, une touche d'humour, de jolis mots qui sonnent creux.… Olga, la « Madame petite enfance » de l'Hôtel de ville, a fait du Trostiansky.
Soit la même chose grosso modo que du Féraud, mais en plus lyrique, plus tâtonnant. Sur les propositions, les deux concurrents ont fait preuve d'un bel unanimisme : développement durable, démocratie locale, solidarité. Seule différence notable : avec Olga, il y aura des permanences d'élus à la mairie du 10e « car il faut être à l' écoute des habitants, sans tomber dans le clientélisme ». Avec Rémi, il n'y en aura pas, « car il faut être ouvert à tout, sauf au clientélisme. » Bref, entre Féraud et Trostiansky, tout se jouera sur des questions de personnalité et de pratique politique. Un peu comme une préfiguration - à l'échelle locale - d'un hypothétique duel Hollande-Royal. A l'applaudimètre, devant une assemblée essentiellement constituée d'anciens (130 participants pour 1200 militants), Féraud a marqué des points.
5e arrondissement
Lyne et les cinq mercenaires
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La jeune enseignante Caroline Werkoff dit tout haut ce que d'autres pensent tout bas
(photo extraite de son site de campagne)
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Pas moins de 5 militants rêvent d'être désignés tête de liste à la place de l'« historique » Lyne Cohen-Solal. Soit six prétendants au trône. Il est vrai que le Panthéon n'a jamais été aussi proche de basculer PS. Convaincue que son bilan parle pour elle, l'adjointe au maire de Paris et élue d'arrondissement la joue « pas inquiète ». Assis à côté d'elle, en rang d'oignons, face à une centaine de militants rassemblés à la Maison des Mines, ses colistiers se vendent eux sur le changement, la rénovation. Il y a là notamment Bernard Rullier, son ancien directeur de campagne, et quatre enseignants dont Caroline Werkoff, 35 ans, prof agrégée d'histoire qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas : « Quand Lyne n'est pas candidate [aux régionales et présidentielles, ndlr] la gauche est majoritaire dans le cinquième. »
18e arrondissement
Daniel et Didier dans le même bateau...
Elle est venue pour râler : « Ils vont le foutre en Vair le PS avec leur rébellion. Sarko leur a promis des places ou quoi ? », grogne une militante. L'objet de son courroux : Didier Guillot, 39 ans, ose affronter Daniel Vaillant, 58 ans, pour mener la liste dans le 18e.
Secrétaire de la plus grande section de cet arrondissement, Guillot veut des quotas de diversité : « C'est choquant de voir que nos 42 élus sont tous blancs. » Pour l'emporter, il mise sur la volonté supposée de changement des nouveaux adhérents. « Vaillant pense qu'ils se sont évaporés, moi je crois le contraire. » Dans l'assemblée (une soixantaine de militants), c'est partagé. « Pourquoi vous ne vous mettez pas dans un bureau avec Vaillant et n'en ressortez que quand vous êtes d'accord sur un nom ? », interroge un ancien. Réponse d'une camarade : « La démocratie, ça ne se passe pas dans un bureau. » Le grand absent de la soirée, Daniel Vaillant, maire depuis 1995 et réélu député en juin dernier, assure prendre tout ça très « tranquillement ». « Qui peut faire le meilleur score ? J'ai la modestie de penser que c'est moi. J'ai plus de crédibilité que mon compétiteur. Il n'a exercé aucun mandat local. »
Gurvan Le Guelec, Maël Thierry, Nicole Pénicaut, pour Paris Obs
PS : Aux dernières nouvelles, cela na va guère mieux dans le 20e.
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