Jean-Luc Romero mis en examen sur plainte… d’un député homophobe siégeant au groupe UMP
Jean-Luc Romero, président du parti politique Aujourd'hui, Autrement et de Élus locaux contre le sida, a été convoqué le jeudi 18 octobre au Tribunal de grande instance de Paris (TGI), aux fins d’une mise en examen pour « diffamation publique envers un citoyen dépositaire d'un mandat public ». Domicilié depuis un quart de siècle dans le 12e arrondissement, Jean-Luc Romero, ancien secrétaire national de l’UMP, homosexuel notoire, est poursuivi par… le très bigot député du Nord, qui se voit déjà maire de Tourcoing et qui a été condamné pour propos homophobes. Christian Vanneste poursuit donc… un homosexuel natif de la même région que lui et de la même sensibilité politique que lui (à la base, bien entendu).
Pour être certain d’être entendu, Christian Vanneste a déposé plainte contre notre voisin… avec constitution de partie civile, ce qui oblige à l’ouverture d’une instruction (qui peut déboucher sur un non-lieu comme sur des poursuites effectives). Et ce à la veille d’échéances municipales.
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Jean-Luc Romero, qui n'a jamais caché son homosexualité, à la "Gay-Pride" de 2005 (à l'extrême gauche sur cette photo).
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Lors des législatives de juin 2007, Jean-Luc Romero avait renoncé à demander l’investiture de l’UMP, toute servie sur un plateau au médiatique avocat Arno Klarsfeld, celui-là même qui effectuait des contrôles d’identité dans l’armée israélienne (avant de sévir servir en la France), puis qui a perdu au profit de la socialiste Sandrine Mazetier.
Pendant ce temps, dans la 10e circonscription du Nord, Christian Vanneste était réélu sous l’étiquette CNI et siège désormais sans complexe dans le groupe UMP du Palais Bourbon. Juste retour des choses puisque, comme indiqué ici, l’UMP n’investissait personne dans cette circonscription. Les conditions de l’élection du député Vanneste avaient, dès le 19 juin, été contestées par Jean-Luc Romero. La réélection « triomphale » (plus de 58 % des suffrages exprimés) du député Vanneste n’avait pas plu à tout le monde, et Les Panthères roses avaient estimé que MM. Sarkozy et Vanneste les avaient trompé(e)s.
Des lois à « toiletter » ?
Mais voilà que le député du Nord s’acharne, depuis un an, suite à un commentaire publié sur ce blogue de l’élu francilien. Et ce au grief, il n'es pas inutile de le rappeler, de « diffamation publique envers un citoyen chargé d'un mandat public ». Notons à cet égard que diverses dispositions ont été modifiées… en 2006. Ce qui ne change en rien le côté ubuesque de la chose, bien entendu.
« C'est fou d'être mis en examen pour des propos que je n'ai pas tenus », a déclaré le conseiller régional, tout en précisant qu'il avait depuis mis en place un système de validation des messages (ce que l’on appelle en langage technique la modération de commentaires, comme je me suis vu contraint de le faire fin juillet, les élections (la Présidentielle et surtout les législatives) donnant lieu à des commentaires à la limite du hors-jeu de la Loi du 29 juillet 1881. Et dépassant souvent les limites de la nétiquette. A propos, tant qu'on y est dans le « nettoyage » et la « réforme » des institutions et des textes législatifs, les lois sur la presse (tant celle de 1881 que celle de 1947 sur les publications destinées à la jeunesse) ne mériteraient-t-elles pas un nouveau toilettage ? Ne serait-ce pas un signe de « rupture », voire d'« ouverture » ? Si un mineur de 2007 n'est pas un mineur de 1945, comme disait un candidat à l'élection présidentielle, la presse du XIXe siècle n'est pas la même que les moyens de communication de 2007. Si — autrefois — une femme trompée assassinait le directeur d'un journal, aujourd'hui un homme trompé fait licencier un directeur de journal. Ô tempora, ô mores !
Dans le cas du commentaire déposé sur le blogue de Jean-Luc Romero (et depuis supprimé), l’enquête, qui a tour de même duré plus d’un an, a permis à la police de remonter à un certain « Vince », étudiant à Grenoble, qui était mineur au moment des faits. Et qui devrait être mis en examen, tout comme Jean-Luc Romero. Dans son commentaire, que je préfère éviter de diffuser ici, il était notamment question de démagogie, d’homosexuels et de chambres à gaz. Ce qui est certain, c’est que le jeune homme ne connaissait pas ça…
Outre le côté nauséabond des règlements de compte des personnes censées partager les mêmes valeurs (sauf au moins une, l’honneur), il est regrettable que Jean-Luc Romero n’ait pas pris de précautions suffisantes, alors qu’il a suivi des études de droit. Parfois la gentillesse et l’honnêteté ne paient pas.
Fabien Abitbol
A lire :
⇒ Triangles roses : la Mémoire interdite, sur le site de L’Interdit
⇒ La persécution des homosexuels sous le régime nazi
⇒ La déportation de dizaines de milliers d'homosexuels par les nazis, sur le site Mémoire juive et éducation
A noter :
Le 5 novembre se tiendra dans le 10e arrondissement l’Assemblée générale de la branche française des Panthères roses.
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