François Fillon a fustigé mercredi « la culture de l'intimidation » et « la police des mots » de la gauche, qui lui reproche d'avoir réduit à un « détail » l'amendement controversé sur la pratique de tests ADN dans le cadre du regroupement familial.
Loin de rectifier son lexique, dont l'âpreté suscite parfois la polémique, le Premier ministre a persisté, dénonçant le parallèle « ridicule » et « honteux » établi par l'opposition avec l'emploi en 1987 par le dirigeant d'extrême droite Jean-Marie Le Pen du mot « détail » à propos des chambres à gaz nazies.
« J'ai eu 'l'inconvenance suprême' d'user du mot 'détail' pour qualifier l'amendement de Thierry Mariani. Que n'avais-je dit ?! », a-t-il lancé lors de la Convention des réformateurs de l'UMP, à la Maison de la Mutualité.
« Qu'une partie de la gauche et du microcosme s'empresse de faire un parallèle avec le M. Le Pen révèle le vide de l'opposition et le conformisme d'une partie des observateurs politiques », a-t-il affirmé sous les applaudissements de la salle.
« Ce parallèle n'est pas seulement ridicule, il est honteux. Placer au même niveau un test ADN volontaire et encadré par un juge et les chambres à gaz est déshonorant. C'est une injure pour ceux qui ont connu les camps de la mort, et c'est une injure à l'intelligence », a-t-il poursuivi.
« Libre à la gauche d'être hostile à notre projet de loi. Mais je lui récuse cette culture de l'intimidation, je récuse ses amalgames déplacés », a souligné le chef du gouvernement.
« Ce politiquement correct »
« Je dénonce la 'police des mots', dont parlait déjà (George) Orwell, qui prétend savoir ce qu'il faut dire, quand il faut le dire et comment il faut le dire », a-t-il martelé.
« Je ne crois pas que la gauche qui a assisté passivement à la montée de l'extrême droite dans les années 80 et qui a provoqué le 21 avril 2002 puisse vraiment donner des leçons », a-t-il ajouté, retrouvant les accents virulents de la campagne pour les élections législatives à l'endroit du Parti socialiste.
« Je dénonce ce politiquement correct qui interdit de parler lucidement d'immigration sans être soupçonné de xénophobie », a-t-il déclaré.
Samedi dernier, lors du conseil national de l'UMP, également à la Maison de la Mutualité, François Fillon avait déploré que les polémiques sur l'amendement ADN aient « grossi jusqu'au ridicule un détail », « masquant l'essentiel » du projet de loi sur la maîtrise de l'immigration.
« Le sujet est suffisamment grave pour qu'on ne parle pas de détail », avait répliqué François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, qui réclame le retrait de l'amendement ADN.
En 1987, Jean-Marie Le Pen avait estimé que les chambres à gaz était un « détail » de l'histoire de la Seconde guerre mondiale. Le président du Front national avait été condamné quatre ans plus tard pour « banalisation de crime contre l'humanité ».
Le président du Mrap, Mouloud Aounit, avait estimé que François Fillon avait franchi « les limites de l'insoutenable et de l'indécence ».
© Sophie Louet, pour Reuters
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