Quand on évoque le sujet dans la rue de Tanger, artère populaire située à deux pas de la place de Stalingrad (19e), beaucoup se contentent de lever les bras au ciel en signe d'impuissance. D'autres déclarent, laconiques : « On se doutait bien que ça allait arriver. Mais qu'aurions-nous pu faire ? » Peu de trace de révolte ou de colère dans les yeux, plutôt l'acceptation d'une triste réalité.
C'est pourtant un véritable drame que le quartier a vécu dimanche après-midi : vers 16h30, un adolescent autiste âgé de 13 ans, domicilié dans la rue de Tanger, a poussé son petit neveu par la fenêtre de son immeuble. Tout juste âgé d'un an et demi, l'enfant a fait une chute de deux étages. Immédiatement transféré à l'hôpital Necker, il était toujours hospitalisé hier. Mais ses jours n'étaient miraculeusement plus en danger.
Il avait déjà poussé une petite fille dans le vide
Et cette histoire vient réveiller de bien mauvais souvenirs dans l'immeuble : il y a quatre ans, le petit alors âgé de 9 ans avait déjà précipité dans le vide une petite fille de 11 mois. Cette enfant - sa petite sœur selon certains voisins - avait été tuée dans sa chute. « Ce garçon est très perturbé, témoigne un commerçant. Il bouge partout, il n'a pas l'air bien, il pousse les gens, dérange les étals des magasins, pousse même sa mamma... Mais ce n'est pas de sa faute : il est malade ! Il faudrait le mettre à l'hôpital, le surveiller. » Mais pour le moment, l'adolescent est toujours dans sa famille. Un juge des enfants devrait être saisi rapidement pour décider oui ou non de son placement. « C'est un enfant en grosse difficulté, il n'est absolument pas responsable pénalement, explique-t-on à la brigade de protection des mineurs (BPM), à qui l'affaire a été confiée. C'est pour cette raison que nous ne l'avons pas entendu. » « Cette histoire est très triste mais elle ne m'étonne pas du tout, confie une jeune habitante de l'immeuble, voisine de la famille du petit autiste. Dans notre culture, la religion musulmane, ce genre de maladie ne se guérit pas grâce à des médecins. Il faudrait l'emmener loin, loin..., soupire-t-elle, en faisant de grands gestes avec ses bras. En Afrique, chez un marabout, pour le débarrasser de son mal. Mais la famille n'a pas les moyens. Du coup, elle le garde à la maison. » Lui et le « diable » qui l'habite.
© Violette Lazard, pour Le Parisien, édition Paris
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