A l’occasion du premier déplacement ultramarin de la ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités locales (à la fin août, afin de préparer la loi-programme pour l’Outre-mer dont le vote est programmé début 2008), Bruno Testa a consacré le 31 août son éditorial à l’ancien patron des militaires qui avait fait le déplacement en indiquant lors de son départ de l’île : « Nous évaluons actuellement la loi Girardin de 2003 afin d’améliorer son efficacité et de rationaliser les dispositifs existants. Nous recherchons ce qui sera le plus bénéfique pour l’économie ultramarine ». Lors de ces deux jours de visite, certains observateurs ont remarqué su’elle était seule, sans « son » Secrétaire d’Etat, le motodidacte niçois Christian Estrosi.
Vous avez beau avoir cette allure martiale, vous n’en êtes pas moins femme et votre cœur bat sous votre corsage comme le cœur du curé sous sa soutane. Que dis-je, votre cœur, il batifole, il caracole. Je me souviens de cette confidence que vous fîtes jadis concernant votre compagnon Patrick Ollier. Comment vous vous cachiez dans les cabines téléphoniques de l’Assemblée nationale pour vous embrasser. N’était-ce pas touchant ? C’est bête, mais savoir que mon ministre de l’Intérieur est sentimental, cela me rassure comme cela doit rassurer tous les autres Français. On se dit que cela aura peut-être une influence sur le personnel. Que les policiers et les gendarmes deviendront sentimentaux. Imaginez, un policier qui pleure parce qu’il est obligé de vous mettre une amende ? Un CRS malade quand il vous tape avec sa ? Un gendarme qui éclate en sanglots à l’idée de raccompagner un étranger en situation irrégulière ? Mis à part ça, je ne sais pas trop quoi vous dire. La langue de bois que vous utilisez avec un art consommé laisse peu de place à l’attaque. Et puis je ne vais pas faire comme mes collègues de métropole qui passent leur temps à vous demander quels sont vos rapports avec Nicolas Sarkozy ou votre secrétaire d’Etat, Christian Estrosi.Ils sont chastes, je présume. Vous aimez “ce grand et beau département de La Réunion”, dites-vous. Je vous comprends. Etes vous plus maloya ou séga ? Et votre rougail, vous le préférez comment : tomate, citron ou mangue ? Toujours dans le registre réunionnais, j’ai lu que vous vous intéressiez à la pharmacopée. Demandez donc au préfet de ma part de vous rouler un joint de zamal. Il paraît, à petites doses bien sûr, que cela peut avoir des effets bénéfiques. Qui sait, peut-être cela atténuera-t-il votre mal au dos. Car rassurez-moi : cette raideur, elle, n’est pas de naissance ?
Votre dévoué, Bruno Testa
© Bruno Testa, pour Le Journal de l’Ile de la Réunion (JIR) du 31 août.
Note :
Le rédacteur en chef du JIR est désormais Jacques Tillier, qui, qui avait obtenu une interview exclusive de Jacques Mesrine ; grièvement blessé par balle en septembre 1979, il avait été laissé pour mort. « Exilé » à La Réunion dans le groupe de presse dirigé par Philippe Hersant (le dernier des enfants de feu « le papivore »), il ne publie environ qu’un éditorial par semaine, laissant ce soin les autres jours à Bruno Testa.
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