Il tient « un certain nombre de ses promesses électorales »
Dès le 29 mars, le ministre de l’Intérieur et candidat à la présidentielle avait dit qu’il cherchait à séduire les électeurs du Front national. Et apparemment, ça a payé. Hier, invité sur RTL, le Président du Front national Jean-Marie Le Pen a estimé que le président de la République tenait « un certain nombre de ses promesses électorales ». « Chacune de ses actions est mûrement réfléchie, pesée, très bien informée et jusqu'ici assez bien réalisée, il faut le dire », a-t-il ajouté…
Lors de sa « traditionnelle » intervention du 1er mai, qui tombait cette année entre les deux tours de l’élection présidentielle, le Chef du FN avait attribué au « vote utile » la perte d’un million de « ses » électeurs, et parlé de « hold-up électoral » de la part de Nicolas Sarkozy. Il avait également invité son électorat à « s’abstenir massivement ». Raté. Au deuxième tour, le 6 mai, il n’y eut que 90 000 votants de moins qu’au premier, alors que M. Le Pen avait obtenu 3,8 millions de voix le 22 avril 2007.
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Le président du FN a été reçu le 20 juin (jour de son 79e anniversaire) à l'Élysée.
Photo © Aubert-Marmara/Le Figaro
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Le président du Front national a indiqué sur RTL avoir été reçu par deux fois (dont le jour de son anniversaire) par le nouveau président, qui « tient à donner l'image d'un rassembleur et d'un homme qui n'est pas tenu par des obligations, quelles qu'elles soient. Il reçoit qui il veut, quand il veut, où il veut (…) Il ne met pas les pieds dans les pas de Jacques Chirac qui procédait d'une détestation à l'égard du Front national, tout à fait injuste et injustifiée », a-t-il déclaré. Il n’a en effet jamais été reçu à l’Elysée par M. Chirac en douze ans de mandature.
Dans ce concert de louanges, on ne peut qu’être surpris que M. Le Pen, si pointu en histoire et en citations, n’ait pas remarqué que le discours d’Epinal du président de la République avait été prononcé le 12 juillet, jour anniversaire où Pierre Laval fut appelé aux côtés du Maréchal Pétain comme vice-président du Conseil…
Jean-Marie Le Pen regrette toutefois que son parti ne soit pas représenté dans le comité de réflexion sur la réforme des institutions, estimant que Jean-Claude Martinez « major de l'agrégation de droit public, professeur à l'université de Paris II et Montpellier » ou Bruno Gollnisch (docteur en droit) jouissaient d’ « une compétence au moins égale à celle des gens qui ont été désignés ». M. Le Pen, qui avait en 1987 estimé que les chambres à gaz n’avaient été qu’un « point de détail de l’histoire de la Seconde guerre mondiale », a peut-être oublié que Bruno Gollnisch a été condamné en janvier 2007 à notamment trois mois de prison avec sursis et au versement de 55 000 € de dommages et intérêts aux parties civiles pour « délit de contestation de l'existence de crime contre l'humanité par paroles » concernant des propos tenus sur la Shoah.
En consultant la « feuille de calcul » établie par Europagora, on s’aperçoit que les Le Pen (Jean-Marie et Marine), ne sont pas très assidus au Parlement européen. Député européen depuis juin 1989, M. Gollnisch ne pourrait pas faire montre d’une grande assiduité partout.
Aux Législatives, dans la 21e circonscription de Paris (majorité du 20e arrondissement, à l’exclusion du Bas-Belleville et du Bas-Ménilmontant), l’inusable Martine Lehideux, qui avait obtenu près de 8 % des suffrages exprimés le 9 juin 2002, a chuté ce dimanche 10 juin 2007 à 3 %, derrière le candidat des Verts et celui du Parti communiste. La vice-présidente du FN, l’une des rares femmes « importantes » du parti, membre du parlement européen de 1984 à 1994 (qui, sur le site du Conseil régional d’Ile-de-France, est encore marquée comme « conseillère municipale du 20e arrondissement »… alors qu’elle ne fait pas partie des sept élus d’opposition) aurait donc été victime du « vote utile », elle aussi, aux législatives ?
Fabien Abitbol
A lire, dans Libération de ce mercredi, Le Pen amadoué par Sarkozy.
M.Lepen sait modérer ses ardeurs tout de même :
"Même si je le prends un peu pour un illusionniste", a toutefois tempéré M. Le Pen, considérant le chef de l'Etat comme "un illusionniste de grand talent"
le secret d'omniprésence de M.Sarkozy va-t-il être découvert ?...comme celui de D.Copperfield ?!
http://www.w3sh.com/2007/05/02/un-tour-de-david-copperfield-devoile/
la suite au prochain épisode...(suspens !)
Rédigé par : zoé | 08/08/2007 à 18h22
M. Sarkozy, outre qu'il a braconné sans s'en cacher sur les terres de M. Le Pen, a aussi piquées quelques idées ailleurs.
Mais on a davantage tendance à blâmer des gens que l'on considère comme opportuniste que celui qui décide d'aller dans le sens du vent et de faire ce qu'il veut, quand il veut, où il veut.
N'est-ce pas son ami M. Devedjian qui trouvait légitime que, comme dans les monarchies, Mme Sarkozy ait un rôle à jouer dans la vie politique française ? Et M. Sarkozy n'a-t-il pas de la famille en Corse (outre le fait qu'il y ait des amis et que le témoin de son premier mariage soit de là-bas…).
Voilà qui donne un petit air de déjà vu, comme ce séjour à Malte, où l'on n'avait jamais vu de Français illustre depuis… Napoléon.
Rédigé par : Fabien | 08/08/2007 à 20h12