Il est né un 22 juillet dans le 10e arrondissement
Il est né dans le faubourg Saint-Denis (au 132), le 22 juillet 1804, deux ans après le rétablissement de l’esclavage dans la France impériale, deux ans après un illustre futur ami, prénommé Victor, tout comme lui.
Fils d’un riche manufacturier de porcelaines d’origine alsacienne, Victor Schoelcher est vite associé à la marche des affaires familiales. En 1829, il s’embarque pour les Amériques, en quête de nouveaux débouchés pour les porcelaines Schoelcher. Bouleversé par sa découverte de l’esclavage, Victor Schoelcher trouve en même temps le sens de sa vie : s’employer à libérer de leurs chaînes les 250 000 êtres humains asservis relevant de l’autorité française. A la mort de son père en 1832, cet autodidacte éclairé vend la fabrique familiale et se consacre à ses passions : politique, musique, critique d’art. Il écrit, voyage, fréquente les salons et les cercles progressistes. Il publie notamment en 1842 Des colonies françaises : abolition immédiate de l’esclavage.
La révolution de 1848 le propulse sur le devant de la scène politique : nommé sous-secrétaire d’état aux Colonies, il prône aussitôt l’abolition de l’esclavage, accompagnée du droit de vote simultané pour les nouveaux citoyens. Il signe à ce titre le 27 Avril 1848 le décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Victor Schoelcher a gagné le combat auquel il a choisi de consacrer ses forces : « La société a bien des plaies à guérir ; il faut que chacun se charge d’un mal, si je puis dire, pour le combattre pied à pied. Dans la mesure de mes forces, je me suis consacré à l’une des grandes réparations que l’humanité se devait à elle-même. J’ai provoqué l’émancipation de nos frères, les hommes noirs, de cette race que les gouvernements monarchiques ont mise en esclavage, et que la république va bientôt mettre en liberté. »
Schoelcher est élu député des colonies de Guadeloupe puis de Martinique, mais le coup d’état du 2 décembre 1851 fomenté par Louis-Napoléon Bonaparte le contraint à un long exil à Londres. Insatiable collectionneur de manuscrits et objets de toutes sortes, Schoelcher publie une Histoire des crimes du 2 décembre et une Vie de Haendel. Victor Hugo, autre proscrit visionnaire, ne tarit pas d’éloges sur son ami Schoelcher : « Vous êtes un des hommes qui occupent le plus doucement ma pensée dans ce temps d’abjection et de nuit ; vous êtes à la fois fierté et lumière. Je vous aime comme un porte-bannière et comme un porte-flambeau. »
De retour en France en 1870, Schoelcher reprend le combat politique, devenant sénateur de la Martinique jusqu’à sa mort en 1893. Il lutte notamment en faveur d’une autre abolition, qui attendra encore de longues décennies avant de se matérialiser : celle de la peine de mort.
Victor Schoelcher a traversé le dix-neuvième siècle en militant pour un présent et un avenir meilleurs. Au vingt-et-unième siècle, n’avons-nous pas besoin de regarder comme lui notre boussole morale personnelle : « Chaque homme, pour se gouverner dans la vie, se crée une loi, une doctrine, se fait une sorte de boussole morale qu’il regarde à mesure qu’il avance. Ma boussole a toujours été dans l’un des deux mots : Liberté, Justice ».
© Marie-Ange Daguillon, pour Paris e vous
A lire :
• Abolition de l’esclavage (Sénat)
• De l’exil à la Commune (Sénat)
• Le sénateur inamovible (Sénat)
• Les médailles de la Salle des séances (Sénat)
• L’esclavage d’hier à aujourd’hui (Sénat)
• L’esclavage, une histoire des droits de l’Homme (bicentenaire de la naissance de Victor Schoelcher, mairie de Houilles)
• Des détails sur la sépulture du Père-Lachaise.
• Un site pédagogique sur l’esclavage
• Le Code noir (promulgué en 1685 par Louis XIV) et son explication.
• L’esclavage sur le site de France 5 (découverte pour les enfants et les jeunes)
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