« Je n'ai aucune satisfaction à mettre une sale note »
Des dizaines de milliers d'enseignants ont jusqu'à demain pour remettre leurs copies dûment notées, soit une semaine avant les résultats. Reportage avec François Tuffery, un prof d'histoire-géo pas fâché d'en finir avec ce marathon.
Allez, messieurs et mesdames les profs, c'est l'heure de rendre la copie ! Aujourd'hui et demain, les correcteurs du baccalauréat 2007 sont invités à remettre, dans les centres d'examens auxquels ils sont rattachés, les écrits (entre 70 et 150 selon les matières) de prétendants au bachot. Agrémentés, comme il se doit, d'appréciations au stylo à bille rouge et d'une note entre 0 et 20.
Ce matin, François Tuffery, 45 ans, qui enseigne l'histoire-géo depuis deux décennies, débarquera donc au lycée Henri-Bergson à Paris (XIXe) avec, dans son cartable, une centaine de copies de candidats de série S (scientifique) qu'il a fini de passer au peigne fin hier après-midi.
Le fonctionnaire à la chemise à carreaux n'est pas encore en vacances. Jeudi, il prendra part à la délibération des jurys et sera en action lors des oraux de rattrapage dès le lendemain des résultats officiels, lundi prochain.
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Des dizaines de milliers d'enseignants ont jusqu'à demain pour remettre leurs copies dûment notées, soit une semaine avant les résultats. Reportage avec François Tuffery, un prof d'histoire-géo pas fâché d'en finir avec ce marathon.
(LP/© Olivier Lejeune)
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Monsieur Tuffery n'est pas « mécontent que ça se termine ». Car se plonger dans les fameuses feuilles d'examen n'est pas de tout repos. Durant une bonne semaine, il a évalué les connaissances d'élèves anonymes sur la superpuissance des Etats-Unis, la mondialisation, le plan Marshall ou un discours de Clemenceau contre la colonisation... Bref, « des sujets très classiques qui n'ont pas surpris ». « Don Giovanni » en bruit de fond Contrairement à la plupart de ses collègues qui préfèrent officier chez eux, François, lui, s'est retroussé les manches - 8 heures par jour et à raison de trois copies par heure - dans la salle de classe où il transmet habituellement son savoir, au lycée Raspail, dans le XIV e arrondissement de Paris. Une pièce un peu austère où résonne « Don Giovanni », l'opéra de Mozart, qui accompagne ses annotations. « Je suis un peu comme l'étudiant qui bosse à la bibliothèque pour être au calme. A la maison, la tentation est permanente. A un moment, je peux me dire : Tiens, si je faisais une tarte ! ou bien : Et si je finissais mes mots croisés ? » A mi-parcours, mercredi dernier, il s'est concerté, lors d'une réunion dite « d'harmonisation », avec la dizaine d'autres correcteurs de son centre d'examens afin de partager ses impressions sur le niveau global de la production.
« Je suis juste et généreux »
Cet agrégé qui n'aime guère le manque de soin n'est franchement pas sévère. « Je suis juste et généreux. J'essaie toujours de chercher le positif dans la copie. Je n'ai aucun sentiment de satisfaction à mettre une sale note », martèle-t-il. Pour ce cru 2007 qualifié de « bon », sa note la plus basse est un 5 octroyé à un candidat fâché avec les dates : en histoire, il a rangé l'URSS parmi les pays vaincus de la Seconde Guerre mondiale et prétendu que le traité de Versailles (1919) avait clos le conflit de 1939-1945 ! En géographie, ce dernier n'était guère plus performant. Verdict : « Ce n'est pas un devoir de géo, et quand c'est de la géo, c'est quasiment hors sujet. »
Moyenne générale : 12,5/20
Le prof expérimenté, rétribué « symboliquement » 1,5 € par copie - en plus de son salaire - n'est jamais « en colère » quand il tombe sur des propos totalement incohérents. « On ne connaît pas le candidat, on est face à de l'anonyme ! Par contre, au cours de l'année, lorsque ce sont les copies de mes élèves, là, oui, je peux être énervé ! », reconnaît-il. Cette année, pas de 20/20 ni de feuille blanche ! Le meilleur devoir a décroché un 19, « un très bon travail ». La moyenne générale grimpe à 12,5. Alors, bradé, le bac ? « Pas du tout ! répond-il. Les copies sont de qualité supérieure à ce que, moi, je rendais à cet âge-là », juge cet ancien élève qui, alors peu inspiré par son sujet (« La crise de 1929 est-elle seulement une crise économique ? »), avait eu « seulement » 11/20 à l'épreuve d'histoire-géo.
© Vincent Mongaillard, pour Le Parisien du 25 juin 2006
Bonjour,
Un correcteur peut il accorder un 20/20 sans autre justification ou 2ème lecture auprès d'un autre correcteur etc?
Le cas existe mais attire essentiellement envie, railleries, incrédulités, et j'aimerais donc en avoir le coeur net.
Merci
Rédigé par : TrueFalse | 28/06/2007 à 22h28
Au sens strict, je ne sais pas s'il y a une deuxième correction.
Mais « Tout devient possible », il est désormais possible d'obtenir au bac une note supérieure à 20/20, comme indiqué ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Baccalauréat_(France)
A ma connaissance, il y a eu une lycéenne qui, en 2006, a obtenu un bac S avec 20,18/20…
Rédigé par : Le ouaibemaître | 29/06/2007 à 01h29