RG, DST et PJ antiterroriste doivent fusionner
Cette nouvelle organisation du renseignement est destinée à renforcer l'efficacité de la lutte contre les poseurs de bombes.
DEUX MILLE fonctionnaires des services de pointe du ministère de l'Intérieur font leurs cartons. À compter du 21 mai, les services de renseignement de la Place Beauvau rejoignent leur nouveau siège à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). La direction centrale des Renseignements généraux (DCRG) va s'installer aux étages supérieurs de ces anciens locaux d'Euro-RSCG truffés de dispositifs anti-intrusion. Suivra la semaine suivante la Direction de la surveillance du territoire (DST), puis le 20 juin, la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la PJ.
Ce rapprochement géographique précède une réforme d'envergure annoncée par Nicolas Sarkozy à la veille de sa victoire. Le 2 mai dernier, dans une lettre adressée au secrétaire général du syndicat de police Synergie-Officiers, il a confirmé être favorable à « la mise en place d'une direction unifiée du renseignement intérieur en France pour mieux lutter contre le terrorisme ». Il est même allé plus loin : « Je n'exclus pas une adaptation des structures de la police nationale pour mieux répondre à l'évolution de la délinquance ». [Au syndicat, il semble qu’on ait appris la nouvelle par la presse, NDLR]
« Éviter les doublons »
À côté de la police judiciaire, déjà remise sur pied, et du pôle de l'ordre public, qui pourrait subir certains réaménagements concernant notamment l'articulation de la Sécurité publique et des forces mobiles, une Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) coiffant, RG, DST et SDAT, devrait donc voir le jour. Tout serait réorganisé en fonction des missions : antiterrorisme, contre-ingérence, intelligence économique, suivi des phénomènes sociaux et de quartier...
« Ce n'est pas la fusion pour la fusion, explique un connaisseur du dossier. Mais il est clair que la logique est d'éviter les doublons, de favoriser une vraie coopération et de mettre en commun les moyens. » Et chacun doit y : les RG, très implantés localement, apportent leur connaissance du terrain ; la DST, seul service habilité à traiter les dossiers au plan judiciaire avec la SDAT, ses capacités techniques et technologiques. La DGSI interviendrait sur trois plans : au niveau de l'agglomération, en fournissant un appui dans la lutte contre les violences urbaines ; au niveau régional, par des unités axées sur la lutte contre les phénomènes terroristes ; et au niveau central, avec ses sections d'analyse et de détection des phénomènes « subversifs ». S'y ajouterait une structure nationale chargée des procédures en liaison avec la section antiterroriste du parquet de Paris.
Dans le sérail, le préfet Bernard Squarcini, haut fonctionnaire proche de Nicolas Sarkozy [lui aussi partie civile dans l’affaire dans l’affaire Clearstram, NDLR], est souvent cité comme possible chef de la DGSI. Mais les jeux sont loin d'être faits. En tout état de cause, cette réorganisation sera pilotée par Claude Guéant [le nouveau Secrétaire général de l’Elysée, NDLR], l'homme de confiance de Nicolas Sarkozy, concepteur depuis l'origine d'un véritable plan de réforme du système de sécurité nationale. Car la vision élyséenne va plus loin. Pour mieux coordonner l'action des services de renseignement de police (civils par essence) et militaires (comme la DGSE), une nouvelle structure pourrait voir le jour à l'Élysée, sous la forme d'un Conseil national de sécurité (CNS).
Deux options sont envisagées : un simple « lifting » du Conseil de sécurité intérieure (CSI) créé en 2002 sous Chirac, ou un CNS à l'américaine qui coifferait de facto le secrétariat général de la Défense nationale. Et il faudrait là une loi organique.
© Jean-Marc Leclerc, Le Figaro du 14 mai 2007.
A lire, sur le site de la Documentation française : Renseignement et lutte anti-terroriste.
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