La proclamation de Louis Delgrès sera lue cet après-midi
Comme le rappelait une dépêche de l’Agence France Presse en date du 9 mai dernier, le 10 mai ne fait pas l'unanimité, notamment auprès des populations les plus concernées, Outre-mer, où l’on défend le 23 mai.
C’est justement ce 23 mai 2007, à 15 heures, que se tiendra dans le 20e, rue Louis-Delgrès, une cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Et ce à l’initiative du Conseil de quartier des Amandiers, du Conseil municipal des enfants du 20e, du Comité du 23 mai (CollectifDom), de la Délégation générale à l’Outre-mer (Ville de Paris), avec la présence notamment de Jean-Michel Rosenfeld, adjoint au maire du 20e, chargé de la mémoire et de Anne-Charlotte Keller, déléguée au maire du 20e, chargée de l’enfance.
Concrètement, chaque département d'Outre-mer fête cet événement en ordre dispersé : le 27 avril à Mayotte (en souvenir du 27 avril 1848, date de l'abolition officielle de l'esclavage par la France par un décret de Victor Schoelcher), le 22 mai à la Martinique, le 27 mai en Guadeloupe et le 10 juin en Guyane. Il faut reconnaître que les courriels et télécopies, à l'époque, s'appelaient… des bateaux et qu'un texte partant de Paris n'arrivait pas partout au même moment et ne pouvait donc pas être promulgué…
Et il a fallu attendre le 30 janvier 2006 et le président Jacques Chirac pour que la France choisisse aussi une date pour célébrer la fin de l'esclavage, cette « barbarie civilisée », comme disait Aimé Césaire, l’un des chantres de la négritude.
Proposée par le Comité pour la mémoire de l'esclavage (CPME), présidé par l'écrivain guadeloupéen Maryse Condé, la date du 10 mai ne correspond historiquement à aucun moment clef de la lutte contre l'esclavage.
Trois bonnes raisons pour ne pas respecter le 10 mai
Le seul événement correspondant à ce jour est la lettre aux citoyens de Guadeloupe écrite par le colonel Delgrès (suicidé avec 300 des siens), le 10 mai 1802, lorsqu'il prit la tête d'un groupe de militaires opposés à la décision de Napoléon de rétablir l'esclavage.
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A l'occasion du bicentenaire de la mort de Louis-Delgrès, La Poste avait émis un timbre, dessiné par le navigateur, écrivain et dessinateur Titouan Lamazou.
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Pour la plupart des associations ultramarines, il fallait retenir la date du 23 mai, pour trois raisons :
• c'est le 23 mai 1848 que les esclaves martiniquais ont vécu leur premier jour de liberté ;
• c'est le 23 mai 1998 que plus de 40 000 descendants d'esclaves ont marché silencieusement dans les rues de Paris ;
• c'est le 23 mai 2001 qu'a été publiée la loi dite Taubira au Journal Officiel.
Pour Victorin Lurel, député de la Guadeloupe et président du Conseil régional de l’archipel, « la date du 23 mai s'imposait, car il s'agit de commémorer les victimes de l'esclavage, et non les abolitionnistes ». Une position reprise par Mme Marie-Ségolène Royal durant la campagne présidentielle.
De son côté, Patrick Karam, président des comités de soutien de Nicolas Sarkozy dans l'Outre-mer, avait lui aussi fermement défendu la date du 23 mai auprès de notre nouveau président…
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La proclamation de Louis Delgrès à Basse-Terre (Guadeloupe)
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Pour Jacques Attali, ancien conseiller de François Mitterrand, le 10 mai doit « revenir » au seul président socialiste de la Ve République, élu pour la première fois à l'Elysée en 1981, un 10 mai. Comme Jacques Attali a indiqué le 16 mai avoir été appelé par Nicolas Sarkozy et dit qu'il était prêt à « réfléchir » à un éventuel rôle auprès du nouveau président, il pourrait peut-être en toucher deux mots au nouveau co-prince d’Andorre.
Quoi qu’il en soit, la proclamation du colonel d’infanterie « A l’univers entier, le dernier cri de l’innocence et du désespoir » sera lue cet après-midi, avant quelques poèmes, déclarations de responsables associatifs et politiques… et un verre de l’amitié, hors de toute tendance partisane en cette nouvelle période électorale qui a démarré lundi.
Le magazine Arthème vient de sortir son 18e numéro sur le thème des œuvres commémoratives et de la traite négrière dans l’arc antillais. Voir ici.
Fabien Abitbol
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