La peur au ventre et la solidarité
Cinq semaines après les violents heurts entre policiers et parents d’élèves, ces derniers appréhendent le résultat de dimanche soir.
« Les sympathisants de la cause des sans-papiers (...) sont les seuls responsables de la violence en agressant, en insultant la police et en dégradant du matériel public. » Ainsi s’est exprimé Jean-Jacques Giannesini, candidat UMP aux législatives dans le 19e arrondissement de Paris. Une phrase lâchée deux semaines après l’arrestation, le 20 mars dernier, d’un grand-père chinois sans-papiers venu chercher ses petits-enfants scolarisés à l’école maternelle de la rue Rampal. À regarder le ballet des allées et venues des parents accompagnés de bambins, hier matin, aux abords de l’établissement scolaire, la rue Rampal n’a pourtant rien du repaire de dangereux délinquants dépeint par le conseiller municipal UMP. Sur le panneau d’information : un appel à témoin pour constituer un dossier judiciaire. Les parents victimes de coups sont invités à transmettre leurs certificats médicaux.
Devant l’entrée, les mamans chinoises déclinent les questions avant de s’éclipser. La tête ceinte d’un turban, une maman africaine s’indigne des propos tenus par le chef de l’UMP lors du débat qui l’opposait, la veille, à Ségolène Royal. « La mauvaise foi et les mensonges de Nicolas Sarkozy lorsqu’il a parlé de l’arrestation devant notre école m’ont tellement révoltée que j’ai éteint la télé », soupire-t-elle. Sourire crispé, Barzgar (1), un réfugié politique tibétain, n’oublie pas qu’il est passé lui aussi, pendant quatre ans, par la case « sans-papiers » avant d’obtenir l’asile. L’indignation de ce papa témoins des violences policières est intacte : « Nicolas Sarkozy dit que c’est normal d’arrêter un grand-père sans papiers. Mais est-ce que c’est normal que des policiers jettent des bombes lacrymogènes à la sortie d’une école ? Quels citoyens vont devenir des enfants qui ont vu un tel spectacle ? ». Seule source de réconfort, pour les parents comme pour les enfants sans papiers : la solidarité dont les entoure la communauté éducative. « Nous essayons, dans cette période haineuse, d’organiser une solidarité de proximité, en accompagnant les familles dans leur démarche, en leur offrant, par les parrainages, une protection symbolique », explique Rachel. Mais, ajoute cette maman de deux enfants, « en cette veille d’élection, nous sommes sur le qui-vive. L’élection de Nicolas Sarkozy serait synonyme d’aggravation pour la situation de ces familles ». Un sentiment d’angoisse d’autant plus fort que les arrestations ne connaissent pas de trêve. « Au métro et dans la rue de Belleville, les contrôles d’identité sont quasi quotidiens en ce moment », témoigne Dominique Perez, l’une des animatrices du Réseau Éducation sans frontières pour le groupe scolaire Lassalle-Rampal. De là à penser que cette agitation n’est pas étrangère au plan com’ du candidat UMP...
Le grand-père interpellé de manière spectaculaire, le 20 mars, a été relâché très vite. Mais il est toujours clandestin. Mercredi après-midi, la maman d’un élève de l’école de la rue Rampal a été interpellée à Aubervilliers, alors qu’elle faisait son marché. Grâce à la mobilisation des parents, elle a été libérée. Mais elle reste, elle aussi, sans papiers.
(1) Le prénom a été changé.
© Rosa Moussaoui
Article paru dans « L’Humanité » du 4 mai 2007.
L'appellation de sans-papiers est incorrecte. Les étrangers en cause avaient des papiers : visas, titres de séjour ou récépissés de demandes d'asile. Ils connaissaient de ce fait la date de la fin du séjour dont ont leur refuse la reconduction. Cette autorisation non renouvelée, ils prennent volontairement le risque d’être dans l’illégalité. S'ils n'ont pas de papiers c'est du fait de cette situation illégale. L'expression "étrangers illégaux" est plus appropriée que celle de "sans-papiers" qui transforme un manquement à la loi en privation d'un droit.
Les autorités n’ont pas à fléchir face à la pression des personnes qui encouragent ces illégaux. Les Français ont en effet organisé leur destinée dans le cadre d’un État de droit ce qui postule qu’une situation illégale ne puisse être créatrice de droit, en particulier de droit au séjour.
Les associations qui tentent d'orienter la gestion de l'immigration ne doivent pas influer sur les décisions du gouvernement représentatif de tous les Français et, de fait, le remplacer pour la délivrance de titres de séjour. Nos concitoyens verraient alors qu’ils sont dessaisis de ce qui caractérise un pays démocratique : confier à des gouvernants la gestion du pays, y compris l’immigration. Les autorités n'ont pas à céder à ces associations, cela d'autant plus que la délivrance d’une autorisation de séjour entraîne des conséquences financières importantes : adhésion à la sécurité sociale, aide sociale. Les militants des sans papiers ne prennent pas en charge sur leur propre budget les frais : hôtel, pécule, école, sécurité sociale, garderie, centre aéré et autres, des personnes auxquelles les autorités compétentes refusent des papiers. Ce serait pourtant à eux de payer et non à la collectivité puisque celle-ci, par ses représentants, estime qu’il n’y a pas lieu à délivrance d’un titre de séjour.
Les groupes qui tentent d'imposer les étrangers sans papiers obligent en fait leurs concitoyens à prendre en charge l'accueil de personnes non désirées, tout en dédaignant les conséquences que peuvent avoir des arrivées non légitimes, en particulier la montée de l'extrême droite.
La régularisation d’illégaux peut en effet amener les Français à critiquer la présence d’étrangers et donc détériorer les relations de ces derniers avec nos concitoyens.
Les sans papiers créent de plus un trouble spécial dans une société où le citoyen ne peut sortir sans une multitude de papiers. Pour aller en voiture à la pêche à la ligne il lui faut le permis de pêcher, l'assurance de l'automobile, la carte grise, le permis de conduire. Si le fils veut passer cet examen du permis, il doit posséder une attestation de recensement et un certificat d'aptitude à la conduite des vélomoteurs. Il lui faut des papiers pour avoir le droit de passer un examen permettant d'obtenir également un papier. Dans ces conditions les Français peuvent être choqués par le fait que l'on puisse obtenir des papiers avec pour seul motif le fait que les autorités compétentes ne veuillent pas les délivrer. Par contre pour eux, Français, l’obtention d’un passeport, d’une carte d’identité, tient du parcours du combattant. Et chaque fois qu’ils vont chez le médecin ou le pharmacien ils sortent leur carte vitale, un papier parmi les dizaines qu’ils doivent posséder. Les Français semblent être devoir les seuls, dans leur propre pays, à être obligé d’être des « avec papiers » pour survivre. Ceux qui préparent leur retraite, Français ou étrangers, doivent retrouver tous leurs papiers, sinon ils sont financièrement sanctionnés. La théorie des "sans papiers" ne fonctionne pas pour les travailleurs.
Par ailleurs les Français d'origine étrangère et les étrangers en situation régulière sont victimes d'un effet pervers conséquence de la non-expulsion systématique des étrangers illégaux. Faute de mettre en œuvre la police de l’immigration on devient plus sévère à l’égard des étrangers ou des Français d'origine étrangère qui ont de la famille à l'étranger. Un membre de cette dernière peut souhaiter venir en France pour raison familiale. Cependant si cette personne ne peut justifier d’un travail suffisamment rémunéré on lui refusera un visa. En effet on pense qu’une fois en France cet étranger peut être tenté pour «s’incruster» de devenir un illégal qui tentera de se faire qualifier de sans papiers afin d'obtenir une carte de résident.
Le refus d'expulser se fait au détriment des Français d'origine étrangère et de leurs familles restées dans leur pays d'origine. Comme l'on suspecte systématiquement ces dernières de vouloir tricher lorsqu'elles demandent un visa, c'est aux Français d'origine étrangère de se rendre à l'étranger s'ils veulent voir leur famille, le territoire national, leur territoire, étant de fait interdit à leurs proches.
C'est pourquoi les procédures d'expulsion des étrangers illégaux doivent être mises en oeuvre ainsi que celles réprimant l'aide au séjour irrégulier, et ce même à ceux qui pour essayer d'imposer leur loi dénaturent les dispositions du code pénal créant le délit d'aide au séjour irrégulier en soutenant qu'il s'agit en fait d'un délit de solidarité. Il n'a pas à être tenu compte des personnes et des groupes qui font pression sur les décideurs en les accusant à tort de vouloir réprimer la solidarité. De même les étrangers qui sont incités par des groupuscules à faire la grève de la faim n’ont pas à bénéficier d’un passe droit et ceux qui les manipulent doivent être poursuivis dans le cadre des textes relatifs à la mise en danger d'autrui.
Il n'est également pas admissible que certains utilisent de plus en plus le principe de la scolarisation de tous les enfants, y compris de ceux qui ne sont que temporairement en France, pour ensuite revendiquer, du fait de cette scolarisation, un droit au séjour permanent. Il s'agit là d'une tromperie aussi bien pour les enfants en cause que pour la France qui voit une procédure généreuse détournée de son objet. Si ces personnes qui s’opposent aux reconduites à la frontière ont la qualité de fonctionnaire, comme c’est parfois le cas, la sanction disciplinaire de la révocation doit être envisagée en sus des sanctions pénales pour aide au séjour irrégulier.
Depuis des années et avec persévérance les groupuscules inventent des méthodes, l'utilisation des enfants est la dernière, afin de remettre en cause le pouvoir que les citoyens ont délégué aux gouvernants légitimes afin de traiter les problèmes d'immigration.
Pour permettre la liberté de circulation des étrangers respectueux du pays d'accueil il faut une police de l'immigration. Il serait également important que les pouvoirs publics cessent de considérer comme des interlocuteurs valables les associations qui, en mettant en avant les étrangers délinquants comme les sans papiers, compliquent l'intégration des étrangers réguliers et des Français d'origine étrangère. Le problème de l'opportunité de verser des subventions à ces associations se pose également.
Plus généralement, concernant ce problème des sans papiers, il convient de constater que tous les pays au monde pose comme préalable la délivrance d'une autorisation à tout étranger désirant devenir résidant. Nul ne proteste lorsqu’un tel ou tel pays expulse un Français dépourvu de titre de séjour. Les accusations lancées à chaque expulsion de clandestins décidée par les autorités de notre pays sont sans objet.
Notre pays est un pays d’immigration qui ne peut accepter que des gens imposent leur présence avec comme seul argument le slogan "j’y suis j’y reste". Un pays de 60 millions d’habitants, qui accueille des gens de toute race, religion, origine, ne peut survivre à l’application de slogans démagogiques
Rédigé par : gatjg | 16/05/2007 à 18h34