Le maire de Bordeaux entendu par la police dans les Hauts-de-Seine…
Pendant que le président sortant Jacques Chirac appellait les Français à rester « unis et solidaires » dans son discours radio-télévisé (enregistré), après douze années passées à l’Elysée, affirmant partir « avec la fierté du devoir accompli », l’un de ses plus fidèles lieutenants des années Paris, « le meilleur d’entre-nous » des années 90, Alain Juppé, maire de Bordeaux et pressenti pour avoir être ministre d’Etat (vraisemblablement d’un grand ministère regroupant l’Ecologie, le dada de ce mangeur d’ortolans, paraît-il, depuis son retour de la Belle province), était entendu comme témoin par la division nationale des investigations financières (DNIF) à Nanterre (Hauts-de-Seine, dont le président du Conseil général était - encore ce matin – Nicolas Sarkozy, ancien ministre de l’Intérieur).
Après son exil canadien et sa réélection à la mairie de Bordeaux en octobre 2006, Alain Juppé faisait partie des premiers soutiens de Nicolas Sarkozy.
Pressenti l’été dernier pour occuper le perchoir de l’Assemblée nationale que Jean-Louis Debré n’avait pas encore quitté pour la présidence du Conseil constitutionnel, c’est Patrick-Ollier Marie qui attendit le départ du fidèle de Jacques Chirac pour s’installer à sa place, sans jamais siéger, puisque le président de la République n’a pas convoqué l’Assemblée avant les législatives de juin prochain. Ainsi, le compagnon de Michèle Alliot-Marie bénéficiait-il un temps d’un titre honorifique dont il avait annoncé dès le début qu’il ne profiterait pas des avantages liés aux fonction de tout ancien président.
Mais voilà… Sous le bandeau « EXCLUSIF », Le Parisien (du groupe de presse Amaury, dans lequel s’est introduit à 25 % le groupe Hachette) a publié ce soir, une fois l’enregistrement du message présidentiel terminé, avec le titre « Alain Juppé entendu par la justice », sous la plume de Geoffroy Tomasovitch (spécialiste maison des faits-divers et de la justice) et Julien Dumond le sujet suivant :
Coup de théâtre ! Annoncé comme futur ministre d'Etat du prochain gouvernement, Alain Juppé est rattrapé par les affaires. Le maire UMP de Bordeaux est entendu depuis 18 heures dans les locaux de la division nationale des investigations financières (DNIF) à Nanterre (Hauts-de-Seine).Cette audition, comme simple témoin, a été demandée par la juge d'instruction Xavière Siméoni.
La magistrate parisienne enquête sur les « chargés de mission » payés par la Ville de Paris, sous la mandature de Jacques Chirac, au profit du RPR. Une vingtaine de personnes sont déjà poursuivies dans ce dossier qui menace jusqu'à Jacques Chirac.
Diverses conséquences
A 20h02, au beau milieu de la diffusion de l'allocution présidentielle, l’Associated Press publiait déjà l’information. A 21h12, Le Figaro en ligne confirmait l’information, rédigeant un sujet inspiré d’une dépêche de l’Agence France Presse, et indiquant que l’information avait été « révélée par la chaîne LCI » (à 21h31…)
Et Le Figaro de préciser : « Jacques Chirac pourrait, à l'avenir, voir les juges s'intéresser à lui dans le cadre notamment de ce dossier, au terme de son immunité présidentielle, laquelle cessera un mois après son départ de l'Elysée, comme le prévoit l'article 67 de la Constitution. »
Sur LCI (chaîne d’informations en continu du groupe Bouygues, Martin Bouygues étant le parrain du fils du couple Sarkozy), Jean-Marc Ayrault, député de Loire-Atlantique et président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, a estimé que « l'audition d'Alain Juppé par la justice compromet son entrée au gouvernement. »
Alain Juppé, ancien premier ministre, ancien trésorier du RPR, ancien adjoint à la direction des finances et des affaires économiques de la ville de Paris, a déjà été condamné par la cour d'appel de Versailles à un an d'inéligibilité et à quatorze mois de prison avec sursis dans l'affaire des emplois fictifs du RPR. Sans que son supérieur du RPR ou de la Ville de Paris ne soit trop inquiété (bien que convoqué par le juge Halphen qui, sans état d’âme, a voté pour M. Chirac au second tour de la Présidentielle de 2002 afin que M. Chirac en prenne pour cinq ans ferme –d’Elysée…).
Difficile pour l’ancien président du Conseil général des Hauts-de-Seine et ancien ministre de l’Intérieur de n’être pas informé, avec ses nombreux réseaux, de n’être point informé dans les meilleurs délais (peut-être même avant) de l’audition d’Alain Juppé.
D’où, peut-être, l’incessant ballet qui s’est poursuivi cet après-midi dans ses « bureaux provisoires » de la rue Saint-Dominique (qu’il occupe depuis qu’il a quitté le 10e arrondissement) et les divers mouvements observés dans l’entourage du président sortant, où même les affaires africaines semblent gêner le futur locataire, peut-être encore plus que la semaine dernière lorsque les magistrates en charge de l’Affaire Borrel (qui a connu ce mardi 15 mai 2007 un nouveau rebondissement) n’ont pas pu entrer à l’Elysée perquisitionner les bureaux du « Monsieur Afrique » de la rue du Faubourg Saint-Honoré.
André Léger
Dessin d’archive de Placide, extrait du dossier « Le meilleur d’entre nous »
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MISE A JOUR DE MERCREDI 00H45
Aux informations de 00h30, sur i>Télé, la remise en liberté de M. Alain juppé était annoncée, sans autre précision.
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La biographie de Alain JUPPÉ
Source : Who's who in France
Monsieur Alain JUPPÉ
JUPPÉ (Alain, Marie), Inspecteur des finances, Homme politique.
Né le 15 août 1945 à Mont-de-Marsan (Landes).
Fils de Robert Juppé, Propriétaire agricole, et de Mme, née Marie Darroze.
Mar. le 29 avril 1993 à Mlle Isabelle Legrand-Bodin (1 enf. : Clara et 2 enf. de son premier mariage : Laurent, Marion).
Etudes : Lycée Victor-Duruy à Mont-de-Marsan, Lycée Louis-le-Grand à Paris, Ecole normale supérieure (rue d'Ulm).
Dipl. : Diplômé de l´Institut d´études politiques (IEP) de Paris, Agrégé de lettres classiques.
Carr. : Elève de l'Ecole nationale d'administration (Ena) (promotion Charles de Gaulle, 1970-72), Inspecteur des finances (1972), Chargé de mission à l'Inspection générale des finances (IGF) (1975-76), Chargé de mission au cabinet de Jacques Chirac (Premier ministre) (juin-août 1976), Conseiller technique au cabinet de Robert Galley (ministre de la Coopération) (1976-78), Conseiller technique au cabinet de Jacques Chirac (maire de Paris) (1978), Directeur général de la commune de Paris et chargé des fonctions de directeur des finances et des affaires économiques (1980), Conseiller du 18 e arrondissement de Paris (1983-95), Deuxième adjoint au maire de Paris, chargé des affaires budgétaires et financières (1983-95), Parlementaire européen (liste Union de l'opposition pour l'Europe et la défense des libertés) (1984-86), élu le 16 mars 1986 Député de Paris, inscrit au groupe du Rassemblement pour la République (RPR), cède son siège à Françoise de Panafieu (1986), Ministre délégué auprès du ministre de l´Economie, des Finances et de la Privatisation, chargé du Budget (1986-88), Porte-parole du conseil des ministres (1986), élu à nouveau Député de Paris (1988), élu le 18 juin 1989 au Parlement européen (liste l´Union UDF-RPR), cède son siège à François Musso (1989), élu à nouveau Député de Paris le 28 mars 1993, inscrit au groupe RPR, cède son siège à Yves Verwaerde (1993), Ministre des Affaires étrangères (1993-95), Premier Ministre (1995-97), Député de la Gironde (1997-2004), inscrit au groupe de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP) devenu Union pour un mouvement populaire (UMP); Maire de Bordeaux (1995-2004 et depuis 2006), Président (1995-2004), Premier vice-président (depuis 2006) de la Communauté urbaine de Bordeaux, Président du comité d'expansion Aquitaine (1995); au RPR : Délégué national (1976-78), Secrétaire national, chargé du redressement économique et social (1984-86), Secrétaire général (1988-95), Président par interim (1994-95), Président (1995-97); Président de l'UMP (2002-04); Secrétaire général du Club 89 (1981), Fondateur de l'association France moderne (1997); Professeur invité à l'Ecole nationale d'administration publique du Québec (Canada) (2005-06).
Œuvres : la Tentation de Venise (1993), Entre nous (1996), Montesquieu, le moderne (1999), Entre quatre z'yeux (entretiens, 2001), France, mon pays. Lettres d'un voyageur (2006, prix Louis Pauwels 2007).
Décor. : Grand-croix du Mérite de l'ordre souverain de Malte
Adresse professionnelle : Mairie de Bordeaux place Pey Berland 33000 Bordeaux France
France
Organisation : MAIRIE DE BORDEAUX
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