Ce dimanche, journée nationale du Souvenir
Dans « Les Naufragés et les Rescapés », Primo Lévi écrivait au sujet des agissements de Adolf Hitler en Europe lors de la Seconde guerre mondiale « C'est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau ». Depuis 1954 existe par une Loi d’Etat la Journée du Souvenir. C’est ce dimanche 29 avril 2007. Une journée marquée d'habitude d’une grande solennité mais qui prend cette année une allure bizarre.
Sobriété étonnante cette année de la part du Gouvernement, qui publie, par le biais du ministère de la Défense, le simple communiqué suivant :
Tous les ans, le dernier dimanche d'avril, un hommage est rendu aux héros et victimes de la déportation, morts dans les camps de concentration du III e Reich au cours de la guerre 1939-1945.
Ce 29 avril, dans toute la France, des cérémonies officielles sont donc organisées, pour évoquer le souvenir des souffrances et des tortures subies par les déportés dans les camps de concentration et rendre hommage au courage et à l'héroïsme de ceux et de celles qui en furent les victimes.
À Paris, deux cérémonies officielles seront présidées, au nom du gouvernement, par Monsieur Hamlaoui Mekachera, Ministre délégué aux Anciens combattants : au Mémorial du martyr juif inconnu et au Mémorial des martyrs de la Déportation.
Après une marche silencieuse jusqu'au Mémorial des martyrs de la Déportation, à la pointe de l'Île de la Cité, le Ministre délégué se rendra dans la crypte, afin de s'incliner devant la tombe du Déporté inconnu.
Le ministère publie en outre une plaquette de la collection « Mémoire et Citoyenneté » sur la journée, plaquette éditée en…2000 (!) par le Secrétariat général pour l’administration (Direction de la Mémoire, du patrimoine et des archives).
Comme si la Loi n° 54-415 du 14 avril 1954 (consacrant le dernier dimanche d'avril au souvenir des victimes de la déportation et morts dans les camps de concentration du Troisième Reich au cours de la guerre 1939-1945) était si anodine que cela. Elle stipule dans son article premier que « La République française célèbre annuellement, le dernier dimanche d'avril, la commémoration des héros, victimes de la déportation dans les camps de concentration au cours de la guerre 1939-1945 » et dans son deuxième que « Le dernier dimanche d'avril devient "Journée nationale du Souvenir des victimes et héros de la déportation". Des cérémonies officielles évoqueront le souvenir des souffrances et des tortures subies par les déportés dans les camps de concentration et rendront hommage au courage et à l'héroïsme de ceux et de celles qui en furent les victimes ».
En 2005, le président de la République avait fait une importante allocution sur le Parvis des Droits de l’Homme, en présence entre autres du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et du président de l’Assemblée nationale Jean-Louis Debré.
Certes, 2005 n’était pas une année proche du Premier mai. Certes, en 2005 il fallait se montrer un mois avant le référendum sur le Traité constitutionnel européen (pourtant donné comme gagné d’avance). Certes, en 2005 il n’y avait pas l’ambiguïté d’un entre-deux tours présidentiel incertain et le président de la République (il l’a montré malgré sa défaite référendaire du 29 mai 2005) n’était pas prêt à quitter l’Elysée. Cette année, l’agenda présidentiel est vide du jeudi 26 avril au jeudi 3 mai.
A cette heure, rien n’est inscrit sur les autres agendas ministériels (pas même que Mme Alliot-Marie sera sur Canal + en clair à 12 h 40 avec M. Hollande). On a beau triturer les agendas des acteurs du gouvernement, on ne peut que constater que le seul à travailler ce dimanche est M. Hamlaoui Mekachera, l’avant-dernier dans l’ordre protocolaire depuis le dernier remaniement gouvernemental. Etonnante notion de l’entretien de la Mémoire. Surprenante vision d’une « France qui se lève tôt ».
Notons toutefois que cette année l’association homosexuelle « Les oublié(e)s de la Mémoire » est conviée à la manifestation parisienne, comme l’indique le site du magazine Têtu.
Deux jours plus tard, alors que la France sera toujours en vacances et le Gouvernement en quasi-vacance, d’autres, qui nous rappellent les années les plus sombres de notre Histoire, ne manqueront pas, comme à chaque Premier mai, de défiler dès 10 heures pour atteindre l’Opéra à midi et y écouter religieusement le discours de leur chef.
Fabien Abitbol
Pour le 20e arrondissement, cliquer ici (rien sur les sites des autres mairies d’arrondissement de l’Est parisien à la rubrique « Actualités » ni en page d’ouverture).
L’agenda du maire de Paris est le suivant :
15h30 : Cérémonies au Mémorial de la Shoah (17, rue Geoffroy-L’Asnier, 4e) ; 16h : Cortège par la rue Geoffroy-L’Asnier, le pont Louis-Philippe et le pont Saint-Louis ; 16h15 : Arrivée sur l’Ile de la Cité ; 16h25 : Cérémonies au Mémorial des Martyrs de la Déportation, Ile de la Cité (4e) ; 16h30 : Dépôt de gerbe dans la crypte ; 16h40 : Dépôt d’un bouquet de fleurs au pied du Mémorial et salut aux porte-drapeaux ; 18h15 : Dépôt de gerbe et ravivage de la flamme, Arc de Triomphe.
L’agenda du ministre-délégué aux Anciens combattants est calqué sur celui du maire de Paris, de 15h45 à 16h30.
A lire : Le Souvenir des déportés du 20e, La jeune fille à la fenêtre (« L’Humanité » du 19 avril 2001)
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