Le film « La môme » sur Edith Piaf part à la conquête de l'Amérique
Le film « La môme » sur la vie d'Edith Piaf tente cet été de conquérir le public américain, mais l'oeuvre va devoir surmonter le relatif anonymat qui entoure aujourd'hui la chanteuse française outre-Atlantique, 50 ans après ses tournées triomphales.
Projeté à Hollywood lundi en ouverture du festival du film français à Los Angeles COL-COA, le film a été très bien reçu et sa principale interprète Marion Cotillard applaudie debout, selon le directeur du festival, François Truffart.
« On sentait qu'il y avait une vraie attente, ça faisait trois semaines que des gens nous appelaient pour réserver, et on était complets depuis 10 jours », tandis qu'une autre séance prévue cette semaine a vu ses billets partir en une heure, selon lui.
Olivier Dahan et Marion Cotillard à Los Angeles, le 16 avril 2007 Photo: © Mark Mainz/AFP/Getty
Pour le marché américain, le film a été rebaptisé « La vie en rose », un beau contresens vu son contenu mélodramatique. « Mais "La môme" se traduit en anglais "The kid", titre déjà pris par un célèbre film de Charlie Chaplin », a souligné son réalisateur Olivier Dahan.
Alors que le film sort le 8 juin aux Etats-Unis, la question se pose de savoir s'il peut s'y hisser au niveau de récents succès français comme « Amélie Poulain » ou « Un long dimanche de fiançailles ». M. Dahan s'est refusé à toute prédiction, espérant simplement que « des gens iront voir le film », qui a effectué une belle carrière française avec cinq millions d'entrées.
Toutefois, « même pour les gens de ma génération, Edith Piaf, c'est déjà de l'histoire ancienne », estime Joel Stratte-McClure, 58 ans, chroniqueur mondain à Hollywood et ancien correspondant du magazine People en France.
« Le potentiel du cinéma français aux Etats-Unis, c'est 50 000 spectateurs à New York, autant à Chicago, Los Angeles et San Francisco », remarque de son côté Pascal Vaguelsy, producteur français installé à Hollywood où un de ses films, « West Bank Story », a obtenu l'Oscar du meilleur court métrage en février.
Pour M. Truffart, il ne faut pas sous-estimer le « phénomène Piaf ». « C'est une artiste qui a été extrêmement célèbre aux Etats-Unis », rappelle-t-il. Il souligne aussi que « pour les Américains, la performance est quelque chose d'extrêmement important, et là, ils sont complètement époustouflés » par celle de Marion Cotillard.
L'actrice, en tournée de promotion aux Etats-Unis, a assuré que la méconnaissance de Piaf par les jeunes générations laissait une chance au film : « je ne pense pas qu'il faille savoir qui elle était pour l'apprécier. Son talent, sa passion et ses émotions parlent d'eux-mêmes ».
Au pays des œuvres à gros budget, les ambitions étrangères doivent être mises en perspective : le drame allemand « La vie des autres », Oscar du meilleur film étranger et porté aux nues par la critique, a obtenu seulement huit millions de dollars de recettes depuis février.
« Si la promotion et le bouche-à-oreille fonctionnent, "La môme" peut aller très au delà de ce que fait normalement un film étranger aux Etats-Unis », assure M. Truffart.
En 2001, « Le fabuleux destin d'Amélie Poulain » avait raflé 33 millions de dollars de recettes en Amérique du Nord. Trois ans plus tard, « Un long dimanche de fiançailles » avait été considéré comme un succès avec 6,5 millions, alors que « Shrek 2 » en obtenait... 70 fois plus.
Depuis 2005, le documentaire « La marche de l'empereur » détient le titre de film français ayant remporté le plus gros succès public outre-Atlantique avec 77,4 millions.
« Est-ce que "La môme" va atteindre l'échelle du phénomène "Amélie Poulain" ? Ce n'est pas impossible. Il y a une perception de la culture européenne et française (dans le film) qui correspond à l'image que les Américains s'en font. Je crois qu'il y a un potentiel, un gros potentiel », juge M. Truffart.
© Tangi QUEMENERLOS ANGELES (AFP)
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