C’était un 25 mars…
Le 25 mars 1871, Adolphe Thiers abandonne Paris aux Communards. Les Prussiens campent encore autour de Paris, l'Assemblée constituante est réfugiée à Bordeaux. Face à une capitale traumatisée par la défaite et secouée par des émeutes sporadiques, Adolphe Thiers, le chef du pouvoir exécutif, décide d'évacuer les soldats et de revenir en force pour débarrasser la ville de ses éléments républicains, socialistes ou révolutionnaires.
En gros, c’était le foutoir, si l’on simplifie ce que disent les historiens.
Le 25 mars 2007, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, chargé des cultes, achève sa dernière journée de travail. Belleville est traumatisée par des événements qui se sont passés alors qu’il était en visite dans d’anciennes colonies françaises. Comme autrefois, l’Est parisien a su se rebeller contre l’Etat centralisateur.
Une directrice d’école en garde à vue ? Ce n’est pas sa faute, c’est une affaire qui regarde la justice. Sympathique solide hilarité gouvernementale ! Pourquoi un document sur cette sordide histoire a-t-il été rédigé à la hâte par la Préfecture de Police ? Le Garde des Sceaux était souffrant ?
L’encore numéro 2 du gouvernement (dès demain 10h30, ce sera Mme Alliot-Marie : elle l’avait précédé à l’UMP, elle lui succèdera dans le rang protocolaire au gouvernement) se défausse. Il rejette sur le Garde des Sceaux, ministre de la Justice une convocation policière et l’interpellation d’une enseignante dans le commissariat de quartier de son école. C’est d’ailleurs le Parquet qui a demandé sa remise en liberté. Il a redit ce soir sur Europe 1 ce qu’il avait dit depuis Schoelcher (Martinique), ville qui tire son nom du premier abolitionniste. Jean-Pierre Elkabbach ne lui a pas fait remarquer que la police et la justice sont deux entités différentes dans l’Etat de droit qu’est censé être la République française.
Si cet homme est sincère, c’est qu’il connaît mal les Institutions. Ou qu’il prend les Français pour des imbéciles. En espérant que ce n’est pas les deux…
Demain matin, alors que la Place Beauvau sera solidement surveillée (les journalistes accrédités doivent arriver avant 9h15), les parents d’élèves battus par la police dans la rue (sous le regard de leurs enfants et l’œil attentif de plusieurs citoyens équipés de caméras) se rendront dans le 12e arrondissement chez les bœufs-carottes. L’occasion de voir si le code de déontologie mis en place par M. Sarkozy a bien été respecté.
Demain soir, à 19 heures, un rassemblement pour fêter symboliquement ce départ est prévu par de nombreuses organisations à la porte Saint-Martin et si l’Etat de droit n’a pas évolué en un état de droite (ah… c’est déjà le cas ?), les participants tenteront de marcher un peu tranquillement dans les rues de Paris, pourquoi pas jusqu’à la rue d’Enghien ?
Adolphe Thiers avait été journaliste et avocat. Nicolas Sarkozy rêvait d’être journaliste, il a été avocat. Son successeur, un ancien journaliste d’Europe 1, est également avocat (depuis peu il est vrai). Et l’Est parisien se montre toujours résistant !
Fabien Abitbol
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