A la Nation, ils veulent interpeller les candidats à la Présidence
Ce jeudi 22 mars, devant la colonne du Trône où se trouvent les portraits géants de notre voisin le journaliste Guy-André Kieffer (GAK) et de son confrère le caméraman Frédéric « Fred » Nérac (Métro Nation, Cours de Vincennes, trottoir 11e arrondissement), les comités de soutien aux deux journalistes disparus se réunissent à 11 heures afin d’interpeller les douze candidats à l’élection présidentielle. Une présence massive serait la bienvenue.
Le dimanche 11 mars, le courrier suivant était envoyé aux candidats potentiels à la course à l’Elysée, dont la liste définitive a été arrêtée lundi par le Conseil constitutionnel.
Madame, Monsieur,Vous vous présenterez prochainement devant les Français pour qu’ils vous choisissent comme Président(e) de la République.
Il en est un, Français, qui ne pourra glisser son bulletin dans l’urne. Il s’appelle Guy-André Kieffer. Il est journaliste. Il a disparu à Abidjan le 16 avril 2004, enlevé, probablement assassiné. Son crime : avoir tout simplement fait son métier en enquêtant sur des affaires gênantes pour le régime de Laurent Gbagbo, président de la Côte d’Ivoire.
L’enquête judiciaire conduite par les juges Patrick Ramaël et Emmanuelle Ducos a pointé les responsabilités probables de l’entourage de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, les juges ont sur leur bureau une liste de témoins qu’ils souhaiteraient entendre, auditions essentielles à l’avancement de leur enquête. Mais, malgré des demandes répétées, M. Ramaël et Mme Ducos n’ont pas pu avoir accès à ces témoins en Côte d’Ivoire : les autorités de ce pays sont responsables de ce blocage. Les autorités françaises, elles, s’en désintéressent.
Une chape de plomb pèse sur l’affaire Kieffer depuis son commencement. Malgré les bonnes paroles des ministres des Affaires étrangères que nous avons sollicités, la France ne s’est jamais réellement mobilisée pour le journaliste Guy-André Kieffer comme elle a su le faire efficacement pour ses confrères Christian Chesnot, Georges Malbrunot et Florence Aubenas.
Cela ne peut plus durer. Candidat (e), nous vous demandons de nous aider, de vous engager à faire enfin émerger la vérité dans cette affaire. Nous sollicitons de votre part une déclaration publique dans laquelle vous exprimerez votre préoccupation pour la disparition de notre ami. En y précisant que, si vous êtes élu(e), vous vous engagerez à agir sans attendre pour qu’advienne la vérité pour Guy-André Kieffer.
Avec nos salutations respectueuses,
Osange Silou-Kieffer, Canelle et Sébastien Kieffer, Irène et Jacques Kieffer, Bernard et Eric Kieffer ; Association « Vérité pour Guy-André Kieffer » ; Reporters sans Frontières ; Comité de soutien des Bretons pour Guy-André Kieffer ; Comité soutien de l’Outre-Mer à Guy-André Kieffer ; Comité de soutien des Ivoiriens pour Guy-André Kieffer.
Le 12 mars, lors de l’appel au rassemblement de ce jeudi 22, l'association « Vérité pour Guy-André Kieffer » terminait son communiqué par « Venez nombreux : nous avons besoin de votre soutien ! »…
Tout comme Fred Nérac, disparu depuis 2003 en Irak (un pays sur lequel, pourtant, les regards du monde entier sont tournés depuis maintenant quatre ans), notre voisin Guy-André Kieffer est très (trop) souvent oublié, y compris par les autorités françaises. Ainsi, le 29 juillet 2004 (GAK avait déjà disparu depuis plus de trois mois), le ministre de la Culture, M. Renaud Donnedieu de Vabres, prononçait un « hommage aux journalistes disparus ou morts en mission ». En Côte d’Ivoire, on ne trouvait que le nom de Jean Hélène, journaliste de RFI assassiné d’une balle dans la tête…
Régulièrement, les comités Kieffer s’associent aux comités Nérac, et inversement, comme l’avait souligné « Jeune Afrique », déjà, en 2005, lors d’un concert de soutien à Florence Aubenas.
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