Rediffusion du documentaire ce soir dans « Infrarouge » sur France 2 à 23h50
En ces temps difficiles notamment pour les « petits » agriculteurs, commerçants et artisans, le documentaire de Jacques Cotta et Pascal Martin (diffusé le 16 septembre 2005), produit par VM Groupe avec la participation de France 2 est à revoir. Une enquête sur l'assassinat de deux inspecteurs du travail en 2004 révèle la violence du rapport de force entre l'Etat et un monde rural en crise (prochaine diffusion annoncée par France 2 le 1er avril à 05h00).
Le 2 septembre 2004, Sylvie Trémouille et Daniel Buffière, inspecteurs du travail en agriculture, étaient assassinés à Saussignac (Dordogne) par un agriculteur qui employait des cueilleurs de prunes sans les déclarer, et en les sous-payant. Le procès a eu lieu en début de mois.
Depuis ce double meurtre, les collègues de Sylvie et Daniel, même s'ils refusent de l'avouer, poursuivent aujourd'hui leur mission « la peur au ventre ». Un sentiment perceptible devant la caméra présente à de nombreuses reprises aux côtés des inspecteurs qui effectuent leurs contrôles... Peu nombreux sont ceux qui manient la langue de bois. Les inspecteurs du travail expriment leur crainte et leur sentiment d'abandon de la part des pouvoirs publics.
Ils sont déterminés à défendre les salariés en exigeant le respect du code du travail mais se sentent bien peu soutenus. Ils se sentent vulnérables, découragés parfois, seuls face à des situations souvent inquiétantes. Les employeurs locaux parlent aussi sans détour. Ils ne cachent pas que de leur point de vue,
« C'est bien fait pour eux, les inspecteurs du travail, qui veulent les empêcher d'embaucher comme ils l'entendent. Cela justifie-t-il le double meurtre d'une femme et d'un homme dans la force de l'âge ?
« Il faut comprendre ce pauvre paysan à qui les autres mettaient des bâtons dans les roues ». Le meurtre justifié, à la limite revendiqué ! Simple idéologie ? Non, derrière les mots existent des intérêts plus ou moins cachés. L'existence de fausses entreprises de fourniture de main d'œuvre saisonnière, esclavagistes des temps modernes, qui font payer à des travailleurs souvent originaires d'Afrique du Nord le passage pour travailler bien en dessous du Smic. C'est d'ailleurs dans le département voisin du Lot-et-Garonne, là où la coordination rurale, scission de droite de la FNSEA est majoritaire, qu'on explique sans ambages qu'ailleurs « les paysans ont droit à des immigrés à deux ou trois euros de l'heure, alors ici faut arrêter de nous gonfler avec le Smic » ! C'est là aussi que, joignant le geste à la parole, on assiste à la remise du prix de l'Ours qui désigne « le fonctionnaire le plus chiant de l'année pour les agriculteurs du département ». En 2003, un an avant le double assassinat de Saussignac, la lauréate n'était autre que la meilleure amie de Sylvie Trémouille, également inspectrice du travail en agriculture dans le département...
Commentaires