Ne perdons pas de vue ceux qui nous l'ont rendue…
Je n'ai pas vu Polnareff depuis son exil fiscal. La dernière fois, c'était au festival de Carthage (Tunisie), en 1971 ou 1973 je ne me souviens plus très bien. Pour des raisons de santé et de finances, je n'ai pas fait partie de ces nombreuses personnes agglutinées vendredi soir à Bercy… et je n'ai pas cherché à en faire partie. Aussi, je ne peux conter l'ambiance qu'a su mettre le fils de l'un des musiciens de la môme Piaf pour son retour tant attendu sur scène…
Depuis trois semaines qu'il était revenu en France dans une relative discrétion, le béarnais péroxydé avait fait un petit tour dans nos provinces, discrètement, profitant de sa vue partiellement retrouvée. « Ne perdez pas de vue ceux qui vous l'ont rendue », avait-il écrit sur la pochette de l'album sorti lors de sa fameuse interview par Michel Denisot dans le désert pour Canal +. Pour les néophytes ou les trop jeunes, la fiche de Michel Polnareff sur Wikipédia est ici. Pour les fans qui n'auraient pas cru à ce retour tant attendu, il n'y a plus de place disponible pour Paris ni pour la tournée dans le circuit normal. Reste le circuit parallèle ou le coup de chance sur un site en ligne… Il remet le couvert à partir de ce soir à Bercy, avant sa tournée. Il n'exclut pas un autre retour sur scène, et encore moins un nouvel album !
F. A.
Ci-dessous, un entretien avec la presse internationale.
« Je savais que le public me porterait »
Pioché dans Canadian Press
A l'issue de son premier concert au Palais Omnisports de Paris-Bercy vendredi soir, c'est un Michel Polnareff heureux de ses retrouvailles avec le public français qui s'est prêté au jeu des questions-réponses avec des journalistes.
« A la fin, j'ai vraiment eu du mal à partir », a notamment confié l'artiste. « Je serais bien resté pour que le 2 mars, qui est quand même une date historique dans ma vie, pour ceux qui m'aiment, dure plus longtemps. »
Question: comment avez-vous trouvé ce retour?
Michel Polnareff: "Il faut demander au public comment j'étais, mais le public, je l'ai trouvé formidable, vraiment. Etonnant. C'était vraiment très, très touchant. J'avais décidé de ne pas avoir le trac parce que c'était quand même quelque chose de dur à affronter. C'est un peu comme un boxeur qui va revenir sur scène sans avoir fait de combat de préparation", car "c'est la première fois qu'on fait le spectacle devant le public (…) J'avais pas le trac bizarrement (...) je savais que le public me porterait. C'est ce qui s'est passé. A la fin, j'ai vraiment eu du mal à partir, beaucoup de mal à partir. Je serais bien resté pour que le 2 mars, qui est quand même une date historique dans ma vie, pour ceux qui m'aiment, dure plus longtemps." Mais "on n'avait plus rien en réserve. On a vraiment donné ce qu'on avait à donner".
Question: allez-vous regretter de ne pas être revenu plus tôt?
Polnareff: "Non, je crois qu'il y a une raison pour tout et je crois qu'il fallait le faire là. Il y avait une envie mutuelle. Il fallait que ça se passe le 2 mars 2007, ça s'est passé le 2 mars 2007. Pourquoi? Il y a des choses qu'on ne contrôle pas."
Question: avez-vous bien dormi la nuit précédant le concert?
Polnareff: "Oui, très, très bien! Pas assez, alors que tout le monde m'attendait (pour) la balance et tout ça. Je me suis recouché, j'ai coupé mon téléphone. Je pense que Gilbert Coullier (le producteur, ndlr) peut vous dire qu'il était très, très inquiet. Mais j'ai dit: 'non, non, laissez-moi. Je sais ce que je fais. Il faut que j'arrive reposé'. Et j'ai vraiment suivi mon rythme à moi, j'ai écouté personne d'autre."
Question: il y a eu entre vous et le public une grande communion sur "Y'a qu'un ch'veu"?
Polnareff: "Je me suis amusé à réécouter la version qu'ils avaient faites à la Star Academy. J'avais trouvé ça marrant. J'ai eu envie de la refaire, c'est une chanson qui rebondit bien... Il n'y a pas que les chansons tristes à message qui soient importantes. Les chansons sans vrai message et pour rigoler, c'est important aussi."
Question: pourquoi avoir choisi "Je suis un homme" en ouverture du concert?
Polnareff: "Je trouvais ça bien de faire un 'statement', à la première chanson. La chanson que tout le monde attendait là-dessus, c'aurait été 'Coucou me revoilou', qui était, disons, plus logique au point de vue paroles" mais "je ne voulais pas rentrer en force", "plutôt ressentir l'amour du public".
Question: que voulait dire la phrase de clôture "2 mars 2007, premier retour"?
Polnareff: "Je ne sais pas exactement ce que je voulais dire par là. C'est quelque chose que j'ai senti à ce moment-là. C'est des retrouvailles, c'est un retour à tiroirs, là, parce qu'au lieu de voir tout le monde en même temps, on a je crois 17.000 personnes par jour à peu près... C'est vrai que j'aurais voulu retrouver tout le monde en même temps, parce que je crois que la date symbolique était le 2 mars. Maintenant, il faut pour moi que je recrée la même chose."
Question: votre tournée de deux mois va-t-elle évoluer?
Polnareff: "Sûrement oui. On va peut-être inverser des titres, peut-être en rajouter un, en enlever un autre. En fait, c'est la première fois qu'on fait cet ordre-là en public. Donc, c'est notre premier test. Comme je vous dis, c'était quand même un pari difficile, parce qu'on est allés sans échauffement."
Question: après cette tournée, comment avez-vous programmer les choses?
Polnareff: "Pour être franc, je visais le 2 mars. Je pensais vraiment à rien d'autre". "En fait, c'était le 2, la date importante (...) J'avais envisagé de faire le Stade de France pour avoir plus de monde en même temps, pour faire les retrouvailles en une seule fois. Mais on avait peur des conditions climatiques. Donc, on a préféré le faire de façon plus confortable, disons."
Question: presque intime?
Polnareff: "Quelque part oui, bizarrement. Mais je renonce pas à rendre le Stade de France intime!"
Question: une tournée d'une quarantaine de dates, c'est long, vous sentez-vous prêt?
Polnareff: "Oui complètement, j'ai mon coach qui est là quelque part. Dernièrement, je ne me suis pas entraîné parce qu'il fallait que je dorme. Mais je m'entraîne physiquement, parce que j'ai besoin de ça effectivement pour tenir le coup. Ca va être une tournée assez difficile, physiquement."
Question: comptez-vous inviter des chanteurs sur scène?
Polnareff: "J'ai oublié de le dire tout à l'heure. J'ai eu un message très très gentil de Johnny (Hallyday), qui est devenu citoyen du monde (rires)... J'ai été très touché par son message, il me dit 'Ah, c'est bien', l'original revient, etc. (Il viendra) sûrement. Il ne m'a pas dit quand, mais je suis sûr qu'il va revenir. En tout cas, il est évidemment le bienvenu."
Question: après cette tournée, y aura-t-il un album tous les ans?
Polnareff: "Non, je serais incapable de sortir un album tous les ans. Je passe trop de temps sur les paroles", "en plus, je crois pas aux dates butoirs pour les albums. En tout cas, je ne veux pas y croire (...) Un disque gravé n'a pas le droit à l'erreur parce qu'il reste gravé. Et là, (si) on fait une erreur, c'est pardonné par le fait que ce soit en public."
Question: peut-on espérer un nouvel album de Polnareff?
Polnareff: "Oui, bien sûr. Par exemple, on a chanté un titre nouveau ce soir, qui fait partie du prochain album."
Question: pourrait-il y avoir des projets de festival en plein air, type Vieilles charrues, Francofolies, etc?
Polnareff: "Si j'avais la possibilité d'emmener ma structure dans les festivals, j'hésiterais pas à le faire" mais "je ne pense pas" que les gens "pourraient voir vraiment qui je suis, parce que je n'aurais pas mon univers avec moi. C'est une des raisons pour lesquelles je ne veux pas faire de festivals, encore (…) Là, peut-être deux-tiers, si c'est pas plus, de gens qui ne m'ont jamais vu sur scène, qui ne savent pas qui est Polnareff" étaient présents. "C'est ça qui est le plus touchant."
© La Presse Canadienne
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