Le réseau dénonce les contrôles dans l'Est et le Nord parisiens
Dans un courrier (intégralement reproduit ci-dessous) adressé au Préfet de Police de Paris M. Pierre Mutz (promu cet été commandeur de la Légion d'honneur… et décoré le 19 août par M. Sarkozy lui-même), cinq représentants de RESF des 10, 11, 18, 19 et 20e arrondissements dénoncent la « multiplication très inquiétante d'opérations de police » dans ces arrondissements. Le Réseau éducation sans frontières donne quelques exemples qui iraient à l'encontre de « toutes les règles du code de procédure pénale sur les interpellations et le contrôle des identités », et met en cause le candidat de l'UMP à l'élection présidentielle, par ailleurs encore ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire.
RESF, dans ce communiqué, estime par ailleurs que « le ministère de l'Intérieur est vacant depuis des semaines ».
Il est vrai que M. Sarkozy se trouvait hier lundi matin tôt à RMC Info en tant que candidat, puis à l'Elysée comme ministre (comme le veut le protocole tous les lundis matins), puis à Sancerre (où il a fait d'étranges promesses aux viticulteurs, allant à l'encontre de la Loi Evin). Il est aujourd'hui à Madrid à la rencontre de M. Zapatero (qui l'avait très vivement critiqué à la rentrée solaire sur sa politique d'immigration…). Demain mercredi 28 février, à 14h30, il donnera (en tant que candidat, puisqu'il n'est ni président de la République, ni ministre des Affaires étrangères…) une conférence de presse sur la politique internationale. Jeudi 1er mars, il sera à Bordeaux, où il tiendra une réunion publique et vendredi 2 mars il sera le rédacteur en chef du « Grand Journal » de Michel Denisot au siège de Canal +, à 19h10 (en direct et en clair), comme l'a précédemment été François Bayrou (un nouveau concept de la chaîne cryptée qui avait donné le meilleur score d'audience de Canal + dans cette tranche en clair depuis la création de la station le 4 novembre 1984).
M. Sarkozy a indiqué dimanche après-midi sur M6 qu'il ne quitterait ses fonctions ministérielles que « vers la fin du mois de mars ». Dans son entourage circule la date du 23. Les jours les plus probables sont le 22 ou le 23, date prévue de sa visite aux Antilles (où il n'est pas allé depuis mars 2006)… Son dernier voyage ultramarin a été suivi d'un cyclône obligeant François Baroin, le ministre de l'Outre-mer à s'y rendre d'urgence pour réparer les dégâts… Le même François Baroin qui pourrait prochainement devenir ministre de l'Intérieur jusqu'aux élections. Mais - en Atlantique - mars n'est théoriquement pas la saison cyclonique.
Et son agenda de ministre est « indisponible » !
Les signataires de cette lettre souhaitent être reçus par le Préfet de Police de Paris « dans les plus brefs délais » pour détailler les exemples ci-dessous.
Fabien Abitbol
Photo : école élémentaire Pyrénées, 20e © Agence NO
Monsieur le Préfet,
Nous assistons depuis plusieurs semaines dans les arrondissements du nord et de l'est parisien à une multiplication très inquiétante d'opérations de police ayant manifestement pour but d'accélérer la chasse aux sans-papiers et d'augmenter le nombre d'expulsions.
Ces soi-disant « opérations de sécurisation » visant à assurer la « sécurité des biens et des personnes » sont en fait à de véritables rafles qui ont pour cible unique des ressortissants présumés de certaines nationalités. Les populations chinoises sont ainsi systématiquement visées parce que plus facilement expulsables que d'autres. Depuis quelques semaines, la machine s'emballe : de deux ou trois rafles par semaine, vous êtes passé à une ou deux par jour.
Le 16 février dernier, ce ne sont pas moins de quatre pères de famille chinois qui ont ainsi été simultanément placés en garde à vue dans deux commissariats du dixième arrondissement. Le 21 février deux pères de famille chinois ont été arrêtés, mis en centre de rétention administrative. L'un est aujourd'hui menacé d'une expulsion imminente pour la plus grande douleur de sa femme et de son fils né en France et parfaitement intégré dans son école. Le 23 février deux pères de famille ont été interpellés et mis en garde à vue au commissariat de la Goutte d'Or.
Les contrôles et les arrestations fondées sur la couleur de peau ou l'apparence physique et vestimentaire des personnes sont iniques et méprisent toutes les règles du code de procédure pénale sur les interpellations et le contrôle des identités. Loin de résoudre quelques « problèmes de sécurité » que ce soit, ces opérations n'ont pour effet que d'accroître le sentiment d'insécurité chez les habitants des quartiers où elles ont lieu, de décrédibiliser toujours plus l'action de la police aux yeux de ces populations (ce dont témoignent certains fonctionnaires de police qui expriment un malaise croissant et leur répugnance à devoir exécuter la chasse à l’homme sans papiers) et de multiplier les drames humains pour ceux qui ont la malchance de tirer le mauvais numéro à la loterie du contrôle au faciès.
La France a ratifié la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Convention de Genève, la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant, la Convention européenne des Droits de l’Homme. Ce sont des textes qui protègent, qui préservent les droits fondamentaux de chaque personne humaine… et qui sont bafoués par des lois de circonstances et par des pratiques policières, judiciaires et administratives irrespectueuses de la dignité et des droits de la personne.
M. le Préfet de Police vous avez commis une injustice à l'égard des familles parisiennes en respectant des consignes indignes de quotas lors de la mise en œuvre de la circulaire du 13 juin 2006, n'aggravez pas la situation : arrêtez ! Votre rôle est de protéger la population parisienne, pas de la faire vivre dans la terreur.
Le Réseau Education Sans Frontières vous demande donc instamment :
• alors que le ministère de l'Intérieur est vacant depuis des semaines, d'avoir le courage de résister à la pression du candidat Sarkozy qui exige de vous DU CHIFFRE !
• de mettre un terme à ces rafles quotidiennes à Paris qui n'ont d'autres objectifs que de complaire à ce sinistre chasseur d'étrangers et d'instaurer la peur dans les quartiers populaires de Paris,
• d’arrêter l’envoi d’hommes et de femmes en centres de rétention (ces « horreurs de la République », comme les qualifiait justement le rapport Mermaz, sont des prisons pour innocents, des prisons qui n’en portent pas le nom),
• de mettre fin aux expulsions par charters ethniques (interdits et condamnés par la Cour européenne des DDH),
• de ne pas détruire des vies, de ne pas arracher des pères et des mères à leurs familles,
• de cesser de terroriser les enfants qui, chaque jour, vont à l'école la peur au ventre, se demandant s'ils reverront leurs parents le soir.
Cette politique inhumaine et liberticide, exécutée en notre nom, est indigne d’une démocratie.
Nous attirons également votre attention sur les violences qui se développent en marge de ces « opérations ». Les parrains, marraines, amis, voisins et militants du Réseau Education Sans Frontières venus manifester pacifiquement leur soutien aux pères de famille détenus au commissariat de la rue de Nancy le 16 février ont été brutalisés par la police à trois reprises, certains se sont retrouvés jetés au sol, d'autres poussés contre des barrières qui se sont effondrées et tous ont été violemment bousculés.
La violence faite aux étrangers s'étendrait-elle aux citoyens attentifs au respect des droits de l'Homme ?
Les lycéens, les élèves et leurs parents que nous soutenons vivent actuellement dans l’angoisse. Nous vous demandons de nous recevoir dans les plus brefs délais afin de vous en faire part plus en détails.
Veuillez croire, Monsieur Le Préfet, en notre attachement indéfectible au respect des Droits de l'Homme qui sont les vraies valeurs de ce pays.
(suivent les signatures et les coordonnées téléphoniques des cinq signataires)
A lire également : Les conditions de vie dans les centres de rétention (revue « Vacarmes », automne 2006)
Monsieur le Prefet,
Jai fais appel au Premier Ministre Mr De Villepin suite au probème d'appartement que je rencontre. N'ayant plus confiance dans les appartements sociaux qui ne sont jamais attribué, Mr le Premier Ministre m'a fait savoir qu'il allait vous signaler ma situation. Je suis seule avec deux enfants, bientôt au R.M.I et en depression nerveuse.
Je vous remercie par avance de l'attention que vous porterez à mon problème.
Melle LANCEZEUX Nelly
Rédigé par : Lancezeux | 09/03/2007 à 17h29