Dans un communiqué daté du 24 octobre et reproduit intégralement ci-dessous, diverses associations, dont la Ligue des droits de l’Homme du 12e arrondissement, s’indignent des conditions dans lesquelles les occupants du 69, boulevard Poniatowski, dont les derniers ont été délogés manu militari la semaine dernière, ont été relogés par la Préfecture. Selon ce communiqué, l’hébergement s’est effectué à Vigneux, à «30 minutes à pied du RER le plus proche», en un lieu où le service de bus s’interrompt à 21h. Les associations indiquent aussi que ceux évacués en janvier 2010 ne sont pas tous relogés.
Par ailleurs, concernant le nombre de personnes délogées le 20 octobre, les chiffres publiés sur le blogue Mmom quelques heures après les faits, qui provenaient de la Préfecture de Paris et de la Préfecture de police, semble être erronés et correspondre en fait aux prévisions, contrairement à ceux publiés le lendemain dans Le Parisien, qui seraient les véritables chiffres fournis après l’évacuation par la police. En illustration, Le Parisien du 21 en version scannée, qui n'est paru que dans l'édition papier et en version payante.
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Evacuation de la Maison des Etudiants des Etats d’Afrique de l’Ouest (MEEAO)
La Préfecture d’île de France et de Paris jette les « sans papiers » à la rue
Prévenus la veille au soir pour le lendemain, les derniers résidents de la MEEAO ont été évacués définitivement de l’immeuble le mercredi 20 octobre 2010, au petit matin, par une escouade de CRS.
A la Maison des Etudiants des Etats d’Afrique de l’Ouest (MEEAO), située au 69, boulevard Poniatowski à Paris 12e, habitaient depuis des dizaines d’années des travailleurs et des étudiants issus de ces Etats africains.
L’Etat français est devenu propriétaire de l’immeuble en juillet 2009, à l’issue d’une procédure de « bien sans maître » initiée tout d’abord par la Ville de Paris. Il a donc fait évacuer l’immeuble en invoquant, par un arrêté affiché la veille de l’évacuation, des raisons de péril de l’immeuble et de mise en sécurité des habitants.
Une première évacuation de 40 chambres sur cour avait déjà été effectuée le 28 janvier 2010. Mais dix mois après, le relogement de tous les résidents évacués n’est toujours pas terminé.
Or, au titre de l’article L 521-1 et suivants du Code de la Construction et de l’Habitat, le propriétaire de l’immeuble, donc l’Etat, est tenu de procéder à l’hébergement puis au relogement des «occupants de bonne foi» de l’immeuble évacué ; la loi ne distinguant pas la situation administrative des «occupants de bonne foi», qu’ils aient ou non un titre de séjour.
De façon scandaleuse, suite à l’évacuation définitive de l’immeuble mercredi dernier, la quasi-totalité des personnes «sans papiers» ont été regroupées et hébergées dans un hôtel de Vigneux (dans la grande couronne de Paris), au sein d’une zone industrielle située à plus de 30 minutes à pied du RER le plus proche.
Le service des bus s’interrompant à 21 H, de nombreuses personnes évacuées travaillant la nuit ou en horaires décalés, sont obligées de se déplacer à pied et ce, malgré les nombreux contrôles de police qui ont lieu dans cette zone et dans les gares du RER D.
Nombre d’entre eux, d’ailleurs, n’ont pu se rendre à leur travail depuis l’évacuation de la MEEAO, ce qui les met en position délicate vis-à-vis de leurs employeurs.
Ainsi, la Préfecture, afin d’échapper à son obligation légale d’assurer leur hébergement, place volontairement ces personnes, déjà fragiles, en situation de vulnérabilité, et les incite à s’égayer dans la nature.
Par ailleurs, la Préfecture d’île de France et de Paris semble vouloir refuser la prolongation de l’hébergement en hôtel des «occupants de bonne foi» sans titre de séjour au-delà de jeudi prochain et ce, au mépris de ses obligations légales.
La Ligue des Droits de l’Homme Paris 12e, le collectif des résidents de la MEEAO, le Collectif de Vigilance Paris 12e pour les droits des étrangers - RESF, la LICRA Paris 12e et nombre de citoyens du 12e :
• S’indignent des méthodes inacceptables de la Préfecture d’île-de-France et de Paris ;
• Demandent un rapprochement très rapide des personnes hébergées à Vigneux vers Paris ou sa très proche banlieue ;
• Demandent, l’application de la loi et donc la prolongation de l’hébergement et le relogement de tous les occupants de bonne foi de la MEEAO, qu’ils aient ou non un titre de séjour ;
• Demandent à la Préfecture de Police de Paris un examen bienveillant des situations administratives des «occupants de bonne foi» de la MEEAO sans titre de séjour ;
• Demandent à tous, citoyens, élus, partis, associations, syndicats de manifester leur indignation auprès de la Préfecture d’île de France et de Paris, et de manifester leur soutien aux ex-résidents de la MEEAO.
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