La préfecture de police de Paris (PP) a procédé ce jeudi matin à l’expulsion partielle des occupants de la Maison des étudiants des Etats de l'Afrique de l'Ouest à Paris (MEEAO), 69 boulevard Poniatowski, dans le 12e arrondissement de Paris. Il s’agit, indique-t-on de source policière, des 40 chambres non accessibles par les échelles en cas d’incendie, ou trop éloignées de l’issue de secours.
Le 25 mars 2009, déjà, la
police était venue en nombre, pratiquer un « recensement » dans cette propriété des
anciennes colonies de l’Afrique occidentale française (AOF). Un problème juridique existe aussi concernant cet immeuble, l’AOF ayant
légalement disparu en 1958 (lire ici) et, en attendant, cet immeuble est affecté aux biens de la République
française.
Le président sénégalais
Abdoulaye Wade, représentant les sept Etats revendiquant la propriété de
l’immeuble, était revenu à Paris un mois après le décès de sa belle-fille
Karine afin de rencontrer l’avocat des 185 résidents. Une procédure dite de
« bien sans maître » est en cours, opposant les Etats à la Ville de
Paris.
Selon la PP, 81 personnes dont
12 enfants ont été évacuées au petit matin. Pour en savoir davantage, cliquer ici.
L’immeuble du 69, boulevard Poniatowski a été acquis en 1950 par le gouvernement de l’Afrique-Occidentale française (AOF). En 1959, le service des transferts de l’AOF le rétrocède aux Etats africains constituant cette partie de l’ancien empire colonial (lettre M ici). Les locaux accueillent alors les réunions de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (FEANF), et voient défiler l’intelligentsia afro-antillaise de Paris, de Léopold Sédar-Senghor à Aimé Césaire.
En 1974, alors que la MEEAO est
accusée de faire le lit d’étudiants progressistes, les Etats se retirent du
conseil d’administration. A la fin de son septennat, le président français
Giscard d’Estaing dissout la FEANF et, de facto, l’Association des étudiants de la résidence Poniatowski.
Changement
de gestion, de règles, de population… Il faut attendre 1994 pour que la France
demande aux Etats de faire des travaux (un incendie a eu lieu au début des
années 80). Dix ans plus tard, c’est la Ville de Paris qui cherche à récupérer
l’immeuble, devenu vétuste et comptant divers arriérés (EDF et taxe foncière,
entre autres).
A lire : Péril en la demeure (Jeune Afrique, 15 avril 2009)
A voir : La maison oubliée des présidents africains (Jeune Afrique TV, 5 mai 2009)
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