L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA, chargé notamment d’accorder ou pas l’asile territorial) vient de classer l’Albanie et le Kosovo dans les pays d’origine sûrs, indique ce dimanche 13 mars la Cimade sur son site Internet.
Cette décision intervient alors que «la tension n'a jamais été aussi grande en Albanie avec quatre morts dans une manifestation de l'opposition en janvier dernier, le Kosovo a élu un très controversé homme d'affaires à la présidence, les deux pays sont affligés d'une corruption généralisée», relève l’association oecuménique d’entraide. Pour la Cimade, qui dénonce une «décision contestable», ce classement en “pays d’origine sûrs” «semble être principalement destinée à faire baisser le "flux " des demandes d'asile de ces pays et à priver les demandeurs d'asile d'un accès aux centres d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA)».
Un demandeur d’asile en provenance d’un pays inscrit sur la liste des “pays d’origine sûrs” a toutes les chances, si l’on peut dire, de se voir refuser sa demande par l'OFPRA. Et sa demande est examinée de façon plus rapide (quatre à quinze jours, selon la Cimade). Les demandeurs ne bénéficient pas, dans ce cas, d'une autorisation provisoire de séjour, le délai étant court (procédure dite “prioritaire”).
La Cimade précise que —sur l’année 2009— 75% des protections accordés à des Albanais et 74% de celles accordées à des Kosoviens l'ont été par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA, soit en procédure de recours). Et souligne également que, traités de la sorte, les demandeurs sont démunis d’une autorisation provisoire de séjour, document nécessaire à l’obtention d’une place d’hébergement d’urgence ou à l’ATA (Allocation temporaire d’attente).
En 2009, selon les chiffres fournis en avril 2010 par Eric Besson (alors en charge de l’Immigration), le Kosovo représentait, avec l’Arménie et le Sri Lanka, «un quart de la demande d’asile adressée à la France». Le ministre de l’époque indiquait que les taux de protection les plus élevés accordés par la France concernaient des ressortissants irakiens (pour 82% des demandes traitées), des ressortissants somaliens (76%) et des ressortissants érythréens (69%). Aucun des trois pays les plus pourvoyeurs de dossiers. CQFD.
Fabien Abitbol
Le communiqué de Gérard Sadik, responsable de la commission nationale d’asile, est à lire ici.
En savoir plus sur la procédure sur le site de Forum réfugiés.
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