Dans le cadre des Entretiens laïcs du 20e, et en préparation d’une nouvelle conférence-débat ce mardi soir à partir de 19h en mairie d’arrondissement, les diverses associations mentionnées ici ont publié le texte suivant dans Libération du 10 janvier. De nombreuses personnalités sont attendues, d’autres représentées, dont la liste se situe sous l’appel.
En mai dernier, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) a donné raison à des mères d’élèves qui s’étaient vu refuser la possibilité d’accompagner des activités pédagogiques parce qu’elles arboraient un voile islamique. Ne pas faire la distinction entre les différentes situations où des parents d’élèves sont en lien avec l’école est une erreur lourde de conflits, déjà bien présents par endroits. Quand des parents ou d’autres personnes sont autorisés, par les directions d’école, à participer à l’encadrement d’activités d’éducation avec des élèves en situation d’apprentissage, ils deviennent de facto des auxiliaires éducatifs au côté des enseignants qu’ils accompagnent. Dissocier le professionnel de l’accompagnateur occasionnel illustre une réelle méconnaissance de notre système scolaire. Qu’il soit ou non rémunéré ne change rien. Cautionner la présence d’accompagnateurs se discriminant eux-mêmes par le port de signes distinctifs indiquant un choix politique et (ou) religieux, c’est oublier la valeur d’exemplarité de l’adulte aux yeux de l’élève.
Depuis plus d’un siècle, la République et son école exigent des enseignants et des personnels éducatifs un devoir de réserve et une stricte neutralité, de façon à protéger les enfants de toute propagande et préserver une liberté de conscience naissante. Comment tolérer que l’école, espace social singulier, institution fondamentale de la République, soit l’objet de pressions politico-religieuses ? Lieu premier d’apprentissage du « vivre ensemble », l’école peut-elle cautionner le principe rétrograde du marquage du corps féminin, objet supposé de convoitise devant être caché ? Comment concilier les valeurs qui permettent la cohésion sociétale avec l’affichage ostensible de codes vestimentaires qui clament, plus qu’un discours, le contraire de l’égalité femmes-hommes, principe constitutionnel ? La Halde prétend trancher sur les croyances intimes et, de fait, banalise des rituels controversés.
Il faut réaffirmer avec force que, dans notre démocratie laïque, il n’existe pas de droits spécifiques en fonction d’une appartenance ethnique ou religieuse. L’obéissance à des rites religieux, imposés ou choisis, ne peut autoriser le non-respect des lois et règles communes de la République. Confusion encore, la Halde semble ignorer les règles régissant le service public d’éducation. Pour justifier sa délibération en faveur des mères voilées comme parents accompagnateurs, elle cite une jurisprudence concernant l’application du principe de laïcité en milieu pénitentiaire. L’amalgame entre école et prison, entre écoliers et adultes incarcérés est surprenante, et l’ignorance des règles spécifiques concernant la laïcité dans les milieux fermés (prison, militaires en mission, etc.), stupéfiante. Pourtant, la circulaire d’application de la loi de mars 2004 sur les signes religieux dans l’espace scolaire, publiée au Bulletin officiel de l’éducation nationale (2004-084), est claire : elle exclut explicitement toute manifestation d’appartenance religieuse par « les agents contribuant au service public de l’éducation, quels que soient leur fonction et leur statut ».
Une brèche a été ouverte dans laquelle, demain, d’autres formes d’obscurantisme pourront s’engouffrer. Cette prise de position ne respecte pas les millions de parents, de toutes origines, qui voient dans notre système scolaire l’outil essentiel d’élaboration d’une pensée autonome en accord avec la démocratie et les droits de l’homme. Pas plus qu’elle ne respecte les élèves en permettant la diffusion d’une image des femmes contraire aux idéaux universels d’égalité et de liberté. Rappelons que la Halde, instance mise en place pour informer les personnes s’estimant discriminées sur le territoire de la République, émet des recommandations et les rend publiques. Mais elle n’a ni autorité sur les citoyens ni agrément pour se substituer au pouvoir juridictionnel.
Nous demandons au ministre de l’Education nationale comme à l’ensemble des parlementaires, notamment ceux qui ont voté la loi du 15 mars 2004, loi d’apaisement et de concorde, de veiller au strict respect des principes de laïcité et de neutralité pour toute personne participant à l’encadrement d’activités scolaires dans le service public.
Après un accueil par le maire du 20e, Michel Charzat, sont prévus :
⇒ Présentation générale de la problématique annoncée : Alain Seksig, Inspecteur de l’Education nationale, président de la Commission éducation de la Licra ;
⇒ Présentation de la soirée : Arlette Zilberg, de Laïcité Ecologie Association (LEA) ;
⇒ Témoignages de deux directrices d'école : Laurence Bonzani et Claudine Palacio ;
⇒ Prises de parole :
• Donatella Pointreau et Philippe Guittet, au nom du syndicat national des personnels de direction et du syndicat de l'inspection de l'éducation nationale, UNSA-Education ;
• Michèle Vianes, présidente de Regards de Femmes et secrétaire générale de la Coordination française du lobby européen des femmes ;
• Dominique Sopo, président de SOS Racisme ;
• Corinne Lepage, Modem (tête de liste aux municipales dans le 12e arrondissement) ;
• Christian Bataille, député (PS) du Nord ;
• André Gérin, maire (PCF) de Vénissieux, député du Rhône ;
• Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, empêché, devrait être représenté par Mme Dominique Mahé
⇒ Lecture de messages
• Françoise Hostalier, Parti radical, députée (UMP) du Nord ;
• Maurice Leroy, député (Nouveau Centre) du Loir-et-Cher ;
• Jean-Pierre Brard, maire de Montreuil, député de Seine Saint-Denis;
⇒ Prises de parole :
•Julie Coudry, Confédération étudiante ;
•Monique Vésinet, secrétaire nationale de l'UFAL, présidente de l'UFAL-Ile-de France ;
•Philippe Foussier, président du Comité Laïcité République ;
•Sihem Habchi, Ni Putes Ni Soumises ;
•Roger Cordier, Grand Orient de France ;
et, sous réserves, un/e représentant/e du Mouvement Français pour le Planning Familial, aux dernières nouvelles d’hier soir.
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