Cinq cafés associatifs se sont fédérés, hier soir. L'occasion, pour eux, de montrer leur rôle dans la ville et de demander des aides financières pour survivre. Le Cafézoïde (19e) s'occupe des moins de 16 ans. Le Petit Ney (18e) est un paradis de l'échange de livres, des ateliers d'écriture et des soirées de lecture de contes. Le Moulin à café (14e) est ouvert aux anciens, aux jeunes, aux célibataires comme aux mères isolées…
Les cafés associatifs de la capitale, environ une dizaine, dont cinq ont décidé de se fédérer hier soir, ont tous le même objectif : créer un lieu de rencontre dans leur quartier. « Nous nous unissons pour être plus forts, explique Michel Scrive, initiateur de ce regroupement, lui-même membre du café associatif le Barbizon (14e). Nous créons du lien social, nous animons nos quartiers. Nous voulons donc que ce travail soit reconnu et nous demandons l'aide des pouvoirs publics. » Car beaucoup de ces cafés, dont le but n'est jamais d'être rentables, sont obligés de « faire la chasse aux subventions » pour vivoter tout en proposant des plats et des boissons à petits prix. « Nous pourrions au moins avoir une aide pour nos loyers, plaide Michel Scrive. Les jardins partagés, par exemple, n'en paient pas car ils sont reconnus d'utilité sociale. Nous le sommes aussi. »
Culture alternative au Barbizon
Soirées de projection de documentaires, de vidéos d'art ou de films expérimentaux… Dix-sept mois après son expulsion de l'ancien cinéma le Barbizon, l'association les Amis de Tolbiac est toujours active. Si elle squatte aujourd'hui le 175 ter, rue de Tolbiac - dont elle devrait être prochainement expulsée -, son objectif n'a pas changé : « Nous voulons permettre au plus grand nombre de visionner des oeuvres qui connaissent des problèmes de diffusion », explique Thierry Wurtz, le président de l'association.
Le plus souvent, le réalisateur est présent pour participer à un débat avec les spectateurs. « Ici, on ne consomme pas de la culture, on rencontre, on discute », poursuit Thierry Wurtz et, naturellement, la participation aux activités reste libre.
• 175 ter, rue de Tolbiac, 75013 Paris, M° Tolbiac. Renseignements ICI.
La Commune a son point d'ancrage
C'est au 3 de la rue d'Aligre, au bout du marché du même nom, que la Commune libre d'Aligre a trouvé son point d'ancrage. Depuis le 14 juillet, l'association, très active dans le 12e, a ouvert son café associatif dans ce local de 75 m2. L'adresse est ouverte du mardi au samedi de 10 heures à 23 heures.
Une cuisine où les adhérents viennent préparer leurs menus le soir, un piano au fond de la salle : le lieu est petit mais chaleureux. On y vient pour débattre, assister à des projections, suivre des lectures ou, pour les parents, participer à des jeux avec les bambins. Seule condition pour y participer : adhérer à l'association (5 € par an). Les repas concoctés le soir sont facturés à des prix défiant toute concurrence.
• Café, la Commune libre d'Aligre, 3, rue d'Aligre (12e), M° Ledru-Rollin ou Gare-de-Lyon, Tél. : 01 43 41 20 55.
Le bistrot des enfants autorisé aux parents
Au rez-de-chaussée, on trouve un comptoir, une machine à café, des tabourets… mais ce bistrot ne sert que des sirops et des jus de fruits. A l'étage, point de baby-foot et de flipper mais des caisses de jeux multicolores à foison.
Depuis 2002, le premier café réservé aux 0-16 ans - le Cafézoïde - est installé quai de la Loire (19e), sur les bords du bassin de la Villette. Son projet ? « Rompre l'isolement, favoriser la citoyenneté et la créativité, partager et inventer son quartier. » Les petits peuvent participer aux multiples « minizateliers » d'éveil musical, de jeux, d'histoires... pendant que les parents discutent tout en couvant leurs petits des yeux.
• Cafézoïde, 92 bis, quai de la Loire (19e), M° Laumière. Tél. : 01 42 38 26 37.
Les jardiniers urbains du Petit Ney
Des dizaines de livres à 1, 2 ou 3 € attendent sur une table. Sur les murs s'affichent les dates des prochaines animations : « Livres et bébés » le jeudi matin, « ateliers d'écriture » le mardi soir, « couture » le vendredi... « Il se passe quelque chose tous les jours », sourit Philippe Durand, l'un des membres fondateurs du Petit Ney, né en 1999 porte Montmartre.
Avec six salariés aujourd'hui contre deux au départ, et de nombreux bénévoles, ce café de 100 m 2 est ouvert à tout le quartier. « Nous sommes spécialisés dans les livres mais nous organisons aussi des repas de rue. Nous avons aménagé un coin pour les enfants et nous nous intéressons aux combats des habitants... Bref, nous sommes des jardiniers urbains ! »
• Café littéraire le Petit Ney, 10, avenue de la Porte-Montmartre, 18e, M° Porte de Clignancourt ou Porte de Saint-Ouen. Tél. : 01 42 62 00 00.
Le Moulin à Café brasse les générations
« Bonjour, tu vas bien aujourd'hui ? » Annie, bénévole dans les cuisines du Moulin à Café, ne connaît pas celui qui vient de pousser la porte. Mais elle « tutoie tout le monde » et a l'art de vous donner l'impression que vous êtes ici comme chez vous. « Le Moulin à Café, c'est exactement ça », résume Marjorie, la responsable du lieu.
« Tout le monde entre, parle... et a envie de revenir après. » Et chacun peut y laisser ses idées. Du coup, les ateliers cuisine, théâtre, écriture ou couture s'enchaînent au grès des talents de ses clients. Les apprentis peintres et photographes y exposent. Et même ceux qui se sentent inutiles peuvent mettre la main à la pâte… « Par exemple, une vieille dame de 77 ans est venue nous voir, se souvient Annie. Elle va venir nous aider à éplucher les légumes. En même temps, elle ne sera plus tout seule ! »
• Le Moulin à Café, 9, place de la Garenne, 14e, M° Pernety. Tél. : 01 40 44 87 55.
Texte et photos de Violette Lazard, pour Le Parisien
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