Ménilmontant, mais oui madame...

Une machination révélée à la préfecture de police

Le Prix du Quai des Orfèvres 2010 a été remis mardi par le préfet de police Michel Gaudin au romancier et banquier de profession Gilbert Gallerme (site Internet ICI) pour Au Pays des ombres, à la préfecture de police de Paris (PP). Un policier y est victime d'une machination.

Le lauréat de cette 63e édition « a suscité l'intérêt du jury avec son roman Au pays des ombres, évoquant l'histoire d'un policier de la police judiciaire de la préfecture de police, victime d'une machination », indique la PP. Fondé en 1946 par Jacques Catineau, le prix du Quai des Orfèvres couronne chaque année, sur manuscrit anonyme, un roman policier français, décrivant les modalités de fonctionnement de la police et de la justice française.

Le jury, placé sous la présidence du directeur de la police judiciaire de la PP, est composé d'une vingtaine de personnalités qualifiées (policiers, magistrats, journalistes, etc.). L'ouvrage choisi est publié chez Fayard, avec un tirage minimum de 50 000 exemplaires.

Belleville story (Arte) en vedette à La Rochelle

La chaîne franco-allemande veut investir davantage dans la fiction

Belleville story, le téléfilm achevé de tourner en mars à Belleville par Arnaud Malherbe pour une diffusion prochaine sur Arte, a été primé parmi onze films, samedi, au onzième festival de la fiction télé de La Rochelle, indique le palmarès du festival, publié hier soir. L’interprète principal a aussi été primé, comme « révélation », après plus de sept ans de présence à la télé et au cinéma…

Co-produit par Gloria films, Belleville story est le premier long métrage de fiction de Arnaud Malherbe, ancien journaliste à Ouest-France et à un supplément de l’Express, puis scénariste de BD et de cinéma, avant de se lancer dans la réalisation jusqu’au Grand Prix de Gérardmer pour Dans leur peau.

Dans ce polar, Freddy (Paco Boublard), la vingtaine, dandy gueule d’ange mais petite frappe, rencontre l’énigmatique M. Zhu (Tien Shue), quinquagénaire tout juste débarqué de Chine. M. Zhu n’a apparemment qu’une envie : voir la Tour Eiffel. Freddy, lui, doit tuer M. Zhu sous peine de représailles sur son amoureuse, Larna, une immigrée polonaise, moitié serveuse, moitié fille légère, interprétée par le mannequin Anca Radici, qui tente une reconversion dans la comédie. Se greffent là-dessus des Chinois clandestins, un chef de gang de la petite mafia chinoise, et les histoires d’un tueur polonais, Jadcek (Philippe Krhajac, connu des amateurs de polars français), dans le Belleville cosmopolite que l’on connaît…

Freddy a une nuit pour tuer M. Zhu, sous peine de voir sa chère se faire découper au sécateur. Une nuit à Belleville dans les ruelles, les arrière-cours, les ateliers clandestins, les cuisines, les caves et les bars d’un quartier qui bouge beaucoup. Et que le réalisateur connaît bien.

Paco Boublard (La Mentale, Regarde-moi, Poisson d’Avril, Les Princes de la nuit, et bien d’autres choses…), interprète de Freddy, a été sacré « révélation de l’année » avec Théo Frilet (Des Gens qui passent, avec Laura Smet, France 2, résumé ici) et Karina Testa (Douce France, France Télévision, avec Elodie Bouchez, Brigitte Rouän, Thomas Chabrol…).

En tant qu’ancien journaliste-chroniqueur de l’Express Magazine (l’ancêtre de l’Express Styles créé en 1998), Arnaud Malherbe avait eu son portrait dans l’Express 3001, l’Odyssée de l’info, en janvier 2009, pour lequel un blogueur invité rédigeant un sujet sur la veille informatique m’avait sollicité. Il en était alors au stade des repérages à Belleville (photo). L’hebdomadaire indiquait qu’il y avait, à la création de ce supplément, « quelques “djeun's”, dont Arnaud Malherbe, grand arpenteur de la nuit et fin renifleur de tendances ». Le journalisme mène à tout, à condition d’en sortir.

Alors que c’est une fiction (française) prévue pour la chaîne franco-allemande Arte qui a été primée, le festival du film de télévision de La Rochelle (présidé cette année par Robin Renucci) a publié une étude comparative sur les performances de la fiction TV en France par rapport à l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Rapport dont il ressort qu’il faut ramener les jeunes à la fiction. Et que les femmes, si elles sont plus consommatrices de fictions TV que les hommes, sont proportionnellement plus nombreuses devant un téléfilm français que devant un américain.

Arte France, qui a investi dans Suite noire (série qu’elle doit aussi prochainement diffuser), a annoncé à l’occasion du festival de La Rochelle qu’elle allait consacrer davantage de temps à la fiction. Arte France a consacré cette année 23M€ à la production de téléfilms ou de séries françaises, contre 262M€ dépensés par France Télévisions. A cette édition de La Rochelle, Arte a présenté quatre fictions, dont (hors compétition), Un Singe sur le dos, avec entre autres notre voisin Marc Chapiteau (voir le communiqué), tourné entre Lille et Bangkok. Outre Belleville Story, Grands reporters, de Gilles de Maistre, a été récompensé. Ce téléfilm de 90 minutes avec Bruno Wolkowitch sur une histoire d’affrontement professionnel entre journalistes (et d’amour) au Tchad (tourné au Tchad en mars 2008) doit être diffusé en décembre prochain. Toinette Laquière y interprète l’autre premier rôle, en remplacement de Claire Keim, la compagne de Bixente Lizarazu ayant déclaré forfait peu de temps avant le tournage, qui avait lieu six mois avant la naissance de sa fille. Produit par Mai Juin Productions, Grands Reporters a obtenu le Prix spécial du jury.

De passage à La Rochelle, Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, a indiqué vouloir faire de la fiction « un enjeu national ».

Fabien Abitbol, photo : l’Express 3001, l’Odyssée de l’info

è La fiche de Belleville Story sur l’Internet movie Database

Mise à jour du 21 à 14h45 :

• Marion Festraëts, chef de rubrique Arts et spectacles à l’Express, me précise que Arnaud Malherbe était « journaliste à part entière de l’Express, et non d’un supplément parmi d’autres », contrairement à ce que le sujet publié en janvier pouvait laisser entendre.

• France Télévisions était surreprésentée, ainsi que l’indique cette dépêche : « Sur les 29 programmes en compétition au festival de la Rochelle, France 2 et France 3 en proposent douze, loin devant Arte et Canal + (trois chacune) ou M6 et TF1 (deux chacune). ». France 2 et France 3 ont obtenu un total de dix récompenses, Arte en a obtenu trois, M6 deux et TF1 un, indique le palmarès. On également été primés une fiction Internet, un film tchèque et un de Radio Canada.

Pacha, un chien policier distingué

Pacha, un chien policier parisien, a été décoré lundi 7 septembre de la médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement, deuxième niveau de décoration (après la lettre de félicitations) au ministère de l’Intérieur, rapporte PPrama, la lettre hebdomadaire du service communication de la préfecture de police de Paris (PP) dans son édition du 9 septembre. 

Pacha, berger belge malinois, est le premier chien récompensé par la PP. Récemment médaillé par la société centrale canine, il est, précise la police, le premier chien en France formé par la méthode SOKKS, une méthode de conditionnement travaillant sur les molécules chimiques de conception de base (ou « cellules pures »). Selon ce numéro du magazine Liaisons, quatre chiens policiers parisiens (sur 43 à l’époque) étaient formés à cette méthode à l’été 2006 : trois en matière de stupéfiants et un à la détection d’explosifs (lire page 11, colonne de droite). Contrairement à ce qu’indique la police, la méthode SOKKS n’est pas Suisse, mais Allemande. Son initiateur est le neurologue Wolf Kafka, en 1997, comme le reconnaît le sergent Christophe Ehinger, de la gendarmerie vaudoise, qui précise ici que sa vulgarisation en Europe est le fait des autorités helvètes. Pacha est, selon la police, le premier des chiens parisiens formés à la méthode SOKKS.

Donné par un particulier, Pacha a intégré l’équipe cynophile de la PP en 2000. Il totalise donc déjà neuf ans d'ancienneté et est régulièrement employé dans les services (police judiciaire ou de proximité) pour tout type de missions.
Sous l'égide de son maître le brigadier-chef Berceau, chef de groupe des chiens stupéfiants et dresseur cynotechnicien, il a récemment participé à la saisie d'une tonne de résine de cannabis par la brigade des stupéfiants.

Le 20 octobre 2003, M. Patrick Roy, le député UMP de la 19e circonscription du Nord, avait demandé au ministre de l’Intérieur (Nicolas Sarkozy à l’époque) que les critères d’attribution de cette décoration soient assouplis car les textes stipulent que la remise de cette décoration doit intervenir à une date peu éloignée des faits qui la motivent. Un refus lui avait été opposé, M. Sarkozy ayant estimé en substance que la remise rapide de la décoration avait une fonction psychologique (lire ici). Pour Pacha, les critères ont été respectés.

è Histoire, modalités, bénéficiaires et caractéristiques de la Médaille

Légion d’honneur : quelques surprises

La promotion dite du 14 Juillet de la Légion a été cette année plus sobre qu’en 2007 et 2008. Mais elle contient tout de même quelques surprises. Exemples…

Pour ce qui concerne la Légion d’honneur, il aura été dit peu de choses cette année. Il aura toutefois été dit que les amis n’auront pas été récompensés. Ah. C’est sans doute mal lire le JO du 14 juillet, qui publie les sept décrets de nomination et promotion (1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7).

Si l’on y trouve des gens fort tardivement comme l’ancien ministre Jean Puech (décret 7, simple officier après 38 ans) ou tout à fait logiquement comme l’ancien Garde des Sceaux Albin Chalandon, mentor de Rachida Dati (élevé à la dignité de Grand croix), les décrets révèlent quelques surprises.  Par exemple ce décret nous apprend la promotion de Ange Mancini, préfet de la Martinique depuis juillet 2007. Début 2009, lorsqu’éclata la crise à la Martinique, le préfet vivait dans une propriété appartenant à Alain Huyghues-Despointes, depuis visé par une information pour « apologie de crimes contre l’humanité » (lire ici, où se trouve également le reportage de Canal + qui mit le feu aux poudres). Cette promotion risque de surprendre à la Martinique. Cet autre décret, pris à titre exceptionnel, concerne Vincent Lamanda, premier président de la cour de cassation, qui était officier depuis le 6 mars 2007 et devient déjà commandeur. Honni soit celui qui pensera que c’est pour ce rapport dont la commande n’avait pas eu l’heur de plaire à la magistrature dès la lettre de mission.

Maître de requêtes au conseil d’Etat, Jean-Michel Bélorgey, le père du RMI, chevalier de la légion d’honneur depuis le 11 mai 1998, aura dû attendre cette promotion du 14 (ce décret du 13, en réalité) pour devenir enfin officier. Et il se retrouve ainsi avec deux journalistes (Charles Enderlin, journaliste de France 2 à Jérusalem, distingué par le service du protocole, et Alain Elkann, conseiller spécial du ministre italien de la culture), l’inventeur de la carte à puce Roland Moreno, ou Gilles Chodron de Courcel, gérant-associé chez Ricol-Lasteyrie où vient d’entrer Mme Farthouat.

Les récompenses relevant de l’enseignement supérieur et de la recherche relèvent de l’acrobatie. Pas la peine d’y chercher Benjamin Stora : pas assez sarkozyste, il est récompensé par… la Politique de la Ville. Alors le décret est signé pour des valeurs sûres, comme Olivier Giscard d’Estaing ou Janine Mossuz-Lavau. On peut s’interroger sur l’opportunité non pas de la nomination, mais de la présence dans cette catégorie de Antoine Sfeir, qui est journaliste et pas chercheur…

Comme il semblait difficile de faire une promotion sans un millionnaire, Jacques Saadé, patron de la Compagnie maritime d’affrètement (CMA-CGM) devient officier par ce décret exceptionnel. Il était officier depuis juillet 2006, mais depuis cette date sa fortune a plus que doublé. Et c’est sur le compte du ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat qu’il est décoré. Pour avoir fait construire une tour de 147 mètres sans doute…

On l’aura vu, le président Sarkozy s’est considérablement assagi cette année. Moins de bling bling parisien, et sans doute davantage de joie dans les petites associations disséminées à travers le pays. Cette promotion, dans son ensemble, reflète davantage la réalité, même si elle n’est pas parfaite. Elle remplira davantage les colonnes des quotidiens départementaux ou régionaux que les Unes de la presse parisienne, et c’est en soi un bien. Mais c’est en une quinzaine de minutes à peine que j’ai relevé les quelques noms ci-dessus, tant surpris d’une telle unanimité médiatique sur la sobriété soudaine du président. Et il est probable que des noms m’aient échappé.

Les promus relevés par Le Monde sont totalement différents des miens… à savoir : « L'ancien ministre de la justice, Albin Chalandon, a été élevé à la dignité de grand-croix, dans la promotion de l'ordre de la Légion d'honneur, publiée mardi 14 juillet au Journal officiel. La comédienne Michèle Morgan, le chef d'orchestre Georges Prêtre et l'ancienne déportée résistante Anne-Marie Krug-Basse ont été élevés au grade de grand officier. Le maire du Havre, Antoine Rufenacht, devient commandeur. La comédienne Bernadette Lafont, l'académicien Jean-Marie Rouart, le patron d'Axa, Henri de Castries ou le journaliste Philippe Tesson sont devenus officiers. Sont faits chevaliers la comédienne Firmine Richard, la championne de ski Karine Dubouchet, l'ancien joueur de rugby Serge Blanco ou l'ancien député de Nouvelle-Calédonie Jacques Lafleur ». La dépêche de l’AFP contient davantage de noms en commun avec ce billet, mais sans relever certains points.

F. A.

è Légion d’honneur : pas de « rupture » sarkozyste (Benoît Hopquin, Le Monde daté du 15 juillet)

è Firmine Richard, depuis 2008 conseillère de Paris, a en charge dans le 19e arrondissement la culture et les relations interculturelles. Chevalier de l’Ordre national du mérite depuis mai 2006, elle coordonne un comité de soutien à Guy-André Kieffer (dossier ici, site de soutien là).

Elkabbach : un parterre fort select

Hier mardi, au Musée du Quai Branly, Jean-Pierre Elkabbach, qui faisait partie de la promotion de janvier… 2007*, a été fait officier de la Légion d’Honneur par l’ancien président de la République Jacques Chirac, par ailleurs promoteur du lieu où avait lieu la cérémonie. Chevalier de la Légion d’Honneur depuis le 10 décembre 1998, Jean-Pierre Elkabbach avait été élevé officier sur le contingent de la Culture et de la Communication (Décret du 31 décembre 2006, JO du 2 janvier 2007).

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Jean-Pierre Elkabbach, lors d’un débat télévisé en février 2008 à Bordeaux, avec Alain Juppé

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Dans cette vidéo (durée : 1’43’’) réalisée par Le Parisien, on peut reconnaître quelques personnalités de tous bords rencontrées dans sa vie professionnelle par le journaliste.

Il y avait hier, entre autres, Bernadette et Claude Chirac, Bertrand Delanoë, Jean-Louis Debré, Simone Veil, Robert Hue, François Hollande, Julien Dray, Jean-Pierre Raffarin, Laurence Parisot,  Alain Duhamel, Michel Drucker, Jean Daniel, ainsi que quelques ministres en exercice (Mmes Michèle Alliot-Marie et Rama Yade-Zimet, MM. Brice Hortefeux et Patrick Devedjian). Plus « historique », on y trouvait aussi Jérôme Monod, qui fut le directeur de cabinet du Premier ministre Jacques Chirac en 1975 avant d’être le secrétaire général du RPR à sa création (1976), comme le Compagnon de la Libération Daniel Cordier, qui fut le secrétaire de Jean Moulin.

« Peu de journalistes ont suscité autant de passion positive et négative que vous », a lancé Jacques Chirac au récipiendaire, par qui il aurait rencontré Jacques Kerchache, inspirateur de ce musée. C’était il y a près de vingt ans, dans un hôtel de l’Ile Maurice.

F. A.

* La légion des journalistes (Bakchich.info, 8 janvier 2007)

Le Femina 2008 dans le 20e !

Jean-Louis Fournier lauréat de ces dames

Le jury du prix Femina a décidé ce lundi d’accorder sa récompense au roman de Jean-Louis Fournier, habitant du 20e arrondissement de longue date, pour « Où on va papa ? » (Stock, paru le 20 août), émouvant ouvrage dans lequel il évoque avec le sourire qu’on lui connaît ce qu'a été sa vie avec ses deux garçons lourdement handicapés. Après Entre les Murs, palmé à Cannes en mai dernier et présélectionné pour les Oscars, le 20e arrondissement est une fois de plus à l’honneur, avec un sujet grave, mais traité avec un minimum d’humour. Dans trois semaines, l’ancien collaborateur de Pierre Desproges sera récompensé à Cluny. Et pas avec du vin de messe… Etonnant, non ?

Originaire d’Arras, Jean-Louis Fournier avait accordé un entretien sur son livre bouleversant à La Voix du Nord, fin septembre, cinq semaines après la sortie de son 24e livre. On savait qu’il maniait l’humour, soit avec l’interdiction de fumer dans les lieux publics, soit avec l’excellent Les mots des riches, les mots des pauvres. Voici une douzaine d’années, il y avait eu la savoureuse Grammaire française et impertinente, sortie en format poche en 1999… Sans compter les collaborations (nombreuses) audiovisuelles… que l’on peut faire remonter jusqu’à Pierre Desproges, dont il était familier. Près de cent épisodes de La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède sont disponibles dans les archives de l’INA (une petite sélection se trouve ici). Il se dit qu’il est l’auteur de l’annonce officielle du décès de l’humoriste, en avril 1988, rectifiant l’annonce que son épouse, Hélène Desproges, s’apprêtait à faire, ce afin d'éviter un éventuel procès.

A près de soixante-dix ans, cet auteur à l'imagination infinie et à l’humour grinçant, a créé une sacrée surprise dans cette « rentrée littéraire » avec cet ouvrage de 150 pages adressé à ses deux fils, Mathieu et Thomas, lourdement handicapés. Le bouche à oreille a plus que bien fonctionné et le public a sauté sur ce livre, comme on sauterait sur un Nothomb… faisant de « Où va-t-on papa ? » (également sélectionné pour le prix Goncourt) l’une des meilleures ventes de l’automne. Plus de 100 000 exemplaires ont déjà été édités, du livre de notre voisin. Et le Femina 2008 peut laisser présager d’autres ventes (peut-être un retirage ?), à l’approche des fêtes de fin d’année, ou par curiosité.

Dès le 28 juin, deux mois avant sa sortie, on trouvait un (court) extrait de son livre sur le blogue Persona Grata… très grata !, qui traite à sa façon du handicap mental.

En 2003, Jean-Louis Fournier avait été le président du concours de nouvelles Ecrivains 20 (deuxième édition du concours de nouvelles du 20e arrondissement), dont j’avais l’honneur d’être membre du jury. Malheureusement, entre mes occupations professionnelles de l’époque et quelques soucis de santé, je n’avais pas eu le temps de noter les (il me semble) 57 copies, mais à peine plus de la moitié, et n’avais pu me joindre aux délibérations du jury. Une occasion manquée pour rencontrer cet homme qui m'avait, par exemple, ré-appris la conjugaison des verbes du premier groupe à sa sauce.

Mais l’aventure Fournier ne s’arrête pas là… Outre l’attente des résultats du Goncourt, le prix 2008 du Livre d’Humour de Résistance a été attribué à Jean-Louis Fournier le 25 octobre et doit lui être officiellement remis le 22 novembre à Cluny, ainsi que l’a confirmé par téléphone Etienne Moulron, président-fondateur de la Maison du rire et de l’humour de Cluny.

Ce prix, qui lui sera officiellement remis 22 novembre à 11h30
en La Maison de l’Humour et du vin,
à Cluny, « est destiné à récompenser des personnes physiques ou morales dont l’état d’esprit, l’attitude et le comportement, directement ou indirectement, face à une situation de pression forte, d’oppression ou de tentative de soumission contre leur gré ou celui des personnes qu’elles assistent, que celle-ci soit à caractère politique, militaire, socioculturelle, économique, psychologique ou physique, auront manifesté, témoigné et exprimé fondamentalement, irréductiblement et de manière permanente une résistance obstinée essentiellement activée, véhiculée, exprimée et soutenue par l’humour, le sens de l’humour, la dérision et le rire dans toutes leurs dimensions et champs, le tout porté par une ferme volonté de renverser cette situation ou du moins d’en atténuer les effets et les causes , sinon de les supprimer irrémédiablement ». Vaste programme, aurait dit le général de Gaulle, mais que Jean-Louis Fournier est capable, il l'a montré, de relever avec finesse.

Fabien Abitbol

⇒ Pour ré-écouter le témoignage de Jean-Louis Fournier, début octobre, sur Europe 1, cliquer ici, puis sur l’icône à gauche sous « Plus d’infos ».

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Présentation de l'éditeur

« Cher Mathieu, cher Thomas,
Quand vous étiez petits, j ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
Je ne l ai jamais fait. Ce n était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures…

Jusqu à ce jour, je n ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J avais honte ? Peur qu'on me plaigne ?

Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible : « Qu'est-ce qu'ils font ?

Aujourd hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j ai décidé de leur écrire un livre.

Pour qu on ne les oublie pas, qu il ne reste pas d eux seulement une photo sur une carte d invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d ange, et je ne suis pas un ange.

Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d'une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d eux avec le sourire. Ils m ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.

Grâce à eux, j ai eu des avantages sur les parents d enfants normaux. Je n ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait : rien.

Et surtout, pendant de nombreuses années, j ai bénéficié d une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

Jean-Louis Fournier

Pour la première fois dans son œuvre, Jean-Louis Fournier parle de ses garçons, pour ses garçons. Parce que le temps presse et qu il faut dire autrement. Dire autrement la question du handicap, sans l air contrit ou la condescendance. Comme il l a fait en 1999 en évoquant son père, Jean-Louis Fournier conserve, pour ce nouveau roman, l équilibre maîtrisé entre le drôle et la désespérance.

Où on va papa ?
STOCK, coll. Bleue, 150 pages
ISBN : 2234061172
Prix France TTC : 18,00 €

Ingrid Betancourt, femme de l’année 2008

Comme on peut le voir et l’entendre ici (en anglais), Ingrid Betancourt (récemment reçue par le pape) a été élue « femme de l’année 2008 ».

Cette année le président de l’ organisation des Worlds Awards était l’ancien dirigeant de l’Union soviétique et prix Nobel de la paix, Mikhaïl Gorbatchov.

Libérée début juillet après six années passées aux mains des Farc dans la jungle colombienne, le flou persiste sur les conditions de sa libération.

Le père de ses enfants, Fabrice Delloye, devrait prochainement être nommé ambassadeur de France au Costa-Rica. Diverses pistes ont été évoquées pour l’avenir de l’ex-otage.

Charles Aznavour décoré de l’Ordre du Canada

Il est le 13e récipiendaire étranger de la plus haute distinction !

Le chanteur et comédien français Charles Aznavour a reçu hier l'insigne d'officier de l'Ordre du Canada « à titre honorifique » (il n’est pas Canadien). L'Ordre du Canada est une décoration remise par la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, pour couronner l'œuvre d'une vie, le dévouement exceptionnel d'une personne envers la communauté ou une contribution extraordinaire à la nation.

C'est la gouverneure générale du Canada en personne, Michaëlle Jean, qui lui a remis la plus haute récompense au pays à la Citadelle de Québec. « Recevez cette distinction comme une déclaration d'amour », a dit Mme Jean en décorant le célèbre chanteur.

Présent à la cérémonie, Robert Charlebois a souligné que M. Aznavour « est le plus québécois des chanteurs français et depuis le plus longtemps ». Il a ajouté que, pour lui, « rencontrer Aznavour, c'est comme pour un cardinal rencontrer le pape ».

Le chanteur français d'origine arménienne est dans la Vieille Capitale dans le cadre du Festival d'été. Il donnera un concert sur les plaines d'Abraham ce soir, à l’occasion des festivités entourant les 400 ans de la fondation de Montréal.

Âgé de 84 ans, Charles Aznavour est sur scène depuis une soixantaine d’années. Parmi ses récompenses et nominations, on peut noter que, en 2004, il avait été élevé au rang de Commandeur de la Légion d'honneur.

Au bas de cette fiche, il est mentionné que le résident suisse Charles Aznavour est Officier honorifique « pour sa contribution exceptionnelle à la culture francophone en tant que chanteur, compositeur et comédien et pour son œuvre qui contribue à bâtir des liens culturels importants entre le Canada et le reste du monde francophone ».

Selon le décompte de l’AFP, il devient ainsi la treizième personnalité étrangère à recevoir la plus haute distinction du Canada, après, entre autres, Boutros Boutros-Gali, Vaclav Havel et Nelson Mandela.

F .A., avec Radio-Montréal et l’AFP, photo La Presse canadienne

⇒ La dépêche AFP

Bolloré, Poutine et Sarkozy récompensés

Le palmarès CB News est tombé

La 10e édition du Palmarès CB News a couronné en premier chef Vincent Bolloré comme « Personnalité média de la décennie » et RTL comme « Meilleure radio ». Mais la vidéo du Parisien.fr des premiers pas de Nicolas Sarkozy au Salon de l’Agriculture a eu le « Meilleur coup média » (près de deux millions de visionnages à cette heure) et France 2, avec son « Système Poutine », a remporté le prix de la « Meilleure émission de stock ».

De nombreuses autres récompenses ont aussi été données, à découvrir dans le dernier numéro du mensuel professionnel. Libération est considéré comme le meilleur quotidien national (La Croix en 2006 et La Tribune en 2007). Le jury et le palmarès sont là. L’année 2007 ici et pour 2006, c’est par-là.

Une Palme d’Or pour l’éducation de l’Est parisien

Adapté de cet ouvrage publié en 2006 rédigé par un enseignant du Collège Mozart (19e arrondissement), « Entre Les Murs », transposé dans le 20e arrondissement (collège Françoise-Dolto), a obtenu ce soir la Palme d’Or à Cannes, ce qui n’avait pas eu lieu depuis plus de vingt ans avec « Sous le soleil de Satan » (de Pialat) pour un film français.

A se demander si, en se rendant à Cannes, le ministre de l’Education Xavier Darcos n’avait pas bénéficié de ce que l’on appellerait en matière boursière un délit d’initié… d’autant qu’un film Kazakh a remporté à la fois Un certain Certain regard et le prix de l’Education nationale.

Entre les murs avait été salué par les festivaliers ce matin, pendant que le jury se réunissait. Pour celles et ceux qui croient que ce film de plus de deux heures est un documentaire, la lecture de la critique de Mélanie Carpentier pour Evene.fr s’impose.

Sortie le 15 octobre 2008

⇒ Le site du Collège Mozart (19e arrondissement), où a enseigné François Bégaudeau, avant de se reconvertir dans l’écriture pour Playboy, des ouvrages collectifs et un livre, ainsi que dans la critique télé pour Canal +.

⇒ Le site du collège Dolto (20e arrondissement), où le film a été tourné.