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Un gouvernement resserré, en attendant les nominations des Secrétaires d’État, et avec une représentation moins "parisienne": voilà l'essentiel de ce que l'on peut retenir de l'annonce faite ce midi, heure de Paris, sur le perron de l’Élysée. La liste des ministres du troisième gouvernement de la présidence Hollande (premier gouvernement Valls) est à télécharger ici dans l'ordre protocolaire. Sur huit ministres ou ministres délégués ayant occupé des fonctions électives à Paris, en Île-de-France, ou en Europe au nom de l'Île-de-France, seuls deux restent dans le troisième gouvernement du quinquennat de François Hollande. Les Français de l'étranger sont aussi oubliés, à 50 jours de l'élection de leurs représentants.
Dans le précédent gouvernement, l'est parisien était surreprésenté, avec Mmes Benguigui, Duflot, et Pau-Langevin.
Lire la suite "Une Île-de-France "peau de chagrin" dans le premier gouvernement Valls" »
Rédigé à 22h47 dans Actualité, Europe, Législatives 2012, Présidentielle 2012, Région, Vu de Québec | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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Dans le 20e arrondissement comme sur l'ensemble de Paris, le Parti socialiste et ses alliés ont reculé par rapport aux municipales de 2008, mais conservent la majorité absolue.
Dans le 20e arrondissement de Paris, où le nombre d'électeurs est sensiblement le même d'un scrutin à l'autre (lire ici les résultats du premier tour), la "liste Hidalgo" menée par la socialiste Frédérique Calandra (maire sortante) l'a emporté avec 55,1% des suffrages, contre 31,3% à la "liste NKM" menée par Atanase Périfan (conseiller sortant du 17e arrondissement), et 13,7% pour la liste Front de Gauche menée par Danielle Simonnet, conseillère de Paris et élue du 20e. La participation, en apparence faible (52,7% au second tour) est tout de même largement supérieure à celle de 2008, où seuls 43,4% des électeurs avaient pris part au vote.
Pour accéder aux résultats arrondissement par arrondissement, cliquez ici.
En 2008, Mme Calandra (qui menait la "liste Delanoë"), avait remporté la mairie d'arrondissement avec 69,5% des voix, contre le maire sortant Michel Charzat, exclu du PS, qui obtenait 30,5%. Aucune liste de droite n'était présente au second tour.
En nombre d'électeurs, Mme Calandra à obtenu 31.163 voix (31.948 en 2008), et son ancienne adjointe Danielle Simonnet (qui figurait sur sa liste en 2008, donc) en a eu 7.732. De son côté, la liste UMP-MoDem a obtenu 17.690 voix, soit environ 3.500 voix de plus que la liste divers gauche menée en 2008 par Michel Charzat.
Avec un score similaire en voix et très inférieur en pourcentage, Mme Calandra parvient tout de même à sauver la mise: sa liste obtient 11 sièges au conseil de Paris et 22 sièges au conseil d'arrondissement, tout comme en 2008. À la différence près que la répartition des élus a été modifiée entretemps, sur la base de l'évolution de la démographie parisienne.
En 2008, le 20e arrondissement élisait 39 conseillers d'arrondissement dont 13 conseillers de Paris; en 2014 il devait en élire 42, dont 14 conseillers de Paris.
En nombre d'élus, Mme Calandra se retrouve au même niveau qu'à la précédente élection. M. Périfan en obtient autant que M. Charzat en 2008 (six élus, dont deux conseillers de Paris). La grande gagnante est Mme Simonnet qui en obtient trois, dont un au Conseil de Paris, où elle sera en revanche très isolée.
La -courte- tentative de discussion entre l'équipe Hidalgo et l'équipe Simonnet a mal tourné lundi dernier. À ce sujet, lire ce billet d'Alexis Corbière, qui était jusqu'à cette élection l'autre élu PG à Paris, élu dans le 12e arrondissement.
Lire la suite "Le recul du PS profite à la droite et à la gauche" »
Rédigé à 06h00 dans Actualité, Vie citoyenne | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
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Malgré la présence au second tour de la "liste NKM", les résultats détaillés du premier tour des municipales dans le 20e (soit l'arrondissement de Ménilmontant) laissent apparaître une nouvelle baisse de l'électorat de la droite traditionnelle, et un doublement du vote FN par rapport aux résultats du premier tour de mars 2008, qui avait pourtant vu arriver l'élimination des différentes listes de droite au premier tour.
En 2008, le 20e comptait 105.984 électeurs inscrits, et 57.213 d'entre eux avaient voté (soit une participation d'à peine 53,98%). Ce dimanche 23 mars 2012, le nombre d'électeurs inscrits était de 107.381 (en hausse de moins de 1%), et celui des votants était de 56.669 (soit 52,77% de participation, en baisse d'à peine plus de 1%. Les 928 bulletins blancs ou nuls de 2008 (0,88% des inscrits) ont presque doublé cette année: 1.703, soit 1,57% des inscrits.
En 2008, les 53,11% de suffrages exprimés se sont portés sur douze listes, et cette année les 51,19% d'exprimés avaient le choix entre onze listes.
Photo: c'est dans le 20e, son arrondissement, que Danielle Simonnet a réussi son meilleur score, dépassant les 10% (F.A., archives janvier 2014)
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À nombre d'électeurs inscrits similaire, à "offre politique" numériquement quasi-identique, et à raison d'une participation en 2008 comme en 2014 à peine supérieure à 50%, on arrive à un résultat fort différent: en 2008 seules deux listes estampillées à gauche pouvaient se maintenir (celle du maire sortant Michel Charzat et la "liste Delanoë" conduite par Frédérique Calandra) alors que cette année quatre listes sont en situation de maintien (la "liste Hidalgo" conduite par la maire sortante Frédérique, la "liste NKM" conduite par Atanase Périfan, la liste EELV conduite par Antoinette Guhl, et la liste Parti de Gauche conduite par Danielle Simonnet).
Se disant "pas sectaires", les socialistes annoncent qu'ils vont discuter avec EELV et "peut-être" avec le PG. Ce qui, du reste, concernant les relations entre les socialistes et les écologistes a été le cas en 2001 et en 2008. Rien de neuf dans ce genre de fusion, donc, sauf un effet d'annonce et un doute planant sur un accord potentiel entre le PS et le PG.
Les forces en présence
Dans le 20e, là où Raoul Delamare, en congé de l'UMP en 2008, avait réalisé l'exploit de se placer en tête des listes de droite, avec 5.231 voix (ratant de 400 voix le pallier fatidique des dix pour cent de suffrages), le même candidat, concourant sous l'étiquette UDI en 2014, n'obtient que 1.843 voix (soit 3,35% des suffrages, rendant impossible la moindre fusion). En 2008, le candidat officiel de l'UMP Jean-Claude Beaujour ne faisait que 4.076 voix (7,24%); en 2014, le candidat soutenu par l'UMP Atanase Périfan obtient presque deux fois et demie plus avec 9.624 voix (soit 17,51%). Pour autant, le total des voix de droite en 2008 (hors FN) était de 13.421 voix (MM. Delamare, Bariani, et Beaujour additionnés). En 2014, la droite (en totalisant Mme Cerruti, M. Delamare et M. Périfan) n'obtient que 12.684 voix, soit 737 voix de moins...
Le FN, représenté en 2008 par Tanguy Deshayes (un militant auvergnat installé résidant dans le 19e et suspendu l'année suivante pour une sombre affaire) totalisait 2033 voix (3,61%). En 2014, le FN, représenté par le commandant de CRS Jean-Louis Chabaillé, obtient 4.112 voix (soit deux fois plus, à 7,48%). Il est donc en position de faire alliance, mais c'est un cas peu probable. Rappelons au passage que la première élection locale de Jean-Marie Le Pen était... à Ménilmontant en 1983.
Parmi les différents candidats de gauche, la maire sortante PS Frédérique Calandra obtient 20.502 voix (37,30%), soit un millier de moins qu'en 2008, où elle avait réalisé 38,32% au premier tour avec 21.568 voix.
L'ancien maire de 1995 à 2008 Michel Charzat, qui avait obtenu 9.022 voix (16,03%) en 2008 n'obtient cette année que 4.350 voix (7,91%), ce qui le met en position de faire alliance. Cela dit, il s'était vu "opposer une fin de non-recevoir" par Frédérique Calandra en 2008.
Chez les écologistes, Denis Baupin avait eu 5.329 voix (soit 9,47%) en 2008. Cette année, Antoinette Guhl dépasse les dix pour cent (10,90% avec 5.990 voix).
Un peu plus à gauche, Fernanda Marruchelli ne réalisait que 1.229 voix (2,18%) en se présentant sous l'étiquette Gauche Alternative en 2008. Cette année, sous l'étiquette du Parti de Gauche, Danielle Simonnet obtient le meilleur score de Paris avec 5.692 voix et 10,36% des suffrages.
Le nombre total des voix Calandra + Charzat + Guhl + Simonnet est de 36.534 voix. En 2008, le total Calandra + Charzat + Baupin + Marruchelli était de 37.148 voix...
Il ne manque donc que 614 voix aux quatre candidats de gauche par rapport à 2008, alors qu'il en manque 737 à la droite, qui pourtant cette année sera présente au second tour, et pourra compter sur -au moins- deux conseillers de Paris, et vraisemblablement pas plus de quatre ou cinq, en fonction des alliances qui vont se nouer ces deux prochains jours, et des reports de voix dans les divers camps.
Ces calculs purement mathématiques et cette projection théorique n'ont que pour but de démontrer que le nombre de voix ne fait pas grand chose en soi, mais que ce qui compte dans une élection municipale de liste c'est en premier lieu les palliers (en 2008, la "liste Delamare" avait été éliminée de peu) et en second lieu les alliances. Il s'agit en effet d'un scrutin dit "à la plus forte moyenne" (exemple de calcul ici), particulièrement défavorable aux petites formations.
Ayant seulement accès en direct aux chaînes iTélé et BFM depuis Québec, il m'a été donné d'entendre tout et n'importe quoi, notamment que les listes UMP sur Paris devançaient les listes PS. Or non seulement déjà en 2001 Bertrand Delanoë avait été élu maire de Paris bien que la gauche soit légèrement minoritaire dans l'ensemble de la ville, mais en plus, en prenant l'exemple de l'arrondissement de Ménilmontant, un affaiblissement numérique de la droite lui permet d'être au second tour, ce qui n'était pas le cas en 2008.
Fabien Abitbol
(Source: ministère de l'Intérieur, résultats 2008 et résultats 2014 1er tour)
Rédigé à 05h29 dans Actualité, Vie citoyenne, Vu de Québec | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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En cette fin de semaine paraissent quasi-simultanément deux sujets visant Nicolas Sarkozy et sa gestion du Conseil général des Hauts-de-Seine. En cause, le projet THD92 (lire les archives de juin 2008). Le blogue en avait de nouveau parlé fin octobre 2009, dans ce long billet sur les relations entre Nicolas Sarkozy et ses frères, alors que l'un d'eux était arrivé à la magistrature suprême depuis plus de deux ans.
Les deux sujets parlant de l'enquête en cours sont à lire dans Le JDD et sur le site Internet de France Info. Mais autant Le JDD que France Info ne parlent que de Numericable, une marque commerciale derrière laquelle (lire ici) se trouvent trois groupes d'investissement (américain, britannique et luxembourgeois). Or la firme américaine avait embauché en mars 2008 l'un des frères Sarkozy.
Depuis que l'information sur l'enquête dans les Hauts-de-Seine est sortie, divers médias l'ont reprise, du JDD ou de France Info, sans chercher à remonter plus loin. C'est dommage. C'est d'autant plus regrettable que On a tous quelque chose de Sarkozy, bien que "daté" (vieux de pile-poil quatre ans) reste forcément à jour pour la période et la thématique sur lesquelles travaillent la Chambre régionale des Comptes d'Île-de-France (2004-2007).
Ce billet représentait l'exemple-type de l'information participative sur l'Internet. Nous l'avions écrit à plusieurs. Nous avions pour point commun majeur d'être des lecteurs assidus mais déçus de Rue89 et l'avions à la base "formaté" pour le proposer à ce média Internet, qui l'a refusé, nous répondant peu ou prou que ce n'était pas de l'information. Je ne saurai restituer les mots exacts: je n'étais pas à l'origine de la proposition vis-à-vis d'eux. Alors, avec l'accord des co-auteurs, j'avais tout repris et fait une version plus longue, remis des informations que nous avions retirées, que parfois nous avions été obligés de retirer par manque de place -de mémoire, le maximum chez eux étant de 5.500 signes à l'époque-, puis j'avais réactualisé la partie concernant le Conseil général des Hauts-de-Seine, pour arriver à une version finale de près de 10.000 signes.
Notre surprise fut à la hauteur de notre déception lorsque, cinq mois plus tard, l'un de nous signala aux autres que Cécile Duflot et Pierre Larrouturou, tous deux candidats aux régionales en Ile-de-France, avaient publié une tribune sur le problème spécifique de l'avenir des retraites, au cas où celles-ci tombaient entre les mains de l'un des frères du président de la République. Cette tribune était publiée par le média qui avait refusé notre travail pourtant plus étayé et pourtant hors contexte électoral.
Entretemps, notre billet sur les quatre frères avait bien circulé: Internet est fait pour ça!..
Puis il y eut de nouveau un sujet sur les retraites, cette fois journalistique, dans Mediapart, dont le site du Point fit état. L'affaire fut bloquée le mois suivant par la Banque de France.
Bref: il s'était écoulé treize mois depuis la parution du premier sujet sur ce blogue soulignant les délicats rapports entre frères qui me semble être le tout premier à s'être penché sur la famille, après que le père du président avait évoqué lidée d'une dynastie Sarkozy.
Toujours en novembre 2010, deux blogues hébergés par Mediapart allaient, eux, dresser à leur façon la saga des quatre frères: Les frères Sarkozy sauvent la France le 18, Les 4 frères Sarkozy le 23.
En espérant que vous comprendrez un peu mieux que ce n'est pas -contrairement à ce que certains peuvent insinuer- un "complot" ou "de l'acharnement" contre l'ancien président, mais une vieille histoire qu'il convient désormais de mettre au clair. À ce qu'indique une dépêche Reuters, l'entourage de Nicolas Sarkozy est au courant, et "serein".
Aujourd'hui, la presse en ligne se réunissait à Paris. Peut-être cette citation de Edwy Plenel correspondrait-elle le mieux à l'enquête que mène présentement la Chambre régionale des Comptes de l'Île-de-France. Mais en prenant son temps.
Fabien Abitbol
Rédigé à 17h51 dans Actualité, Humeur, Internet, Région | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
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Note à benêts (et à trolls): Ce billet "n'a pas vocation" -comme diraient certains élus de l'UMP comme du PS- à préciser ce que devrait être la politique migratoire de la France, bien erratique depuis des décennies. Il s'agit juste, au travers d'une expulsion familiale largement médiatisée, de mettre en avant quelques non-dits et de voir ce qui aurait pu (ou dû) dans un cas bien précis être fait. Car, contrairement à ce qui a été amplement propagé, le dossier Leonarda souffre de lacunes. Il est un peu long, j'en conviens. J'espère néanmoins que vous le lirez jusqu'au bout.
Nous avons donc une famille nombreuse (#unpapaunemaman et pas mal d'enfants, comme diraient les defenseurs du mariage hétérosexuel) qui est en France et qui demande un statut. Je ne me suis pas penché sur le dossier pour savoir à quand ça remonte (2008, semble-t-il), ni précisément quel statut ils cherchaient à obtenir.
Toujours est-il que, le temps passant, #unpapaunemaman font un enfant de plus, qui nait en France.
Dans le dossier, l'homme prétend être du Kosovo, et qu'il aurait fui ce pays vers 1973 ou 1974, il ne se souvient pas. On passe un peu vite sur le fait que le Kosovo n'a d'existence légale que depuis 2008 et que l'ONU ne l'a défini qu'en 1999, soit tout de même vingt-cinq ans après le départ présumé du demandeur. Dans ce cas, d'où le demandeur vient-il réellement?
Il semble que sur son origine géographique il n'a pas menti, déclarant le 20 octobre: "Je suis parti d'ici il y a 35 ans je ne reconnais plus la ville".
Or cet homme est jeune, très jeune, puisqu'il a moins de cinquante ans aujourd'hui (entre 43 et 47 ans, selon ce que rapportent les différents médias). Ça signifie donc qu'il aurait fui le Kosovo en étant mineur, et personne ne se pose la moindre question de savoir ce qu'il a fait pendant quarante ans?
Cet homme est donc, à première vue, un affabulateur. Doublé d'un mari et d'un père violent mais c'est un autre problème (j'y reviendrai plus loin).
Donc l'administration française dans toute sa splendeur va, à plusieurs reprises rejeter son dossier, sans même tiquer sur ce "point de détail de l'histoire" qui devrait faire s'interroger sur un problème technique: par quel pays M. Dibrani est-il entré en France?
Là, il y a déjà de quoi jeter le trouble sur la "qualité" de l'étude du dossier (à plusieurs reprises), pour ne pas dire du rejet de dossier sans étude. Ça confirme les rumeurs persistantes, qui existaient déjà depuis une dizaine d'années sur les pratiques de l'OFPRA. Tombé voici peu sur les "chances" d'être admis en France selon le pays d'origine, j'avais été un peu surpris: plus on vient d'un pays peu pourvoyeur, plus on a de chance d'être admis au séjour en France.
Par ailleurs, une rapide enquête sur le récent passé du père aurait permis de voir que dans un pays Schengen voisin, l'Italie, on l'avait menacé de lui retirer la garde de ses enfants pour cause de violences. Une enquête en France a minima aurait abouti à des conclusions similaires. Pourquoi, dès lors, Leonarda et sa soeur n'ont-elles pas été prises en charge par l'aide sociale à l'enfance? Apparemment parce qu'elles se sont rétractées. Comme de nombreuses femmes, de nombreux enfants, en France comme ailleurs, qui, après avoir été violentés, n'osent pas réellement porter plainte contre celui qui, malgré tout est leur père ou leur mari. C'est classique, mais cela relève d'une défaillance de l'Etat.
Sinon, lorsque le rapport de l'IGA dit que M. Dibrani ne faisait aucun effort pour bosser, pourquoi en aurait-il fait, sinon pour se mettre en contradiction avec la législation française sur les demandeurs d'asile? Outre d'être violent, le seul truc qu'on puisse lui reprocher c'est de n'avoir pas bien appris la langue française. Mais ça, on pourrait le reprocher à beaucoup de migrants.
Si le dossier avait été mieux étudié, que par exemple la famille avait été convoquée en présence d'un interprète, on se serait aperçu que les enfants ne parlaient pas la langue paternelle. On aurait sans doute compris que les enfants étaient nés en Italie (sauf le dernier, né en France, et dont le vocabulaire doit être fort limité). La naissance en Italie ne confère pas la nationalité italienne, tout comme la naissance en France ne donne pas la nationalité française. Le bébé né en France pourra devenir Français plus tard s'il respecte certains critères, en l'état actuel des lois Sarkozy.
À ce que j'ai compris, les enfants ont automatiquement la nationalité... de leur père. Mais a-t-on au moins vérifié que M. et Mme Dibrani étaient légalement mariés, ou ce mariage faisait-il partie des faux documents présentés par le demandeur? Il se trouve que Mme Dibrani a, de son côté, déjà été mariée voici vingt-cinq ans. Qui plus est avec l'homme à l'origine de son agression ce dimanche au Kosovo. Est-elle divorcée de son agresseur de ce dimanche?
Les rejets de titre de séjour se basent sur quoi? Franchement, je ne sais pas. Le dossier, à ce que l'on sait, a été purement déclaratif et empreint de faux, puisque M. Dibrani s'est mordu les doigts (un peu tard) de n'avoir pas dit la vérité sur sa femme et ses enfants. Il est con, en plus d'être violent. Ça n'arrange pas son cas, mais ça n'excuse pas les défaillances françaises.
Venons-en maintenant à l'enquête de l'IGA.
Les médias (et quelques politiques) disent qu'aucune faute n'a été commise. Soit. Le président de la République en tire une autre leçon, puisque, estimant l'interpellation de Leonarda hors-norme, il prononce un jugement de Salomon: la collégienne peut choisir entre sa famille de naissance (#unpapaunemaman #desfrereszetdessoeursceseraitlebonheur) et sa famille de cœur (retourner à l'école avec ses copains).
Dans ce tintamarre, une information de première importance passe inaperçue. Quelle était la mission de l'IGA? Faire la lumière sur l'interpellation de Leonarda. Que dit le rapport? Il décrit avec minutie comment la police s'est aperçue que Leonarda n'était pas avec sa mère et ses frères et sœurs. Et c'est là que ça coince: il faut lire la page 10, rubrique 1.3.2, pour apprendre que la police française devait émettre des laissez-passer européens.
Cela signifie que le Kosovo, malgré tout le temps écoulé depuis que la France voulait expulser la famille, n'avait pas émis de laissez-passer consulaires, nécessaires à l'expulsion. D'ailleurs, un responsable kosovar a déclaré: "il n'y a que le père qui soit né au Kosovo [...] Nous ne savons pas quoi faire avec cette famille. Elle n'est pas du Kosovo" (lire ici).
La dernière fois où, de façon officielle, la police française a utilisé des LPE (laissez-passer européens), c'était en 2009, lors du renvoi de neuf Afghans de Calais. Avec comme conséquence une fâcherie de Kaboul.
Le LPE est apparu au Journal officiel de l'Union européenne en septembre 1996 (uniquement en anglais), officialisant une "recommandation" de novembre 1994. Il était en vigueur à effet rétroactif au 1er janvier 1995.
Apparemment, depuis l'arrivée de Manuel Valls à l'Intérieur, la France l'utilise de nouveau, comme l'a expliqué Politis: 253 en ont été émis en 2012 selon le ministère, à destination du Kosovo C'est une façon de forcer la main au pays de retour.
Par exemple, un projet de loi déposé à l'Assemblée nationale par Jean-Marc Ayrault et Laurent Fabius en vue d'entériner un accord franco-serbe signé sous le quinquennat Sarkozy prévoit en son article 9 l'utilisation par la France d'un LPE mais uniquement si les autorités serbes donnent leur accord au retour de leur compatriote indésirable en France.
Le LPE est si confidentiel que l'AEDH (Association européenne pour la défense des Droits de l'Homme) en a fait la découverte, et donc la critique, en... mars 2010 seulement, soit après l'expulsion des Afghans de Calais et, surtout, alors que le LPE avait déjà quinze ans d'existence.
Même des juristes européens oublient l'existence du laissez-passer européen, à en croire cette page d'Europa "Synthèse de la législation européenne", pourtant mise à jour en mai 2011 (lire attentivement l'avant-dernier paragraphe). Pour comprendre que Europa n'est pas une bande de rigolos, cliquer sur la page à propos. Pour eux, donc, le LPE n'est qu'à envisager, et non pas une réalité. Pour la France pourtant pays fondateur de l'Europe, il devient d'usage courant au point que les journalistes ne lisent même pas, dans le rapport de l'IGA, qu'il a été à l'origine de la traque de Leonarda.
La France, par la voix de Claude Guéant, avait annoncé en 2011 qu'elle allait exercer "des mesures de pression" sur les pays refusant de délivrer un laissez-passer consulaire, afin de ne pas trop délivrer de laissez-passer européens. Il faut croire que non seulement elle n'a pas été suffisamment entendue, mais qu'en sus le gouvernement actuel n'est pas plus "laxiste" que celui qui préparait la présidentielle de 2012 et espérait la réélection de Nicolas Sarkozy.
Cette archive du Gisti, basée sur l'année civile 2003, est certes ancienne mais donne une bonne idée de la bonne ou mauvaise volonté des pays à accepter ou non qu'on leur renvoie leurs ressortissants. A l'époque, il n'y avait pas de Kosovo mais une Yougoslavie; à l'époque la Tunisie était sous le régime de Ben Ali; à l'époque aussi, l'Egypte n'avait pas fait sa "révolution". En 2003, ce siècle avait deux ans. Et déjà Sarkozy perçait sous Chirac. Mais dans les grandes lignes, c'est à lire pour mieux comprendre l'embarras des autorités françaises, mais aussi ce que le ministre de l'Intérieur n'a pas dit clairement, et que du coup les journalistes n'ont pas repris.
Que faire de Leonarda?
On l'a vu, la collégienne de quinze ans n'est pas gâtée: un père menteur, violent, et qui par surcroît l'aurait forcée à mendier. Or le père, qui se revendique du Kosovo, avait déjà été expulsé au Kosovo quand la police a voulu expulser le reste de la famille. Pourquoi la France l'a-t-elle renvoyée au Kosovo, alors que, suite à une décision du Conseil d'Etat de mars 2012, soit à peine un an après son entrée sur cette liste, le Kosovo est sorti de la liste des "pays d'origine sûre" de l'OFPRA? Autre faute de l'administration française... car la liste à jour (août 2013) ne mentionne toujours pas le Kosovo.
Une fois l'erreur commise d'envoyer le père au Kosovo dans des conditions que le rapport de l'IGA ne dit pas [tel n'est pas son propos], la France aurait pu se passer d'établir ces laissez-passer européens discrètement avoués dans un long rapport, et donc de forcer la main au Kosovo en lui expédiant une femme et de enfants que ce pays ne reconnaissait pas ou ne voulait pas. La France aurait pu, par exemple, reconduire à la frontière le reste de la famille dans son pays "d'origine" au sein de l'espace Schengen, à savoir l'Italie. Une autre possibilité était aussi d'attendre quelques mois, et que cette femme et ces enfants soient régularisables en France au titre de la circulaire Valls.
Du temps où Nicolas Sarkozy était à l'Intérieur existait une circulaire recommandant de ne pas expulser les enfants durant l'année scolaire. Est-ce à dire que la France dite "de gauche" est moins humaine que celle d'avant?
Désormais, tous les membres de la famille Dibrani sont au Kosovo, y compris les enfants qui ne connaissent pas de langue locale. On en vient à reprocher aux enfants -qui n'y sont pour rien- de se comporter comme des Français, et la famille se fait agresser dans la rue, par celui qui était le mari de la dame un quart de siècle plus tot, certes, mais un policier dit tout de même qu'ils ne sont pas en sécurité là-bas.
Une solution reste à la France, dans le cadre du règlement Dublin II: l'article 15, alinéa 1. On y lit que "des membres" d'une même famille peuvent être rapprochés pour des "motifs familiaux et culturels". L'article 6 de ce même règlement met pour sa part en avant "l'intérêt du mineur". Jusqu'à plus ample informé Leonarda est mineure. Il y aurait donc possibilité de la faire revenir en France avec "des membres" de sa famille, et dans son "intérêt" peut-être la séparer de son père, puisque tous les reproches faits jusqu'à présents le sont à son égard. Aussi étrange que cela puisse paraître, ça paraît plus judicieux que de lui demander de choisir entre sa famille naturelle dans un pays qu'elle ne connaît pas avec une langue qu'elle ne connaît pas et la France, mais "elle seule".
Fabien Abitbol
Rédigé à 02h31 dans Actualité, Europe, Faits divers, Humeur, Sans-papiers, Société | Lien permanent | Commentaires (13) | TrackBack (0)
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Inna Shevchenko est, selon Reuters, la première des Femen à obtenir l'asile politique en France, où elle était arrivée comme touriste l'été dernier après avoir abattu une croix à la tronçonneuse en Ukraine (vidéo ci-dessous).
"La raison en est que j'ai abattu à la hache une croix chrétienne à Kiev en soutien des activistes russes Pussy Riot", a-t-elle déclaré à Reuters, précisant que les Femen comptaient ouvrir "des écoles révolutionnaires pour les femmes" en France.
La jeune femme étant née le 23 juin 1990, la plus importante agence de presse française n'hésite pas à parler d'elle en la qualifiant de "belle blonde aux cheveux longs de 23 ans". Techniquement, c'est une jeune femme de vingt-trois ans, certes. Pour le reste, on peut imaginer que la même dépêche se serait passée de commentaire devant un physique différent, ou que l'agencier qui l'a rédigée a oublié l'action, en octobre 2011, des Femen devant le domicile parisien de DSK.
Pendant ce temps, les actionscontinuent, ici, là, ou encore là-bas. Encore du chemin à faire pour les Droits de l'Homme. Et des femmes.
F. A.
Rédigé à 21h39 dans Actualité, Europe, Humeur, Sans-papiers, Société, Solidarité | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
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Hier lundi, j’étais invité en direct par téléphone sur Europe1 pour parler quelques minutes de mon blogue spécialisé dans le décryptage quotidien du Journal officiel Le JO au café.
C’était dans le cadre de l’émission «Des Clics et des claques» (#dcdc sur Twitter), qui à partir de 20h parle des réseaux sociaux. J’avais été prévenu tôt le matin. En fait, dès 5h et des poussières, ne faisant pas très attention au décalage horaire, un appel de la rédaction m’avait tiré de mon sommeil, auquel j’avais malencontreusement raccroché. Mais le journaliste m’a rappelé trois heures plus tard et là, frais comme un gardon, j’ai dit OK sans même savoir ni vraiment de quoi on parlerait le soir, ni qui présentait l’émission ce soir-là.
Il ne faut donc pas être trop surpris si parfois je suis un peu long à la détente. Rien n’était préparé de mon côté. Sous Giscard, «Europe1 c’est naturel» était le slogan de la radio, après tout, non?
Le total de l’intervention dure à peine sept minutes. Et dans les «pépites» qui m’étaient demandées par David Abiker (qui lundi soir animait l’émission) je n’ai pas eu le temps de glisser celle-ci, développée par mon épouse sur notre blogue à quatre mains dédié à la circonscription électorale d’Amérique du Nord. Une brève reprise sans ambages presque mot pour mot par deux médias israéliens.
L’émission d’hier soir a été mise en ligne ce matin. Vous la retrouverez ici. Et je suis après Karine Lemarchand, à partir de la 52e minute (durée: 7'20"). Vous pouvez également télécharger le fichier MP3 ne contenant que mon intervention ici: Téléchargement DCDC-29-04-13
Fabien @Menilmuche
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Si la dernière étude du cabinet
Semiocast ne place la France qu'en dix-huitième position pour le nombre
de comptes ouverts sur le réseau social twitter, elle classe Paris en
septième position des villes. Dans son édition locale, Le Parisien y consacre ce
lundi son ouverture.
La dernière étude de Semiocast, du 30 juillet, est
à lire ici (en anglais). En France, les détenteurs de compte twitter ne
sont que sept millions (deux fois plus qu'en 2011), contre
cent-quarante millions de comptes aux États-Unis.
Cent-quarante, c'est le nombre de signes que contient un message sur le
réseau. Et il en a été diffusé dix milliards sur la planète en juin
2012.
Lundi matin, Le Parisien a publié dans son édition parisienne un sujet rédigé par Christelle Brigaudeau (@cbrigaudeau sur twitter) où elle explique un peu l'étude et certains comportements.
Elle m'avait joint auparavant, via twitter et par le courriel contact du blogue, puis nous nous étions entretenus au téléphone. L'essentiel de ce que Le Parisien a publié ce matin est à lire ici.
Fabien (@Menilmuche sur twitter), ill. Le Parisien
Pour les Parisiens retardataires qui n'ont pas pu acheter lundi Le Parisien, Laurent Artufel, qui fait sa rentrée sur Voltage, consacrera mardi une partie de sa matinale à ce sujet de société. Il a prévu de me faire passer en direct à 7h48.
Rédigé à 18h55 dans A propos de ce blogue, Actualité, Internet, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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"Putain, cinq ans sous Pétain le bref ça laisse des traces!". Telle est l'une des réactions que l'on peut lire sur PSGmag.net, qui a commenté vendredi l'information publiée jeudi soir sur le blogue, annonçant la création d'une "liste noire" au PSG.
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L'entretien du directeur de cabinet de la préfecture de police dans l'infolettre de la mi-août a laissé de marbre les médias, au point qu'on peut se demander s'ils savent ce que le PSG re présente pour des dizaines de milliers de supporters.
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"Si un ministre de l'Intérieur PS laisse passer ça, je m'abstiendrai même au deuxième tour, faut pas déconner", commentait ici un autre supporter.
L'annonce par le directeur de cabinet de la PP, l'ancien patron du RAID Jean-Louis Fiamenghi, de la future interdiction d'acheter des billets à "toute personne ayant fait l’objet d’une interdiction de stade" a fait plus de bruit que la potentielle utilisation de chiens à l'entrée du Parc des Princes pour filtrer les entrées.
Sur le forum KamouloxDuFoot (ici), on s'interroge sur les bases juridiques d'une telle mesure. Sur ForumPSG, qui a publié peu avant midi un copier-coller du blogue, un supporter s'étonne qu'il n'y ait pas d'autre source depuis hier soir... En fait, il avait mal cherché: non seulement je citais ma source (PPrama, qui sortait exceptionnellement le jeudi, le mercredi étant 15 Août férié), mais la rubrique Paris du site Internet de MetroFrance avait aussi publié un résumé. Le quotidien gratuit avait pour sa part titré sur l'incivilité au Parc des Princes.
Sur le forum des Cahiers du Football, le dénommé SupdeBastille lance "Franchement, c'est sérieux cette interview de ce monsieur (Jean-Louis Fiamenghi, directeur de cabinet du préfet de police de Paris)? Il y a encore quelques années, on aurait crû à une interview imaginaire. Le coup du fichier tenu par le PSG est surréaliste et évidemment plus que nauséabond. C'est quoi l'étapre suivante après l'interdication de stade à vie? Les IAS ne pourront plus trouver de logement, de travail?"...
Parmi les réactions chez les supporters, on relève également un forum d'ultras (qui nécessite inscription, ici), et un groupe Facebook, déjà dissout, là.
Clair que cet entretien aoûtien de pré-rentrée fait jaser, alors même que les agences de presse ne l'avaient pas repris jusqu'à vendredi soir, ni le seul quotidien francilien payant, ni même le grand quotidien du football... Torpeur de l'été ou crainte des sujets qui fâchent?
Fabien Abitbol
Rédigé à 00h58 dans Actualité, Humeur, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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