Pour ce 8 mars, Journée internationale des Droits des femmes, France Ô frappe fort, avec un documentaire poignant intitulé “Africaines des Grands Lacs” (inédit, 52 min.), qui nous plonge dans les conséquences de la guerre impliquant sept pays africains, de 1998 à 2003.
Après avoir visionné le documentaire de Claire Duguet et Véronique Bruque, toutes deux guidées par Titouan Lamazou, impossible de sortir indemne. Il y a certes quelques petites longueurs. Mais aussi ces regards de femmes, qui en disent long. Ces cris au monde occidental qui souvent est resté sans rien faire, muet et immobile. Ces blessures enfouies au plus profond d’elles-mêmes…
Lors de la projection, le mois dernier au Club de l’Etoile, la réalisatrice expliquait que le documentaire avait été tourné en deux mois de périple à travers le Congo (la RDC). Deux mois qui sans doute auraient été différents (ou impossibles) sans Titouan Lamazou, fin connaisseur des lieux, dont la présence est récurrente et parfois rassurante au milieu de ces témoignages de femmes meurtries. L’ancien navigateur devenu illustrateur est aussi honoré du titre d’artiste pour la Paix, ce qui facilite les voyages. Depuis une douzaine d’années, il se rend régulièrement dans cette région. Il a décidé aussi de parrainner l’association Lysistrata pour le Droit des Femmes, basée dans le 19e arrondissement de Paris.
«Le soldat qui m'a violée portait l'uniforme de l'armée régulière», dit l’une. On estime à 80% des violeurs les “porteurs d’armes”, soldats en général des armées régulières, mais aussi de la LRA, l'Armée de résistance. Et au viol s’ajoute souvent la contamination au Sida, un virus qui s’est progressivement “féminisé” dans ces pays en guerre, les hommes cachant leur séropositivité.
Porter plainte? Une femme explique qu’il lui a fallu payer un bakchich pour cela, après que ses enfants aient été torturés et violés. L’insoutenable des paroles prend le pas sur la beauté des images.
Un responsable de la MONUSCO, les forces des Nations unies au Congo, lâche, d’un air aussi navré qu'impuissant, que les militaires ont «d'autres priorités que d'arrêter des combattants de la LRA».
Aujourd’hui, en RDC, le Ministère du Genre, de la Famille et de l’Enfant appelle à célébrer la Journée de la Femme, indique la MONUSCO. Car aujourd’hui, au Congo, c’est aussi le 8 mars, et la LRA a repris hier ses attaques contre les villageois, raconte RFI dans l'indifférence occidentale. Près de dix ans la guerre finie, les femmes continuent de souffrir, loin de chez nous, mais ce soir dans nos salons.
Fabien Abitbol
Africaines des Grands Lacs, France Ô, jeudi 8 mars, 20h35
Doc. inédit de 52 min., réalisé par Claire Duguet, monté par Véronique Bruque, avec Titouan Lamazou
En complément: Diaporama de l’expo Ténèbres au Paradis… ici. Le jeu, jusqu'au 28/03, par là.
Notre solidarité horrifiée, mesdames. Cela n'enlèvera rien à votre souffrance, mais quelque part vous savoir soutenues vous aidera peut-être à vivre, un tout petit peu.
Rédigé par : Achar | 08/03/2012 à 17h33
http://www.youtube.com/watch?v=Q5Hzldn7Br8
Rédigé par : Anne-Marie | 09/03/2012 à 18h02