Sous la pression d’élus Alsaciens du parti présidentiel, le ministère de l’Intérieur a finalement décidé que le rassemblement d’été du mouvement Vie et Lumière ne se déroulerait pas cette année sur une base militaire. Et ce un an après le “discours de Grenoble” (à retrouver sur le site Internet de l’Elysée) pointant notamment les gens du voyage.
Depuis plus de vingt ans, depuis 1988 rappelle ce jeudi Mourad Guichard dans une dépêche de synthèse Reuters à lire ici, la mission évangélique Vie et Lumière organise un rassemblement au printemps sur son terrain de Nevoy, dans le Loiret, et un autre l'été sur une base militaire française prêtée par le ministère de la Défense.
«Le site [de Nevoy, note du ouaibemaître] convient aux rassemblements de printemps, mais nous ne savons pas comment nous pourrons y accueillir celui d'août qui attire beaucoup plus de monde», déclarait le pasteur Joseph Charpentier, organisateur des grands rassemblements de l'association Vie et Lumière, dans Le Courrier des Maires du 12 août dernier. «Depuis 1988, c'est la première fois que l'Etat recule sous la pression d'élus locaux. Chaque année, il y a des protestations plus ou moins fortes, mais chaque fois, le bilan s'avère positif», rappelait le pasteur Charpentier, citant les rapports des préfets des précédentes manifestations, et ajoutant, comme en réponse au président Sarkozy: «C'est aussi l'occasion de démontrer que notre communauté fait partie intégrante de la nation française.»
Le Courrier des maires se faisait alors comme un malin plaisir à démonter les «arguments» des élus UMP alsaciens, rappelant les tailles des communes d’accueil et des terrains militaires des précédents étés. Et mettait à la disposition de ses lecteurs (principalement des élus ou directeurs de cabinets) un point juridique sur la Loi Besson de juillet 2000 (à télécharger ici).
Commentant la décision de Claude Guéant d’interdire le rassemblement alsacien en ne prêtant pas la base militaire prévue, le député UMP du Haut-Rhin Michel Sordi avait écrit sur son blogue dès le 9 juillet: «Je ne peux que me réjouir de cette sage décision», rappelant qu’il avait rencontré trois fois le ministre de l’Intérieur pour s’entretenir de ce sujet avec lui. Il écrivait à l’époque, «La sécurité publique des habitants et des biens sera, elle aussi, mise en cause» par un rassemblement de «gens du voyage». Des faits pouvant relever de l’Article 32 de la loi du 29 juillet 1881, qui prévoit: «La diffamation commise par les mêmes moyens envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée sera punie d'un an d'emprisonnement et de 45000 euros d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement.»
Le parquet n'a pas poursuivi le signataire du texte en question. La «xénophobie décomplexée» dont faisait état Laurent Mucchielli fin juillet s’affiche ainsi jusque sur un blogue de député.
Même à Nevoy, des habitants ont manifesté contre le rassemblement d’été, pour lequel 8000 caravanes sont attendues. Le 15 août, jour de l’Assomption, une centaine de caravanes quittaient l’Alsace pour la région Centre, note L’Est-Eclair.
A Nevoy, «la quasi-totalité des chemins de terre et des accès forestiers ont été obstrués par des parpaings ou des arbres couchés afin d'empêcher le passage de véhicules», explique ce jeudi Reuters. «Aux abords du stade municipal, c'est une large tranchée qui a été creusée pour faire obstacles aux caravanes». Marie, une mère de quatre enfants, se montre fataliste: «Nous sommes habitués à cette forme d'hostilité […] Heureusement, la lecture de la Bible nous aide à tenir».
Fabien Abitbol, captures d'écran de vidéos de noemiechloe pour Vie et Lumière
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