L'actrice Simone Valère, figure du cinéma d’après-guerre et du charme parisien, est décédée à l’âge de 87 ans ce jeudi 11 novembre à la maison de retraite de Roinville-sous-Dourdan (Essonne) à l'âge de 87 ans, de mort naturelle. Née au Faubourg du Temple d'une mère catholique et d'un père communiste, son nom restera associé à celui de Jean Desailly, qu'elle allait épouser après quarante-huit ans de vie commune.
Née Simone Gondolf le 2 août 1923 à Paris (selon sa fiche sur l’IMDb), Simone Valère avait participé avec Jean Desailly, son partenaire à la ville comme à la scène jusqu'à sa mort en juin 2008 (à 88 ans), au renouveau théâtral de l'après-guerre, avec Jean-Louis Barrault. On parlait des Valère-Desailly comme on louait les Renaud-Barrault. La rencontre de Jean Desailly (alors marié à la comédienne Nicole Desailly) et Simone Valère avait eu lieu sur le tournage du film Le Voyageur de la Toussaint, de Louis Daquin (d’après Simenon), sorti sur les écrans français durant l’Occupation, en 1943. Simone Valère et Jean Desailly formaient aux côtés de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault (tous deux disparus en 1994), le couple le plus célèbre du théâtre français.
Dès 1946, Simone Valère et Jean Desailly avaient rejoint la compagnie que les Renaud-Barrault venaient de fonder. Ils ont interprété dans le monde entier des adaptations aussi diverses que Comme il vous plaira, Hamlet, Le Soulier de satin, Le Mariage de Figaro, La Cerisaie ou La Vie parisienne, rappelle une notice nécrologique diffusée en début d’après-midi par l’AFP, et ont notamment participé à une triomphale tournée des Renault-Barrault au Brésil en 1965.
Depuis ses débuts à l'écran en 1941 dans Annette et la dame blonde, Simone Valère a tenu des rôles de premier plan dans une quinzaine de films, dont Manon (1948, H-G Clouzot), La Beauté du diable (1949, René Clair), ou L'assassinat de Trotsky (1972, Joseph Losey). Son dernier film pour le grand écran allait être sous la direction de Claude d’Anna, en 1989, Equipe de Nuit (avec Michel Duchaussoy, Bernard Fresson et Jean Desailly).
Après l'éclatement de la Compagnie Renaud-Barrault au lendemain de Mai- 68, le couple Valère-Desailly avait pris la direction du Théâtre Hébertot (1973-76) puis celle du Théâtre Edouard VII, avant de s'installer en 1980 au Théâtre de la Madeleine, qu’ils allaient quitter en 2002, après y avoir fêté, en 2001, leurs soixante ans de théâtre en jouant La Maison du lac de Ernest Thompson (voir ici la présentation de France3, durée 2 min 50). Ensemble, ils avaient joué 450 fois L'Amour fou ou la Première surprise, de André Roussin.
A la télévision, Simone Valère avait prêté sa voix à un documentaire de Frédéric Mitterrand, La Délivrance de Tolstoï (2003, diffusé ces jours-ci sur Arte et qui sera présenté en mars 2011 à Montréal). Outre des apparitions ou des seconds rôles dans de nombreux téléfilms, elle avait joué dans Maigret et la dame d’Etretat, adaptation du roman Maigret et la Vieille dame (avec Jean Richard et Marc Chapiteau), épisode 44 de la série, diffusé pour la première fois à la télévision française en 1979.
Simone Valère et Jean Desailly ne s'étaient mariés qu'en 1998, après quarante-huit ans de vie commune. «Grâce à Dieu, nous n'avons jamais connu le chômage. Voilà pourquoi nous avons vécu dans le péché», s'amusaient-ils à dire.
Ballotée dans son enfance depuis le Faubourg du Temple où elle était née jusqu’à la Nation où son père vint la récupérer dans un pensionnat des sœurs de Saint-Vincent de Paul, la jeune Simone (quatre ans sur la photo) se rendait occasionnellement dans sa jeunesse à des meetings communistes à Arnouville-les-Gonesse (Val-d’Oise), entraînée par «le clan paternel». Son père, rappelle l’Encinémathèque, écrivait dans Le Libertaire. C’est sur les conseils de Henri Marais (frère de Jean Marais) que, pour jouer la pièce Mademoiselle Bourrat, elle prendra comme nom de scène celui de la localité où se situe l’intrigue, Valeyres, en Suisse, qu’elle simplifiera en Valère.
F. A., avec AP, AFP et l’Encinémathèque
Mise à jour du samedi 13 novembre – 22h30
Les obsèques de Simone Valère auront lieu vendredi 19 novembre à 14h00 à Vert-le-Petit (Essonne) a indiqué samedi sa famille. C’est là que repose Jean Desailly.
La levée du corps aura lieu à 13h30, au funérarium de Ballancourt-sur-Essonne.
Ceux qui ont fait le bonheur de ma génération disparaissent, petit à petit... Les légendes restent, mais quand je regarde ceux qui arrivent aujourd'hui j'ai peine à croire que ceux là vont faire rêver à leur tour, les hommes n'ont pas grande distinction, les femmes ressemblent à Madame Toutlemonde..
Rédigé par : jeanne | 11/11/2010 à 20h25
Ca fait de la peine. Elle faisait partie de mon imaginaire... et de mes souvenirs. De ceux qui m'ont fait aimer le théâtre.
Rédigé par : doudette | 12/11/2010 à 15h45