Le club des parlementaires amateurs de Havane s’est réuni vendredi à Genève
C’est on ne peut plus officiel, et publié au JO du samedi 10 juillet. Le maire (NC) de Issy-les-Moulineaux, André Santini, qui aura 70 ans le 20 octobre prochain et vient de demander l’annulation de l’instruction judiciaire le mettant en cause, fait son entrée au Conseil de surveillance de la Société du Grand Paris (SGP), nommé par le gouvernement, au titre de « maire d’une commune de la Région Ile-de-France ». Le Conseil doit se réunir le 21 juillet pour élire son président, qui devra être âgé de moins de 70 ans « au jour de cette élection ». Vendredi, André Santini et quelques-uns de ses amis étaient à Genève pour l’une de leurs réunions d’amateurs de Havane, clin d’œil à l’actualité. La « France d’en-bas » appréciera.
Le Conseil de surveillance de la SGP comprend 21 membres.
Y participent de droit le président du Conseil régional d'Ile-de-France
Jean-Paul Huchon (PS) et les présidents des conseils généraux des huit
départements de la région, dont le maire de Paris Bertrand Delanoë (PS), Paris
étant à la fois Ville et Département. Ce qui fait un total de neuf.
A ces neuf membres, il convient d’ajouter 11 représentants
de l’Etat sur proposition de divers ministères (voir la liste ici) et… un représentant des maires, « sur proposition du Premier
ministre », qui est donc l’ancien secrétaire d’Etat à la Fonction publique
André Santini. Et ce bien que M. Santini a allègrement franchi l’âge statutaire
de 65 ans, ce qui était « reproché » à Patrick Devedjian dans le
cadre de l’Epad, qui gérait La Défense et vient d’être dissous au profit de l’EPADESA (Etablissement public d'aménagement
de La Défense Seine Arche).
Cela n’empêchera pas André Santini de se faire élire
président (bénévole, affirme Michel Mercier, mais non sans quelques substantiels avantages matériels)
le 21 juillet par les membres du Conseil de surveillance. Il suffisait pour
cela d’une petite modification technique, permettant à la Société du Grand
Paris d’avoir un président de « moins de 70 ans » à la date de son
élection. Avec 11 membres nommés par le gouvernement, c’est chose acquise,
d’autant que Jean-Paul Huchon et Bertrand Delanoë ont fait savoir à la
Présidence de la République (à Claude Guéant lui-même, dit-on) qu’ils n’iront
pas siéger le 21 juillet, jour de l’élection acquise par avance de M. Santini.
Il ne faut pas croire que seuls les élus dits « de
gauche » sont opposés au fait que la présidence (un mandat de cinq ans)
revienne à André Santini. Au Sénat, l’UMP Jean-Pierre Fourcade s’y était « violemment opposé », indique ici Le Parisien du 19 juin, considérant qu’il fallait un responsable
d’une cinquantaine d’années, capable de diriger la SGP pendant une dizaine
d’années. Pour l’anecdote, en sus d’être du parti majoritaire, Jean-Pierre
Fourcade, rapporteur de la commission spéciale sur le Grand Paris, est un élu des Hauts-de-Seine, comme
André Santini, et n’est pas un novice en politique, puisqu’il siège au Sénat
depuis… 1977. Difficile de le cataloguer comme un « antisarkozyste
primaire ».
Comme le précise ici le gouvernement, la SGP « sera chargée de conduire dès le
1er octobre 2010 le débat public relatif à la double boucle de métro
automatique proposée par le Gouvernement ». En clair, le « Grand
Huit » annoncé ici (avec une carte fournie par l’Elysée) quelques heures avant que le
président Sarkozy ne prononce son discours du 29 avril 2009. Donc il faut faire
vite, mais près d’un an et demi après, et sans tenir compte de ce que la Région
Ile-de-France avait déjà dans ses cartons, ni des remarques de bon
sens de certains élus franciliens de la majorité présidentielle. Et ce pour que
les premiers coups de pioche puissent, après une « concertation » (et
des expropriations) commencer dès 2013, si tout avance comme souhaité par l'Elysée…
Un cumul à la limite de la légalité
Mais André Santini, outre le fait qu’il est plus que cinquantenaire (contrairement à
ce que souhaitait le rapporteur Fourcade), qu’il a plus de 65 ans (comme c’est
en principe le cas de tout établissement public industriel et commercial) — et
l’on peut dire sans ambages qu’il a 70 ans —, n’a peut-être pas que des
qualités. A commencer par sa disponibilité. Depuis près de trente ans, il est
maire de Issy-les-Moulineaux, dynamique ville de plus de 60000 habitants qui, on n’en
doute pas, requiert de l’attention. Il a été président de la Communauté d’agglomération Arc de Seine, récemment devenue le Grand Paris Seine Ouest (il est désormais vice-président, voir ici), il est député de la 10e circonscription des Hauts-de-Seine, et a conduit la liste
départementale aux élections régionales de mars 2010. Car maire d’une commune
de plus de 3500 habitants, député et conseiller régional, c’est possible, grâce
à un recours déposé par le Front national.
André Santini a par ailleurs été réélu à la tête du Sédif en mai 2008 (le Syndicat des Eaux d’Ile-de-France gère l’eau de 144 communes) et à la tête du Bassin Seine-Normandie en septembre 2008.
D’aucuns ne manqueront pas en ces temps mouvementés au
gouvernement de rappeler que M. Santini est aussi le président « à
vie » du CPAH, le club des parlementaires amateurs de Havane, qui, pour
tenter de faire oublier « l’affaire Blanc », n’a rien trouvé de mieux
que de se réunir vendredi 9 juillet, en Suisse, comme l’indique ici La Tribune. On connaissait l’humour de M. Santini, mais à
ce point… D’autant que la réunion du Conseil de surveillance de la SGP qui doit
procéder à son élection, le 21 juillet, se tiendra à Paris, rue de Varenne,
dans les locaux l'ex-secrétariat d'Etat au développement de la région-capitale,
où se trouvait encore voici dix jours Christian Blanc, grand amateur de
cigares.
Fabien Abitbol, photo A.N.
è En savoir plus sur le Grand Paris :
La Loi du 3 juin sur le Grand Paris et son rectificatif.
Le préfigurateur : ses pouvoirs et sa nomination. M. Marc Véron était le directeur de cabinet de M. Christian Blanc. Lire (en accès gratuit) son portrait sur Mediapart.
è En savoir plus sur la situation judiciaire de André
Santini :
La mise en examen de André Santini a été confirmée par la chambre de l’instruction, puis confirmée par la cour de cassation.
Aux régionales de 2010, André Santini « fuit sa juge », et fait repousser son audition. En
juin 2010 il demande l’annulation de l’instruction (Le Parisien, sur abonnement).
chui pas sûre que le CPAH lui prenne tant de temps que celà...enfin, je l'espère...
Rédigé par : miss P | 12/07/2010 à 21h58
Qui a peur d'un Grand Paris ? Pourquoi à gauche comme à droite, les politiques et les élus se refusent-ils à réunifier la Ville et lui donner des institutions démocratiques, et préfèrent une agglomération coupée en deux par le périphérique, entre une vieille capitale corsetée dans son rempart, et l’émiettement ingérable des banlieues ; métropole parisienne où les inégalités s’amplifient jusqu’à créer des îlots d’apartheid social
Rédigé par : gode ventouse | 20/09/2010 à 15h36