Il rejoint la fronde des
élus sur le projet
Bertrand Delanoë, qui a été reçu lundi par Christian Blanc, annonce qu’il soumettra au prochain Conseil de Paris, fin septembre, le projet de loi relatif au Grand Paris. Un projet qu’il considère, dans un courrier transmis ce mercredi à François Fillon, comme portant « directement atteinte » aux compétences des élus parisiens et créant un « régime juridique d'exception ».
Secrétaire d’Etat chargé de
la Région capitale, Christian Blanc est rattaché au Premier ministre, selon l’actuelle composition du gouvernement, en date du 23 juin. Le courrier du maire de Paris
précise que le Premier ministre avait sollicité son avis « pour le 25
septembre ». Mais le prochain conseil de Paris se tiendra quelques jours
plus tard.
« Cette loi, si elle
était adoptée, reviendrait à appliquer sur le territoire francilien un régime
juridique d'exception, sans équivalent dans les autres régions françaises. Elle
aboutirait à recentralisiser entre les mains de l'Etat, l'essentiel des grandes
compétences dévolues partout ailleurs aux collectivités locales », estime
Bertrand Delanoë, qui indique que « ce régime d'exception remettrait
directement en cause les acquis de la décentralisation ».
Le texte, déjà transmis au
Conseil d'Etat, doit être présenté en Conseil des ministes début octobre, soit
quelques jours après le conseil de Paris. Et, selon Bertrand Delanoë, il est
« fort éloigné » des perspectives tracées par Nicolas Sarkozy le 29
avril de « jeter ensemble les bases d'une véritable dynamique métropolitaine,
ouverte, durable, solidaire ».
Il
prévoit notamment la création d'une Société du Grand Paris, ce qui permettrait
à l'Etat de décider seul certains investissements sans concertation. Bertrand
Delanoë prend l’exemple, dans son courrier, de l'organisation des transports
sur l’Ile-de-France. Dans son édition du 2 septembre, Le Canard enchaîné avait
imaginé (sous le titre « Grosse artillerie pour le Grand Paris », par Hervé Liffran, page 4) qu’« on pourrait construire une barre de béton à
proximité des Invalides sous prétexte que la tour Montparnasse gâche déjà le
paysage… », si le texte entériné le 27 août en comité interministériel, passe en l’état au
Conseil d’Etat. Bertrand Delanoë avait du reste, selon Le Canard, piqué une grosse colère et
« séché » une réunion avec Christian Blanc, le 31 août, le texte du
27 août ne lui ayant pas été transmis. Le communiqué de presse transmis à l’issue de la réunion du 27 août (qui parlait
« d’une réalisation
programmée à un rythme soutenu ») indiquait : « L’objectif est
un début des travaux du projet d’infrastructure en 2012 pour la mise en service
de premiers tronçons en 2017, selon le calendrier attendu par le Président de
la République ». En clair, en sautant les étapes habituelles de
concertation (la Société du Grand Paris remplaçant les organismes
indépendants), les premières pierres pourraient être posées pour la prochaine
échéance présidentielle et les électeurs pourraient voir les premiers fruits
pour la présidentielle suivante. On constate aussi que la ministre de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche participait à cette réunion
interministérielle. Or Mme Valérie Pécresse a été choisie pour conduire la majorité présidentielle aux
régionales de 2010 (site Internet ici) contre Jean-Paul Huchon, qui a annoncé lundi qu’il briguait un troisème mandat.
Hier
mardi, le bureau de Paris Métropole (qui contient 29 membres, dont quelques
élus de droite comme le maire de Neuilly Jean-Christophe Fromantin) a pris position contre ce « projet
d’exception » (lire ici). Le président du groupe UMPPA (les élus parisiens de l’UMP),
Jean-François Lamour, avec quelques amis, a dénoncé la « mauvaise foi » de Paris métropole.
Pour
Philippe Dallier, sénateur UMP de Seine-Saint-Denis, le pronostic est mitigé.
Dans cet entretien en six parties, il estime que, à
l’approche des élections régionales, on va vers le blocage, dont le schéma
directeur de la Région IdF (SDRIF) sera la première victime. « Pourtant, Philippe Dallier n’est pas
complètement pessimiste, et à la limite, le blocage peut finir par avoir des
vertus, car il obligera à réagir », écrit Jean-Paul Chapon dans Paris est sa banlieue. Tout en relevant que le sénateur Dallier « regrette
que par l’immobilisme l’Etat en revienne à des méthodes des années 60 »…
A quelques heures du remaniement
gouvernemental du 23 juin, la droite du Val-d’Oise avait trouvé insuffisante la politique de transports.
Dans ce département, où la droite est minoritaire de justesse, le porte-parole
de la majorité présidentielle estimait que « les investissements
pour le transport constituent une urgence mais seront autant de projets de
remise à niveau qui n'ont pas été mis en œuvre jusqu'à présent ». Plus
récemment, Gérard Eude (vice-président PS du CG77) avait manifesté son inquiétude quant à l’avenir des établissements publics. Il
se faisait également, selon Les Echos et La Vie immobilière, le porte-parole de
certains élus UMP souhaitant conserver l’anonymat.
L’élu (PCF) du 20e arrondissement Pierre Mansat, qui, depuis 2001, est adjoint au maire de Paris en charge de « Paris métropole » (et depuis 2008 a vu ses prérogatives étendues), indique ici qu’un débat (un seul…) se tiendra à la prochaine Fête de l’Humanité
(en fin de semaine, à La Courneuve, site ici), le samedi 12 septembre, à 15h30, au stand du PCF Paris.
Fabien Abitbol, photo Ateliers Jean Nouvel
Paris métropole sur le site de la Ville de Paris, sur le blogue de Pierre Mansat, sur le blogue de Jean-Paul Chapon.
Le Grand pari (archives du ministère de la Culture)
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