Un ouvrage à découvrir avant le 8 Mai
Ce dictionnaire historique des rues de Paris dans la
Collaboration décrit une ville qui, de 1940 à 1944, vit au rythme de
l’occupant. Réquisitions de biens publics et privés se multiplient, de grands
hôtels deviennent des places stratégiques, les lieux de pouvoir se déplacent.
Restaurants, garages, bordels (le plus célèbre, dans le 9e, abrite particuliers et entreprises et a fait l’objet d’un film), sièges de partis politiques autorisés
(collaborationnistes), organes de presse ou musées, la vie économique, sociale
et culturelle de la ville-lumière se trouve affectée. Des Parisiens résistent,
d’autres subissent, s’accommodent… ou collaborent.
Fondé en majeure partie sur des archives et des documents
inédits, ce précis, préfacé par Serge Klarsfeld, explore la ville
arrondissement par arrondissement (essentiellement dans les 1er, 2e, 7e,
8e, 9e et 16e), rue après rue et pour
certains endroits numéro par numéro. Il indique aussi des traces encore
visibles ajourd’hui. Par exemple, l’actuel siège d’une société d’assurances fut celui du Commissariat général aux questions juives (dont l’inventaire a été publié sous Catherine Trautmann), mais aussi la banque Louis-Dreyfus (lire ici l’historique de la « dynastie » Louis-Dreyfus, de
l’exploitation céréalière alsacienne du XIXe siècle à l’Olympique de Marseille,
en passant par la spoliation, l’exode, les affinités politiques rocardiennes ou
la direction de Renault).
Des citations de témoignages de l’époque permtent à
l’ouvrage de restituer l’atmosphère d’une période qui continue de hanter notre
mémoire.
Cécile Desprairies est née à Paris, où elle réside. Editeur, philosophe et germaniste, elle a mené de longues recherches en France et en Allemagne entre autres pour cet ouvrage. Elle est également l’auteur de Ville lumière, années noires, Les lieux du Paris de la Collaboration, paru chez Denoël en 2008 (30€ TTC, prix France).
A découvrir, si ce n’est déjà fait, avant les
commémorations du 8 Mai, ou à offrir -sans ironie- pour la Fête des Mères,
…ré-inscrite dans le calendrier officiel en 1941 par l’Etat français.
F. A.
Paris dans la collaboration
Cécile Desprairies, Seuil, La Martinière, 5 mars 2009
EAN13 : 9782020976466
656 pages, 15,3x24 cm, 29 € TTC France
avant d'être le siège d'une compagnie d'assurances l'immeuble du Commissariat général aux questions juives (4 rue de la Banque, 75002 Paris) abritait, jusqu'à il y a quelque années, la "DAG" du ministère de la Culture. Et c'est ainsi que le 19 novembre 1998, dans un contexte de grossière provocation antisémite de la hiérarchie BNF, s'est tenu un... conseil de discipline, convoqué sur la base d'un faux en écriture, et tenu, sans que l'agent n'aît eu accès à son dossier. Voilà déjà qui commence à faire beaucoup. Conformément au scenario mis au point entre le ministère et ses comparses syndicaux, ceux-ci ne votèrent pas de sanction mais ne votèrent pas non plus... l'absence de sanction. Le dossier fut donc "transmis pour arbitrage" au ministre de tutelle, qui bien entendu prononça la révocation, de l'agent concerné. Pour l'anecdote ou un peu plus on retiendra : que le ministre de tutelle n'était autre que la nommée Trautmann, Catherine.
PS. pour avoir occupé des fonctions de conservateur d'archives je crois pouvoir dire que les affirmations de cette dame, à propos de la publication de l'inventaire des archives du Commissariat général aux questions juives, sont tout simplement ridicules. Le ministère de la culture a tutelle sur les Archives nationales : lesquelles, publient périodiquement des inventaires (ici, celui de la série AJ38)
Rédigé par : Luc | 05/05/2009 à 10h22