Les syndicats dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail
On nous promettait moins d’attente à la Sécu. Ce sont les feuilles de soins de l’assurance maladie
qui traînent. A Paris, elles sont plus de 660 000, selon les syndicats qui
manifestaient lundi dernier dans le 19e arrondissement. A la CRAMIF (dans le 19e aussi), c’est le mécontentement : une étrange procédure de licenciement en
cours en est la cause. Les patients doivent… patienter.
Les
conditions de travail des agents de la CPAM de Paris sont
« compliquées » par une réorganisation en cours et la « qualité
de service » ne devrait pas baisser, indique-t-on au siège de la sécu
parisienne, rue Georges-Auric, ce malgré le non-remplacement de certains
départs à la retraite. Encore heureux, car, selon des salariés qui manifestaient lundi dans le 19e, devant le siège,
dénonçant une dégradation de leurs conditions de travail et de l’accueil des
usagers, la suppression de postes par le biais du non remplacement de tous les
départs en retraite débouche sur « la multiplication des emplois
précaires ».
Depuis
le 19 mai, les grèves se multiplient dans les CeSAM (Centres d’accueil des
assurés, anciennement centres de Sécu), et l’Humanité du mardi 25 donnait l’exemple d’un centre du 19e arrondissement, qui peut accueillir
jusqu’à 600 personnes par jour. Il n’y a plus, sur Paris, que 23 centres
«CeSAM», contre 50 centres généralistes de Sécu accueillant du
public voici quelques années. A la date de jeudi, dix-sept des vingt-trois CeSAM étaient en grève, indiquait-on de sources syndicales.
La directrice de la Régulation et de la prévention de la CPAM de Paris, Danielle Beer, affirme que, du fait de la réorganisation du travail en cours, « il y a une amélioration de la qualité de service », même si parallèlement des salariés partant à la retraite ne sont pas remplacés, tout en indiquant qu’« il faut trouver des solutions pour permettre de passer les prochains mois jusqu'à ce que les opérations de formation, de réorganisation soient terminées et que les conditions de travail du personnel deviennent à nouveau un peu moins compliquées ».
Selon Force-ouvrière, le solde au 30 avril était de 661 610 feuilles de soins non traitées, et 15 335 indemnités journalières maladie… entre autres retards. La population parisienne est présentement de 2,2 millions d’habitants. Comme si un Parisien sur trois en moyenne avait en ce moment un dossier en souffrance.
La situation n'est pas inédite, mais on a « dégraissé » depuis
En 2000, alors que la carte Vitale venait de démarrer (elle a été généralisée en mai 1998) et que la population parisienne était sensiblement la même (100 000 habitants en moins), il y avait à Paris cinquante centres de Sécu (contre 23 points d’accueil), et… davantage d’agents ; un engorgement de deux millions de feuilles avait été signalé. En avril, la décision de fermer au public chaque jeudi à compter du 20 avril avait été prise, pour cinq semaines, puis renouvelée. Le 30 mai 2000, il restait 1,130 millions de dossiers à traiter.
Les tableaux de performance des organismes de la sécurité sociale (régime général) montrent (lire ici le troisième trimestre 2007) que 90 % des dossiers maladie électroniques doivent être traités en sept jours calendaires environ. Et les dix pour cent qui restent ?
Parallèlement
à ce mouvement des agents de la CPAM de Paris, une procédure de
licenciement est en cours à l’encontre d’un agent de la CRAMIF (Caisse régionale d’Assurance maladie
d’Ile de France, site
ici). Depuis le 18 mai, des rassemblements ont lieu quotidiennement dans le 19e arrondissement, à l’heure du déjeuner, devant le 17 rue de Flandres, où M.
Anany mène sa grève de la faim. Mardi dernier, une conférence de presse était annoncée. « Les salariés de la Sécurité sociale
sont très mécontents. Par le biais de ce type de licenciement, on veut leur
faire peur », a déclaré à l'AFP Dominique Didier (CGT), dénonçant également deux autres
licenciements pour « insuffisance professionnelle », dans les Caisses
primaires d'assurance maladie (CPAM) de Bordeaux et de la Manche.
Fabien Abitbol
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Le dossier Assurance maladie de Sud Solidaires
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Il existe sur Paris une cinquantaine de permanences et bureaux d’accueil, qui n’ont pas vocation à
traiter des demandes de remboursement, mais à aider certains types de publics
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