Sœur Marie-Thérèse (*) revient ! La nonne la plus poivrote et la plus lubrique de l'histoire de la BD a un papa, Maëster, 49 ans. Un bien mauvais paroissien, habitant Montreuil depuis plus de vingt ans.
Sa tour n'est pas d'ivoire. Le duplex où Maëster vit et travaille est perché au 10e étage d'une barre assez affreuse de Montreuil (93) et est entouré de HLM guère plus gracieux. Un choix ? « Disons un choix, faute de mieux », précise-t-il. Après une séparation il y a quelques années, le dessinateur a dû quitter la zone pavillonnaire de la ville pour sa partie plus… verticale. Cela ne le perturbe pas outre mesure : il espère que le sixième tome de son personnage fétiche, sœur Marie-Thérèse, lui permettra de revenir plus près du sol. Il a probablement raison : l'engouement du public pour cette héroïne mal embouchée, buvant tout sauf du vin de messe et distribuant généreusement les torgnoles, ne cesse de croître depuis 1988, l'année de sa création.
Cela étonne toujours Maëster, fasciné qu'on s'intéresse à « une bonne sœur vieille, grosse et moche » plutôt qu'aux Vénus en soutif qui peuplaient ses premières BD. Son sens du burlesque explosif, son trait à la
virtuosité toute gotlibienne et - disons-le - son génie pour la caricature, sont pour beaucoup dans ce succès.
Au début de ses aventures, sa nonne s'appelait sœur Marie-Thérèse des Batignolles, parce que cela sonnait mieux. Mais Maëster n'a jamais mis les pieds dans ce quartier du 17e. Quand ses parents, des pieds-noirs d'Algérie, ont débarqué en métropole - il avait 3 ans - ils ont surtout sillonné le 94 : Charenton, Joinville, Champigny… Papa, gérant de magasin et clown à ses heures (!) lui a transmis le goût de la dérision et l'amour des banlieues popu. Du coup, au milieu des années 80, il est venu tout naturellement s'installer à Montreuil « parce que ce n'était pas cher et que j'y avais plein de copains musiciens, artistes… » Pas encore bobos, mais déjà des bohèmes à Croix-de-Chavaux.
Justement, comment regarde- t-il l'arrivée des Parisiens en recherche de mètres carrés abordables ? « On est envahis ! », râle-t- il , moitié rigolard. Cela fait longtemps qu'il croise des people comme Robert Guédiguian ou un acteur des Deschiens dont il a oublié le nom. « Mais récemment, je suis tombé sur Emmanuelle Devos qui faisait ses courses bio aux Nouveaux Robinson. » Apparemment, le niveau glamour des VIP de Montreuil a grimpé.
Source : Xavier Romeder pour Paris Obs
(*) Tome 6, « La Guère Sainte », éditions Glénat, coll. Drugstore, 12,50 € prix France TTC.
Ses lieux
- J'aime...
Ma librairie
« J'ai longtemps vécu en face. C'était pratique pour les séances de dédicace. J'aurais presque pu descendre en pyjama ! »
- Folies d'encre, 9, avenue de la Résistance, Montreuil (93) ; tél. : 01 49 20 80 00.
Mon restaurant
« On y mange un foie gras et une joue de bœuf parfaits. On y boit aussi un très bon vin bio. Ont-ils un deal avec les Nouveaux Robinson, juste à côté ? »
- L'Amourette, 54, rue Robespierre, Montreuil (93) ; tél. : 01 48 59 99 94.
Paris au calme
« J'aime le Père-Lachaise. On y voit des gens connus qui ne se la pètent pas ! »
- Cimetière du Père-Lachaise, 16, rue du Repos (20e) ; tél. : 01 55 25 82 10.
Je n'aime pas...
« Les abrutis du métro qui font semblant de ne pas voir les nounous africaines quand elles ont besoin de descendre leur poussette. Je suis tombé sur un, récemment. Même pas raciste : il était noir ! »
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