23,2 % des femmes et 13,4 % des hommes de moins de 18-24 ans vivent avec moins de 880 euros par mois
La 21e journée mondiale du refus de la misère, organisée par ATD Quart Monde vendredi 17 octobre après-midi sur le parvis des droits de l'Homme du Trocadéro à Paris, a un écho particulier à la crise financière et économique. La crise boursière s'est déclenchée et ce sont maintenant les inquiétudes économiques et sociales qui se cristallisent.
Pour Bruno Tardieu, délégué national d'ATD Quart Monde, « ceux qui ont du mal à s'en sortir vont souffrir, l'augmentation des prix, la montée du chômage les touchent en premier chef, les pauvres payent toujours les crises plus fort que les autres ».
Appel
Les effets du ralentissement économique et des inégalités sont déjà sensibles. Les permanences d’accueil du Secours populaire ont ainsi reçu 15 à 20 % de demandes d’aides supplémentaires sur un an avec une augmentation des jeunes et des travailleurs pauvres. Les bénévoles craignent une aggravation de la situation. « La crise économique qui secoue notre pays ne frappe pas comme l'orage dans un ciel serein », relève Julien Lauprêtre, président du Secours populaire. Il a récemment lancé un « appel solennel » aux pouvoirs publics et aux Français « face au désastre annoncé. »
Les jeunes
A l'occasion de cette journée, le Haut commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, a indiqué qu'il allait concentrer ses efforts sur la pauvreté des jeunes. « C'est une catégorie particulièrement touchée, un peu coincée parce qu'ils sont trop vieux pour les allocations familiales et un peu trop jeunes pour d'autres mesures comme le RMI », a souligné Hirsch sur France Info, ce matin.
L'ancien président d’Emmaüs doit annoncer au Conseil économique et social (CES) qu'il mettra « de l'argent sur un fonds d'expérimentation pour les jeunes ». « Il s'agit d'avoir pour eux la même démarche que celle que l'on a eu pour les adultes avec le revenu de solidarité active » (RSA), a-t-il expliqué. Martin Hirsch prévoit de réaliser d'autres expérimentations qui soient de « véritables réponses à leurs besoins de revenus, d'emploi et de formation ».
Arrêts des progrès
Les données de l'Insee montrent que les jeunes de 18-24 ans constituent la part de la population la plus touchée par la pauvreté en 2006. 23,2 % des jeunes femmes et 13,4 % des jeunes hommes vivent avec moins de 880 euros par mois. En moyenne, 13,2 % des français vivent sous ce seuil de pauvreté (60 % du revenu médian) et 7,1 % avec moins de 733 euros par mois (50 % du revenu médian).
Le taux de pauvreté en France ne diminue plus depuis 2002, selon l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale. « La pauvreté a baissé des années 70 au milieu des années 90, et est ensuite restée relativement stable. On n’assiste pas à une explosion de la misère mais à un arrêt des progrès. En outre, la pauvreté change de visage, en frappant davantage les jeunes, les familles monoparentales, une partie des salariés les plus précaires et les chômeurs mal indemnisés », précise le dernier rapport 2007-2008 de l'Observatoire.
Le Président de la République a fixé comme objectif de réduire le taux de pauvreté d'un tiers durant son mandat. La définition de cet objectif quantitatif a été inscrite dans le projet de loi généralisant le revenu de Solidarité active et réformant les politiques d’insertion, adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 8 octobre 2008. Il prévoit aussi une baisse de 30 % du taux de pauvreté des jeunes et de 20 % du taux de travailleurs pauvres alors que sur les cinq dernières années connues, ce taux a augmenté de 21 %.
Thibaud Vadjoux, pour le fil économique de 20 Minutes
Mesurer la pauvreté.La pauvreté est le plus souvent mesurée par le taux de pauvreté monétaire. Il mesure le rapport entre le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté et la population totale. Selon l'Insee et Eurostat (les organismes de statistiques publics français et européens) le seuil de pauvreté correspond à un revenu inférieur ou égal à 60 % du revenu médian, c'est-à-dire le revenu dont disposent la moitié des français. Le seuil de 50 % a été utilisé en France jusque récemment. En 2006, 16 % des Européens vivaient sous le seuil de pauvreté.
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