Les marchés virtuels, célébrés à chaque clôture de place boursière, ont été rattrapés par l’économie réelle. Logique : à force de dégager des marges toujours plus rémunératrices pour les fonds spéculatifs, d’augmenter sans cesse les dividendes des actionnaires (la « création de valeur »…), d’accroître encore et encore les commissions des acrobates de la haute finance, de gonfler inlassablement des produits financiers aussi complexes que désincarnés, il fallait bien que, quelque part en bas, loin des cours vertigineux de Wall Street ou de la City, cela se paie.
Ce sont les classes populaires du pays le plus endetté du monde qui ont dévissé les premières. La précarité, les licenciements, les faibles revenus qui leur ont été imposés par les uns pour multiplier leurs marges, ne leur ont plus permis de rembourser leurs emprunts consentis par les autres à des taux élevés pour augmenter leur rentabilité. Tellement avides et impatients de se nourrir sur une bête laborieuse et docile depuis tant d’années, les « marchés » ont oublié que leur survie – leurs dividendes et bénéfices – en dépendaient. La bête se meurt. Les riches ont paniqué. « Que ceux qui sont responsables du désastre soient sanctionnés », entend-on du côté de l’Elysée. Parle-t-on des fortunés joueurs invités à spéculer dans le grand casino mondial ou des pauvres devenus insolvables qui en ont grippé les rouages dorés ?
Vu l’inquiétant état du pouvoir d’achat, vu les licenciements qui s’annoncent, contrecoups de la chute des investissements productifs et de la prédation des fonds spéculatifs, vu le train de mesures anti-sociales qui n’en finit pas de s’étirer, on pressent qu’il s’agit des seconds. Les premiers sont au contraire (encore) récompensés : ils vont bientôt profiter de l’ouverture du marché postal. Terminé le service public qui, s’il est sans aucun doute améliorable, permet aux pauvres insolvables, et à ceux qui vont le devenir, de correspondre à un tarif abordable, de disposer malgré tout d’un compte bancaire ou d’épargner modestement. Un service public qui reste accessible à ceux qui – contraints ou non par la spéculation immobilière – ont dû s’exiler loin des centre-villes, dans des zones qui seront jugées demain peu rentables par les « créateurs de valeur » de la finance mondiale. Chacun jugera des bienfaits de la concurrence que les précédentes privatisations lui ont apporté. Les marchés financiers ont été rattrapés par l’économie réelle. Ils salivent déjà de ce qu’il leur reste à dévorer.
Ivan du Roy, pour Témoignage Chrétien, dessin de Chimulus pour Bla bla de zinc
⇒ Crise financière : « Les salariés vont porter le chapeau »
ah tiens, un nouveau lecteur-fan de Témoignage chrétien… !
toute une page reprise de ces commentaires…
suis d'accord aussi sur les remarques critiques de ce canard : à lire plus souvent.
Bisounette nouvelle-lectrice
Rédigé par : Bisounette | 30/09/2008 à 06h50
Je ne suis pas un "lecteur-fan", comme tu dis, mais avoue que, depuis douze ans que Jacques Maillot est actionnaire majoritaire, le journal a changé de ton !
Là, on peut parler de journal engagé, et en ces périodes de fêtes chez les musulmans et les juifs, rien ne vaut une bonne lecture chrétienne et profonde : c'est mieux que de l'eau tiède…
Rédigé par : Fabien | 30/09/2008 à 08h37
malgré cet environnement religieux, ça ne fait pas ressurgir mon esprit chrétien : on contraire par ces temps agités… il faut raison garder !
Bisounette attentive
Rédigé par : Bisounette | 30/09/2008 à 09h43