Pour Luc Châtel, rien de nouveau
Le magazine « 60 millions de consommateurs » à paraître demain démonte et démontre, exemples à l’appui, ce que de nombreux consommateurs avisés ont pu remarquer au fil des temps : afin de masquer la hausse des prix, les fabricants de produits alimentaires ou autres, que l’on trouve essentiellement en grande surface, rivalisent d’astuces. Entre l’adduction d’eau ou de sel, le changement de conditionnement, les recettes modifiées et la diminution du contenu, les artifices utilisés pour préserver les marges ne manquent pas !
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Pour « 60 millions », il faut être un consommateur « sacrément avisé » pour ne pas se laisser avoir par les "nouveautés" et autres fausses promotions…
photo : INC
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Comment augmenter le prix au kilo, sans que cela ne se voie trop sur l'étiquette ? En modifiant le poids du produit… Coincés entre les hausses des matières premières et la baisse du pouvoir d'achat, les fabricants rivalisent d'imagination pour tenter de masquer l'inflation. La plupart des exemples présentés dans « 60 millions de consommateurs » ont été rapportées par des lecteurs, des consommateurs plus vigilants que d’autres, indique le journal, ce qui a poussé les journalistes à enquêter.
Dans son enquête, le magazine estime qu'il faut « être un consommateur sacrément avisé » pour remarquer ces pratiques. Même les statistiques officielles ont bien du mal à les détecter, ajoute l'Institut national de la consommation (INC), qui a décidé de lancer un « observatoire de l'inflation masquée ».
« Au début de l'année, tout le monde a cogité pour anticiper les hausses des matières premières » comme le blé et le lait, raconte un chef de produit de l'industrie agroalimentaire, cité dans l'enquête. « Sur certains produits, décision a été prise de changer de grammage plutôt que d'augmenter le tarif unitaire », ajoute-t-il. Une autre stratégie consiste à changer l'emballage, un procédé qui « ouvre la voie à de très jolies augmentations pour le client », souligne le mensuel.
Le mensuel cite aussi les fabricants de sucre en poudre dont les emballages sont désormais des sachets plastiques de 750 g ou encore l'huile d'olive Lesieur, longtemps conditionnée en litre, qui s'est vue flanquer d'une petite sœur de 75 cl en 2006. La troisième méthode est la modification de la recette. Il s'agit de remplacer des ingrédients dispendieux par des matières premières moins onéreuses ou de changer la composition pour abaisser le coût de revient. Le mensuel précise que les changements de recettes semblent être « surtout l'apanage des premiers prix ou du hard discount ».
« En général il n'y a augmentation de prix que quand il y a un changement de recette, donc quand il y a une valeur ajoutée au produit », se défend Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania). Pour Jean-René Buisson, qui se dit « réticent sur la qualité des enquêtes » du magazine de l'INC, les consommateurs « sont extrêmement vigilants à la variation des prix mais ils acceptent de payer plus cher des produits qui ont une vraie valeur ajoutée ou une valeur nutritionnelle supérieure » à celle du produit précédent. La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) n'avait pas commenté, hier soir, cette enquête de l'INC.
Le Prince maigrit, le Jockey aussi
Sous ce titre ironique, « 60 Millions de consommateurs » constate que « le Prince de LU se retrouve désormais bien à l'étroit dans son emballage ». Hier, le paquet pesait 330 g ; aujourd'hui, il n'en pèse plus que 300. « Pour le même prix, évidemment ». « De la même manière, régime Jockey pour le célèbre fromage blanc de Danone, dont le pot de 1 kilo ne pèse plus que 850 g. Plus subtil, le pot de Danette pèse toujours 125 g. Sauf si vous l'achetez par pack de 16. Bizarrement, il ne pèse alors plus que 115 g… » Fausse promo pour famille nombreuse en quelque sorte !
Chez Amora, c’est la présentation du flacon de vinaigrette à l'ancienne qui a changé : l'ancien modèle, qui paraissait mince aux yeux des consommateurs, contenait 500 ml ; le nouveau apparaît plus rebondi, mais ne contient que 450 ml. Celui de 500 ml coûtait 1,41 €, celui de 450 ml coûte 1,95 € dans le même magasin. Conseil (évident) du magazine : en allant au supermarché, ne vous contentez pas de regarder le prix, mais aussi le prix au litre ou au kilo !
Pour le secrétaire d’Etat à la consommation, M. Luc Chatel, interrogé en marge d’un point sur le « baromètre des réclamations des consommateurs », les moyens utilisés par les fabricants pour masquer les hausses de prix n’ont rien d’exceptionnel.
Questionné plus précisément sur l’enquête que le magazine « 60 millions de consommateurs » doit publier demain, Luc Chatel, par ailleurs porte-parole du gouvernement, a rappelé, au cours d’une conférence de presse, que ces pratiques ne datent pas d’aujourd'hui et que c’est précisément pour cette raison que « les pouvoirs publics exigent de faire figurer sur les emballages le prix au kilo ou le prix au litre (…), afin que le consommateur ait toutes les informations en sa possession. », indique LSA.fr, la lettre de la distribution et de la grande consommation.
F. A.
⇒ Le chariot-type de Luc Chatel sur le portail du gouvernement et ses explications dans Le Parisien du 18 septembre.
⇒ L’évolution du pouvoir d’achat au 28 août, selon l’INC
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