Un enseignant de ZEP est menacé de sanction (réactualisé à 19h00)
Depuis la Palme d’or décrochée par Entre les Murs, les éloges ne cessent sur les enseignants des ZEP. Pourtant, pour avoir quelque peu fait front à sa hiérarchie, Dominique Piveteaud, maître-formateur depuis 1996 (et enseignant depuis 2001 en CP à l'école élémentaire d'application de la rue Cavé, à la Goutte d'Or), a appris qu'il ne serait plus autorisé à exercer sa fonction… sauf à aller dans une autre école, sur un poste ordinaire. Une manifestation est prévue en soutien demain matin, à 8h30, au Rectorat (avenue Gambetta, 20e) et plus de 600 signatures de soutien avaient déjà été enregistrées hier soir.
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Mise à jour
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⇒ De source syndicale, on apprend que le Rectorat s’est « délocalisé » pour demain matin. De fait, le rassemblement aura lieu dans le 16e arrondissement, et non dans le 20e… (voir plus bas)
La presse (outre l’Humanité du 27 juin, à lire ci-dessous) s’est peu fait l’écho de cette affaire. Dominique Pivetaud est pourtant, par exemple, l’auteur de cet ouvrage (publié le 29 septembre 2006 à l’Ecole des Loisirs). Comme l’indique le site de vente en ligne Amazon, il « est Professeur des Ecoles Maître Formateur à Paris et enseigne en Cours préparatoire depuis une quinzaine d'années. Il est auteur de plusieurs ouvrages dans la collection Apprendre à lire et à écrire à partir de l'album aux éditions de L'Ecole, ouvrages qui proposent une démarche d'exploration des textes littéraires dès les premiers apprentissages du lire-écrire. Il est par ailleurs membre du Groupe Français d'Education Nouvelle (GFEN) » : en clair un amateur de la méthode Freinet, mais… un peu plus à gauche. Est-ce une tare ? Il est grand temps dans ce cas pour l’Education nationale de s’en rendre compte et de ne pas faire de lui un nouveau sous-préfet Guigue… dont on a mis dix ans avant de découvrir ses opinions, et contre qui une tribune a été utilisée alors qu’il affichait ses idées depuis dix ans.
Quand bien même un fonctionnaire est soumis au devoir de réserve, ne peut-il exercer son métier comme il l’entend, dès lors qu’il applique le programme et, dans le cas d’espèce, que les parents d’élèves n’ont pas à se plaindre de ses agissements ?
L'étonnement est d'autant plus grand que Dominique Piveteaud avait reçu les félicitations de la hiérarchie, inspectrice chargée des IUFM (Inspectrice chargée de circonscription, ICC) et Inspecteur d'Académie suite à sa précédente inspection en 2005/2006.
Mais il avait plus récemment pris part aux débats autour de la mise en place de divers dispositifs. Ces échanges avaient fait apparaître des divergences de points de vue entre lui et son ICC. Peut-être la sanction prononcée est-elle en lien avec ses prises de position ?
Mettant son engagement et ses convictions au service de l'Ecole, l’enseignant incriminé a participé à la démonstration qu'il était possible de faire réussir tous les élèves et a mis en œuvre dans sa classe ce qu'il a fait par ailleurs. Mercredi 25 juin au petit matin, Dominique Piveteaud était convoqué dans le 20e, au rectorat, par l'Inspecteur d'Académie, M. Rosselet, ce malgré :
⇒ le soutien exprimé par plusieurs centaines d'enseignants rassemblés devant le rectorat ;
⇒ le témoignage positif et unanime de nombreux collègues, parentsd'élèves, profs et stagiaires de l'IUFM (600 courriers de soutien) ;
⇒ la présence à ses côtés des quatre syndicats représentés en CAPD…
Chacun a campé sur ses positions, M. Piveteau demandant, dans son bon droit, une contre-inspection dès cette fin d'année... Selon les syndicats, l'inspecteur d'académie a maintenu ses attaques et ses menaces de sanctions.
L’inspecteur d’Académie a indiqué qu’il formulerait lui-même une demande de « détachement » sur un autre poste (adjoint non maître formateur et dans une autre circonscription). Il a refusé de lui accorder un délai au-delà de mercredi midi.
C’est pourquoi une réunion de soutien est annoncée pour demain matin mercredi à 8h30 devant le rectorat, 94, avenue Gambetta (Paris 20e), métro Pelleport ou bus 61.
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Le Rectorat déménage (mise à jour de 19 heures)
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⇒ « Le rectorat emploie toutes les manœuvres ! », grogne (on peut la comprendre) une syndicaliste apprenant en fin d’après-midi que la réunion ayant a priori pour but de prendre des sanctions à l’encontre de son collègue a été « délocalisée » dans le 16e arrondissement.
En l’occurrence, le Rectorat de Paris siègera - également à 8h30 - dans le très huppé Lycée Janson de Sailly, 106, rue de la Pompe (Paris 16e) métros rue de la Pompe (ligne 9) ou Victor-Hugo (ligne 2), RER C : Henri-Martin, bus : 52, 63, 82.
Si une mesure d'apaisement n'est pas trouvée demain matin, avoir ainsi joué au chat et à la souris, à la fin de l'année scolaire, n'est pas ce qu'il y a de meilleur augure. D'autant que, la semaine passée, trois enseignants ont manqué à l'appel (sans être remplacés) dans l'école en question…
Fabien Abitbol
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Un prof menacé pour « désaccord pédagogique »
L’académie de Paris demande la mutation d’un professeur des écoles et le menace, en cas de refus, de commission disciplinaire
Il a jusqu’à ce soir, 17 heures pétantes, pour déposer sa demande de mutation. Passé ce délai, Dominique Piveteaud, enseignant à l’école Cavé, dans le 18e arrondissement de Paris, risque d’être muté d’office, voire de passer en commission de discipline. Il perdra, du même coup, la possibilité d’exercer sa mission de maître-formateur à l’IUFM, puisque toutes les écoles ne possèdent pas de tels postes. « C’est ce que souhaite l’inspecteur de l’académie de Paris, assure-t-il. Il ne veut plus que je forme d’autres enseignants. Mais il ne veut pas non plus que cela passe pour une sanction. »
La veille, et avant de lui accorder ce sursis, le supérieur hiérarchique avait sèchement ordonné le transfert. La mobilisation d’enseignants parisiens l’a visiblement poussé à prendre plus de gants. Car l’affaire soulève des humeurs. Hier matin, les enseignants d’une école du 13e arrondissement refusaient de monter en cours. Dans le 18e arrondissement, on évoquait l’idée d’une grève.
La décision du recteur ne tient pas, affirme-t-on. « C’est une sanction prise hors protocole, souligne Clarisse Blancheau, institutrice rue Cavé. Aucune commission disciplinaire n’a été réunie. Et pour cause : aucune faute professionnelle ne lui est reprochée. » Contactée, l’académie n’était pas en mesure de s’exprimer hier après-midi.
Mais, selon Clarisse Blancheau, Dominique Piveteau est victime de ses engagements pédagogiques et politiques. Il participe au mouvement RESF contre l’expulsion d’enfants sans papiers. Investi pédagogiquement, il est adhérent au Groupe français de pédagogie nouvelle (GFEN) et auteur de plusieurs ouvrages publiés à l’École des loisirs.
Lien de cause à effet ? Toujours est-il que Dominique Piveteaud se voit aujourd’hui vilipender pour ses manières d’enseigner. « En résumé, l’inspectrice de circonscription m’accuse d’utiliser la méthode globale, ce qui est faux. J’utilise une méthode mixte. Surtout, je m’appuie sur la littérature. »
On lui reproche également un manquement à la déontologie : en octobre, il a inclus un article de Charlie Hebdo au dossier de lecture de ses élèves. « C’était une planche de BD, qui croquait la journée des élèves de mon école, un jour de soutien à une enfant sans papiers. » Clarisse Blancheau précise : « Ce sont les parents eux-mêmes qui avaient demandé à avoir cet article… » On n’apprécierait pas, enfin, les positions qu’il affiche en conseil pédagogique, souvent opposées à celles de son inspectrice de circonscription. Celle-ci avait demandé à l’inspecter, en mars. Dominique Piveteaud a refusé. « J’ai déjà été inspecté sans problème il y a deux ans », argumente-t-il, quand la norme est d’une inspection tous les quatre ans. « Cette fois, je me sentais visé. Le climat était délétère. Elle venait de réduire un collègue en morceaux, je ne voulais pas vivre cela. »
Il faut dire que la dame a sale réputation dans la circonscription de la Goutte-d’Or, où elle œuvre depuis quatre ans. Les enseignants évoquent la démission, depuis son arrivée, de deux conseillères pédagogiques et le découragement de trois secrétaires de circonscription.
Dominique Piveteaud, lui, assure qu’il ne demandera pas sa mutation. « Ce serait reconnaître que j’ai tort », explique-t-il. « Jusqu’à présent, la diversité pédagogique n’était pas un obstacle, dès lors que nous avions pour objectif commun », se remémore-t-il. Fin d’une époque ? Son affaire, quoi qu’il en soit, rappelle celle de Pierre Frakowiak, inspecteur de l’Éducation nationale, qui, en 2006, avait été soumis à une procédure disciplinaire pour avoir critiqué le point de vue sur la lecture prôné par Gilles de Robien, alors ministre de l’Éducation.
Marie-Noëlle Bertrand, pour L’Humanité du 27 juin
⇒ Les actualités de l’intersyndicale SNUIPP, SUD, SE-UNSA, SNUDI-FO concernant Dominique Pivetaud, sur le site du SNUipp-FSU Paris.
⇒ La pétition de soutien qui doit être déposée demain au Rectorat.
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