On parle bien souvent d’absentéisme parlementaire. Les sénateurs (majoritairement de droite comme il se doit) étaient fort nombreux ce lundi soir au Luxembourg, puisque (sur 333 sièges), plus de 300 suffrages se sont exprimés… dont 297 pour désavouer un amendement UMP de l’Assemblée nationale. Encore un couac ?
Les sénateurs ont supprimé ce lundi soir en séance plénière l’amendement introduit par les députés, dans la réforme des institutions, qui rendait obligatoire un référendum pour une adhésion éventuelle de la Turquie à l'Union européenne.
Sous la pression de plusieurs dizaines de députés UMP, l'Assemblée avait adopté fin mai en première lecture un amendement rendant le référendum obligatoire pour l'entrée dans l'Union européenne de pays représentant plus de 5 % de sa population, ce qui concernait bien entendu particulièrement la Turquie…
Tous les partis (sauf les sénateurs communistes) ont dénoncé un amendement « offensant » et « discriminatoire » pour la Turquie, « pays allié et ami ». Ils l'ont supprimé par 297 voix contre 7.
Rachida Dati, qui a passé le week-end au Maroc pendant que François Fillon passait le sien en Algérie, s'en était remise « à la sagesse » de la Haute Assemblée.
Lors de l’examen à l’Assemblée, la droite était divisée au sein même du gouvernement. Alors que la ministre de la Justice Rachida Dati estimait que la solution des 5 % était « équilibrée » car elle « évite des référendums inutiles », la ministre de l'Economie Christine Lagarde jugeait au contraire que « ce dispositif n'était pas nécessaire », comme on peut le lire dans cette dépêche du 29 mars au soir. Quant à la droite parlementaire, 43 députés de l’UMP avaient menacé de ne pas voter la réforme constitutionnelle si cet amendement ne passait pas !
Le référendum obligatoire avait été décidé par l’ancien président Jacques Chirac, qui avait fait modifier la Constitution en ce sens, peu avant le référendum sur la Constitution européenne du 29 mai 2005, qui avait vu la large victoire du non. Le candidat Nicolas Sarkozy s'était à plusieurs reprises engagé à organiser un référendum si la question de l'entrée de la Turquie se posait pendant sa présidence. Et avait, dans son discours de Strasbourg du 21 février 2007, déclaré : « Je veux une Europe qui ait une existence politique (…) La Turquie, qui n’est pas un pays européen, n’a pas sa place à l'intérieur de l'Union Européenne ».
Début juin, le gouvernement turc avait fait part de son « irritation » à propos de l'amendement de l'Assemblée. Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, avait mis en garde les parlementaires contre le risque de « rupture plus grave qu'on ne le croit » avec Ankara, induit par ce référendum obligatoire.
F. A.
⇒ Un portrait de Jean-Pierre Joyet réalisé après le « no » irlandais
Je suis scandalisée par cette décision, qui bafoue une fois de plus le peuple et qui va imposer un pays plus peuplé que la France et que certains (suivez mon regard) considèrent comme ne faisant pas partie géographiquement de l'Europe !
J'ai poussé mon coup de gueule sur un nouveau site dont un ami m'a parlé ce week-end, et sur lequel on peut voter pour les colères des autres. Voici l'URL où vous pouvez voter pour ma colère, si c'est aussi la vôtre !
http://www.jesuisencolere.com/151
Rédigé par : Mag | 24/06/2008 à 12h36