Pas question de supprimer les 35 heures pour le ministre du Travail, mais…
Interrogé hier sur la durée légale du temps de travail, dont l’UMP voulait un démantèlement « définitif » pour ses dix ans, le président de la République, a renvoyé aux propos de son ministre du Travail, Xavier Bertrand qui « a bien parlé », « comme toujours »…
Il se trouve que ce même Xavier Bertrand fait partie du pléthorique « gouvernement » de l’UMP mis en place fin mars et dévoilé officiellement le 9 avril aux militants (équipés d'Internet ou ayant laissé leurs coordonnées de téléphones portable, les autres étant privés de cette information).
De là à parler de « couac », disons que c’est tentant…
Hier, Xavier Bertrand, agent d’assurances de son état, a déclaré qu'il « fallait garder une durée légale du travail à 35 heures », mais qu'une loi permettrait, à partir de début 2009, aux entreprises de négocier de « la souplesse », notamment sur les heures supplémentaires. De la souplesse, dont on ne connaît pas encore précisément les retombées, a été introduite en août 2007. Par la loi Tepa, applicable au 1er octobre 2007.
Patrick Devedjian, lui, au nom du parti majoritaire, voulait donc que - à l’occasion de leur dixième anniversaire - les 35 heures « soient démantelées définitivement », et que la durée du travail soit déterminée « par la négociation sociale, entreprise par entreprise ». Ce qui revenait à faire disparaître le superbe « travailler plus pour gagner plus » de la campagne de Nicolas Sarkozy dont les « bénéficiaires » verront prochainement les résultats lorsqu'ils devront s'acquitter de l'impôt sur le revenu (IRPP 2007). Car, dès lors que l’on travaille plus, c’est d’une part que l’on déjà a un emploi, d’autre part qu’il y a une limite dans la durée du travail.
On se demande, parfois, qui est le chef, depuis que, à l’UMP, il n’y a - officiellement - plus « une seule tête ». On comprend que le président de la République n’ait pas envie de voir une tête qui dépasse, mais c’est difficile !
Et à propos d’emploi, n’est-il pas incongru, en France, de voir Xavier Bertrand ministre du Travail et Christine Lagarde ministre de l’Emploi ? Cela veut-il dire que, lorsque l’on cherche du travail on ne trouve pas nécessairement un emploi ou qu’il y a au gouvernement un ministre de trop ?
On nous parlait d’un gouvernement resserré… : 38 membres, Premier ministre compris, au 18 mars 2008. Les Secrétaires d’Etat ne devaient pas avoir plus de quatre collaborateurs. Mme Valérie Létard, selon le JO du 27 septembre 2007, dispose de huit collaborateurs. La ministre des cages d’escaliers (qui n’est que Secrétaire d’Etat) en a également huit… Sans doute serais-je taxé de sexisme si je ne relevais pas que M. Jouyet en a dix ou que M. Santini, dont la mise en examen du 30 mai 2006 pour « prise illégale d'intérêts », « faux et usage de faux » et « détournement de fonds publics » a été confirmée par la cour d'appel de Versailles le 26 septembre 2007 (Affaire Hamon, dans laquelle on retrouve Môssieur Charles), en a sept.
On s’arrêtera là pour aujourd’hui car le propos était sur les 35 heures que peut-être, au fond, se répartissent les nombreux collaborateurs de Secrétaires d’Etat.
Fabien Abitbol, dessin de Fañch Ar Ruz
⇒ Bertrand : « les 35 heures, carcan qui ne marche pas pour tous les salariés » (AFP)
⇒ Les lois sur l’aménagement du temps de travail (CFDT)
⇒ 35 heures : François Hollande demande à Nicolas Sarkozy « la position de l'Etat » (AP)
Commentaires