Dans l’Est parisien, on se souvient tous de ces violentes altercations, rue Rampal (19e), qui avaient suivi, le 20 mars 2007, l’interpellation de M. Chen Xiang Xing, un grand-père chinois de cinquante-huit en situation irrégulière, venu chercher sa petite-fille à l’école maternelle. Puis de la garde à vue de la directrice de l’école, Mme Boukobza. En octobre 2007, celui que l‘on appelle affectueusement « le grand-père de la rue Rampal » a été à nouveau interpellé. Depuis, sa situation a été provisoirement régularisée.
Mais les répercussions sur la gamine ? Y avait-on pensé ? Dans son édition du 10 avril, l’Humanité fait parler la maman. Qui nous décrit une gamine brisée, traumatisée, en proie à des cauchemars, des troubles psychologiques, des convulsions et, semble-t-il, une crise d’épilepsie ! La peur de l’uniforme frappe jusque dans l’inconscient des plus petits. Récit.
« Ma fille s’est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment, en pleine arrestation policière, celle de M. Chen : avec les policiers en lutte contre les parents, les voitures, les chiens (qui l’ont beaucoup impressionnée), les cris. Elle a respiré les gaz lacrymogènes. Elle était choquée, ne pouvait plus s’arrêter de pleurer. Elle a été recueillie par la directrice de l’école maternelle, qui la connaissait et l’a conduite à l’intérieur de son établissement. Le soir, elle n’a plus pleuré, elle m’a raconté qu’elle croyait que c’était la guerre, a eu très peur, sans comprendre ce qui se passait, elle s’est sentie en danger. J’ai dû lui expliquer, la rassurer, mais elle s’inquiétait encore sur un point : avions-nous des papiers ? Elle m’a posé cette question une quinzaine de fois… Il a fallu expliquer beaucoup de choses, ce qu’étaient les sans-papiers, pourquoi la police les arrêtait, pourquoi nous n’étions pas d’accord avec ces arrestations, répéter que les policiers n’étaient pas des méchants, qu’ils continuaient de nous protéger même si nous n’étions pas d’accord avec ces arrestations… Cette question des papiers a été ensuite au centre d’un travail avec une psychothérapeute. (…) Elle n’allait pas très bien, me disait qu’elle faisait des cauchemars, m’écrivait de magnifiques poèmes dans lesquels je saisissais qu’une certaine innocence s’était brisée… Et, un mois après cette arrestation, elle a eu une crise de convulsions violentes, une crise d’épilepsie. Elle n’en avait jamais eu auparavant. J’ai décidé de l’emmener voir une psychothérapeute peu de temps après car ses cauchemars persistaient : avec elle, elle a décrit ses cauchemars en rapport direct avec l’arrestation. Dès la première séance, nous avons compris que le problème des « papiers » était encore au centre de ses soucis : ayant des grands-parents pieds-noirs, nés en Algérie ou en Italie, elle les croyait menacés… Cela ne m’avait pas effleurée. »
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